Élégamment assise sur son siège d'Aile-Guide, Kishareera ne pouvait retenir le cliquètement agacé de ses griffes. Elle ne savait trop comment mais Rakararshur, un politicien progressiste, avait réussi à connaître son implication dans l'attaque de la station de Josh le Nabot quelques années auparavant. Et il avait sauté sur l'occasion pour la décrire comme une mercenaire sans foi ni loi, à l'instar de tous les traditionalistes, appelant le peuple shreek à se détourner de ses traditions.

"Que faisons-nous ?" La question lui fit tourner la tête vers son compagnon Rerrarsha. "Rakararshur nous a lancé une guerre d'influence. Il convient d'y répondre." Elle avait assuré ses arrières avec la CC de toute façon, ce que son ennemi ignorait. "Si nous nous éloignons des Chemins de Migration, Kolirisha va..." Elle le coupa. "Notre implication est trop grande pour ignorer l'insulte. Même Kolirisha en conviendra. Et je vais lui confier la flotte. Que l'on prépare une navette discrète."

Elle sortit dignement du pont pour rejoindre la Chapelle du Vide désertée à cette heure-ci où elle put contacter un journaliste apte à servir ses intérêts. Dommage qu'il soit humain... Alors qu'elle repartait, elle tomba sur Rerrarsha. "Je viens avec toi, le Serpentaire n'est plus le vaisseau bec-de-proue si Kolirisha est l'Aile-Guide de la Volée." "Soit. Direction Keeshak. J'ai un politicien à plumer." Son bec se fit féroce.

Hari était sur Keeshak, à couvrir un déplacement d'une des pontes de la CC venue inaugurer une scierie. Il fallait le filmer à serrer des mains. Facile. Le jeune journaliste était occupé à ajuster l'angle de son droïde camera quand une sonnerie provenant de sa montre l'attira. Une indigène voulait apparemment le rencontrer. Sentant le scoop, le jeune homme dicta "Réponds que je serai présent". Un bip sonore confirma que la montre venait d'envoyer la réponse.

La navette se posa sur un quai excentré comme elle l'avait sciemment demandé. Ils avaient même payé les frais d'installation au prix fort sans nommer les Serrétoiles. Quel affront ! Kishareera nota dans un coin de sa tête le nom du responsable. Avec un peu de chance pour lui, elle aurait oublié son insignifiante existence avant la fin de cette affaire. "Je ne pensais pas revoir Keeshak aussi rapidement. Et surtout pas en ville." marmonna Rerrarsha alors qu'ils sortaient de la navette. Elle joignit sa grimace à ses traits, dégoûtée par la présence compacte des nombreux hursons peuplant cette grande ville. "Allons chercher notre contact."

Quand l'inauguration eût prit fin, Hari se rendit dans la cantina où était fixé rendez-vous. Evidemment, il n'y fut pas accueilli avec les honneurs "On aime pas les fouineurs ici" avait même grondé le barman quand le journaliste était entré... C'est vrai que se balader avec un droïde camera indiquait généralement la profession du jeune homme. "Je suis là pour voir des amis" C'était faux, mais au moins, Hari avait la paix quand il alla s'asseoir à une table libre.

"Une cantina..." Le ton sec de Kishareera fit bruisser les plumes de son escorte, seul Rerrarsha gardant son calme flegmatique. Elle remonta sa capuche sur ses aigrettes facilement reconnaissables et ils se glissèrent silencieusement dans l'édifice. Le silence éclata rapidement en un brouhaha tonitruant alors que deux de ses hommes faisaient diversion en aboyant bruyamment au barman de les servir. Rerrarsha s'installa en face du journaliste, son bec souriant à peine perceptible sous sa capuche alors qu'elle s'installait un peu à l'écart, observatrice.

Hari avait commandé une boisson locale aux arômes sucrées. Il était occupé à la déguster quand une Shreek encapuchonnée s'assit devant lui. Seul son bec dépassait légèrement de sa capuche.
Reposant sa boisson, Hari eut un air confiant quand il sortit une tablette et un stylet afin de prendre des notes. Son droïde quand à lui sembla se focaliser sur la femme. "Enchanté, Hari Arun, journaliste. J'ai entendu dire que vous souhaitiez me rencontrer."

Rerrarsha jouait bien son rôle et elle n'avait même pas besoin de lui dicter ses manœuvres, ayant confiance en son compagnon pour la représenter au mieux. Profitant de son anonymat, Kishareera observa minutieusement le journaliste. Ce n'était qu'un vulgaire humain mais il s'était aussitôt mis au travail. Bon point. A voir pour le reste. "Pensez-vous que ce soit un endroit indiqué pour une telle conversation ?" demandait justement Rerrarsha d'un ton égal qui camouflait son mépris avec brio.

HRP:

HRP:

On avait toujours dit à Hari que la moindre des choses était de se présenter. Autant dire que l'oiseau en face de lui semblait ne pas connaître la première des politesses... Surtout qu'un journaliste appréciait toujours savoir à qui il avait affaire. Arquant un sourcils mais gardant son sourire, Hari répondit "Il est toujours plus facile de passer inaperçu dans une foule... "

"Pour certains plus que pour d'autres." murmura poliment Rerrarsha. Elle était fière de lui en sachant sa véritable pensée qu'il camouflait avec soin. Les humains, cette espèce pathétique, ne comprenaient jamais à un quel point chaque shreek était unique et reconnaissable alors qu'ils n'étaient qu'une masse uniforme. "Ma Matriarche vous attend, Hari Arun. Réussissez ce test si vous souhaitez réellement cette rencontre." Il baissa la tête pour révéler son visage, un air féroce au bec. "Il y a bien d'autres journalistes. Nous voulons nous assurer avoir affaire un bon." Il laissa sur la table un holoprojecteur puis s'éloigna ; elle le suivit.

HRP:

Si sous-entendu il y avait, Hari ne le comprit certainement pas dans le bon sens... Était-il trop visible ? C'est vrai qu'il y avait bien peu d'humains dans les alentours, il devait beaucoup détonner maintenant qu'il y pensait... Cependant il n'eût pas le temps d'y songer plus longuement car l'oiseau lui laissait un holo-projecteur sur la table.... Hari sembla perplexe... N'était-ce pas eux qui voulaient le rencontrer ? Pourquoi était-il celui qui devait être testé ? Après tout, rien ne garantissait au journaliste que cette information soit si intéressante que ça. Malgré tout bon joueur, Hari l'alluma.

HRP:

L'hologramme afficha un texte pendant environ deux minutes.


Au bout du délai, l'hologramme grésilla puis s'éteignit et un petit bip indiqua que l'holoprojecteur venait de subir une défaillance mineure le rendant inopérationnel.

HRP:

A peine le message s'afficha-t-il qu'Hari le nota sur son pad, avant de regarder ce qui était écrit... Il ne comprenait, ou du moins, n'avait l'impression de comprendre que les premières indications... Rendez vous à l'arbre 97, étage 23, logement 1900 ? Le reste semblait être une autre information de l'étage avec un chiffre à virgule... Hari ne le comprit tout simplement pas et se dit qu'il verrait bien sur place.
Aussi il rangea ses affaires et sortit de la cantina, cherchant le fameux arbre 97.

Hors jeu:

Mais il n'y avait pas d'arbre 97. Les maisons étaient numérotées mais il y en avait plusieurs par arbres.

Dans son hôtel, Kishareera observait sur le datapad le déplacement erratique de l'humain avec un bec dédaigneux. L'entretien, s'il se tenait bel et bien, ne présageait rien de très flatteur pour ce journaliste de pacotille.

HRP : indices:

Hari ne trouva pas d'arbre 97... C'était une blague ? Que désignaient les lettres ARB alors ? Et E et N ? Est et Nord ? Le jeune homme soupira, il n'était pas là pour jouer aux devinettes. Ce n'était pas lui qui avait demandé ce rendez-vous après tout. Hari allait donc faire à sa manière et il préleva les images de son droïde caméra. Il repassa un extrait en particulier, celui où l'étranger s'était rapproché pour dévoiler son visage. On l'entendait encore et encore répéter "Ma matriarche veut vous attends" et le journaliste lança une reconnaissance faciale.

HS:

Kishareera se redressa subitement, la huppe dressée d'intérêt. "Tu as laissé ton visage à découvert, Rerrarsha." Ce dernier croqua son fruit puis sourit d'un air carnassier. "Tu voulais tester ses talents de journaliste, non ? S'il n'est pas un génie du code, autant lui laisser une marge de manoeuvre." Elle fredonna un acquiescement impressionné, les griffes errant dans le plumage bleu et vert de son partenaire. "Je dépeins sur toi, très cher."

HRP: