Rappel du premier message :




Quand les blabla avaient commencé dans la salle des profs il y a une semaine, Domino avait fait de son mieux de rester discrète. Ou même mieux : être complètement absente. Alors que les "bons" profs s'étaient porté volontaires pour superviser diverses tâches à l'enceinte de l'école, Domino s'était porté volontaire pour rien du tout.

C'était déjà assez de devoir accommoder le Bal durant ses cours si on lui demandait. Une idée de l'Esprit de la Danse qui avait été fort apprécié par Nimbus. Evidemment que les élèves devaient apprendre à danser pendant les cours d'EPSNFME !

Comment ça ? Son cours était centralisé sur la fuite des mauvais esprits. Genre c'était là. Dans le nom. Education Physique et Sportive Nécessaire à la Fuite d'un Mauvais Esprit. Qu'est-ce que danser avait à voir dans tout ça ? On s'en fout un peu si les adolescents se marchent sur les orteils, tant qu'ils savent s'enfuir assez rapidement si une Tanis les pourchasse pour la rigolade, on est d'accord ?

Visiblement non.

Domino aidait donc déjà pour la Fête du Soleil. Personne allait pouvoir lui convaincre du contraire. Mais si on lui demandait ce qu'elle faisait d'autre.... ? Tester la qualité des galettes dans la cantine, ça compte ?

Les deux gamins avaient du mal à retenir leur fou-rire, surtout maintenant que leur prof s’y mettait aussi. « Un enfant ne choisit pas son prénom, c'est une simple coïncidence. » Naaan, tu crois ? Fallait la renommer Captain Obvious celle-là. « Mais c’est justement ça le problème, tu ne vois pas ? On est probablement tombés sur la dernière rejetonne d’une lignée entière de Brisements qui attendent le retour de Julio et honorent son nom en le passant à leurs enfants ! » Le gamin qui n’avait encore rien dit choisit ce moment pour intervenir, avec un air atterré : « Chut ! Il ne faut pas prononcer son nom, il paraît que ça le ferait revenir… »

Ridicule ! C'est qui qui vous a dit des conneries comme ça ? C'est une rumeur qui datait de quand elle était encore étudiante ça. Elle l'avait toujours trouvé stupide. Euh, bêtises je veux dire. J'ai dis bêtises, pas conneries, tout le monde l'a entendu, oui ? Et un autre morceau de brownie disparaît dans sa grande gueule. Il reste quasi rien du gâteau.

« Ca vaaa, à leur âge ils ont entendu pire comme vocabulaire. » Ils avaient quel âge au juste ? Bon, l’âge d’aller à l’école. « Euh… peut-être faudrait-il laisser des pâtisseries pour la fête en elle-même ? » Décidément, Pâlotte, tu apprendras jamais à ne pas me tendre la perche. « Ah bon ? Pourquoi ? »

Oui, pourquoi ? Tu risquerais l'empoisonnement d'un élève ? Ou... pire ! Tu veux qu'ils deviennent obèses ? Il y a beaucoup de calories dans ces pâtisseries — elle pouvait en témoigner — et en tant que prof d'EPSNFME la santé des mes élèves est primordiale !

Toi non plus tu devrais pas me tendre la perche, Domino. « Mais justement, en tant que prof d’EPSNFME, tu ne devrais pas montrer l’exemple justement ? Ca la ficherait mal de finir empoisonnée ou obèse toi-même à cause d’une simple erreur de jugement… »

Je montre l'exemple. Si je deviens obèse je suis l'exemple physique de l'exemple qu'il ne faut pas suivre. Si je ne le deviens pas, je suis l'exemple parfait qui prouve qu'avec l'effort et l’exercice, on ne devient pas obèse. CQFD. Une logique sans failles.

Elle avait du répondant, ça c’est sûr. Mieux que l’autre délavée qui avait pas l’air de savoir quoi dire face à une raisonnement à la logique si limpide. « Touché. Reste qu’exemple ou pas exemple, ils n’auront pas le choix de suivre le tien s’il ne reste plus rien à manger pour le buffet… » C'est que le stock de pâtisseries diminuait à vue d'oeil.

Ouais, ouais, c'est bon. Elle avait quasi fini le cake entier avec toutes ces distractions. La voilà en train de lécher le chocolat de ses doigts en se levant, laissant les miettes retomber sur le sol. Je vous tiens à l’œil les petits. Faites-moi savoir si vous tentez d'autres pâtisseries, oui ? Pour le bien de l'école et la santé des mes élèves adorés, je serais là pour... vérifier que tout est en ordre. Elle s'arrêta devant Julia. Quant à toi... interdiction cuisine ! Trop suspecte !

« Mais euh ! », protesta Julia. « C’est pas juste ! Et pis vous avez tellement mangé qu’ils vont avoir besoin d’aide pour refaire des stocks ! » « Elle a pas tort, il reste pas grande chose à servir pour le buffet. » Moi, une girouette ? Bien sûr, rien de nouveau sous le soleil.

Bon, d'accord. Mais sous supervision. Setesh, t'es volontaire, j'ai l'impression ? Elle afficha un grand sourire, accompagné d'un charmant pouce en l'air. Si elle avait eu la possibilité de s'enfuir dans un nuage à paillettes, elle aurait choisi ce moment précis. La version humaine (= faire du marche-arrière en slowmotion) est beaucoup moins impressionnante.

Elle essayait pas de me refiler la patate chaude par hasard ? Ca ne se passerait pas comme ça ! « Absolument pas. Par contre j’en connais une qui est toujours ravie d’aider. » Tiens, pâlotte, amuse-toi bien coincée en cuisine, moi je compte certainement pas y être retenu contre mon gré.

Hey, Domino avait passé le flambeau à Setesh. Si lui, à son tour, jugeait qu'il fallait le repasser à quelqu'un d'autre... ce n'était pas ses affaires. Dans tous les cas Julia allait pouvoir profiter des capacité de babysitting de quelqu'un d'autre. Case closed. Domino out.

La patate chaude du nom de Julia étant proprement transférée à quelqu'un de trop bonne poire (ou mauvaise en improvisation) pour la transférer elle aussi, c'était plus mon problème. « Dis, tu devrais pas aller superviser les décorations de la salle des fêtes ? Manquerait plus qu'un élève se casse la figure... » Et il allait sans dire que j'allais lui coller au train comme un sparadrap intangible en forme d’ornithorynque.