CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : privé
- Type de RP : Express flashback de trois ans
- Délai maximum d'attente de réponse : 18h
- Autre : il est utile de lire d'abord ce rp avant celui-ci

Quand les élèves débutaient leurs études à Bruxia, ils apprenaient d'abord les bases : la langue pour invoquer correctement son esprit en Langue d'invocation, la nature des Esprits en Espiritologie et l'éducation physique nécessaire à la fuite d'un mauvais esprit entre autres. Ce n'était pas pour autant qu'un élève pouvait invoquer un esprit, il devait attendre sa troisième année et aller en cours de l'Art de l'invocation.

Après plusieurs cours de cette matière, Cruz Selva pouvait enfin lancer sa première expérimentation personnelle. Le jeune Carioca allait pouvoir honorer une promesse faite en première année dans les rues ensoleillées de la ville d'El Kuzco.

"Choisissez un esprit faible, rappelez-vous que vous débutez. Il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre, sinon vous ne tiendrez l'esprit que quelques secondes."

Cruz n'eut cure des conseils de l'adulte qui les supervisait et lança son invocation dans la langue consacrée.

"Tanis, Esprit du Courage, je t'invoque !"

L'esprit était une belle femme avec des yeux effrayants et une coiffure de serpents, belle et forte quand même ! C'était honteux d'abandonner une telle beauté sur l'Île des esprits sans lui rendre hommage. Cruz lui dédira sa chanson composée de son mieux et lui demandera ensuite d’insuffler du courage à sa petite sœur et son petit frère encore à Rio.

Les autres élèves avaient devant eux un petit esprit tout mignon mais l'invocation de Cruz projeta une ombre sur eux. Les élèves reculaient en hurlant, le professeur accouru vers le cercle d'invocation avant de se figer en entendant la voix de l'esprit du Courage. Cruz, de son côté, avait un sourire qui allait d'une oreille à l'autre. Il était en sueur aussi. "Bonjour ma Dame ! Comment vas-tu ?" demande-t-il en abandonnant le vouvoiement.

"Merveilleusement bien mon chéri !" Tanis rayonnait, un mélange de tendresse maternelle évidente envers l'enfant et une mesquinerie sous-jacente qui lui collait à la peau aussi fortement que les éclats blancs sur son corps. "Que puis-je pour toi ?" Un adulte, sûrement son instructeur, hésitait entre intervenir et laisser la séance se poursuivre.

"Écoute ça ! Je l'ai composé pour toi. C'est-- Ce n'est pas grand chose mais ça parle de toi." Cruz rougissait légèrement. il y avait longtemps qu'il n'avait pas vu la peau diaphane et le sourire sauvage de la belle. Il savait aussi que ses petits vers écrits de sa main pendant des semaines à tourner en rond ne seraient jamais un chef d’œuvre comme elle le méritait. Il extirpa sa guitare, prise pour cette occasion et se mit en place.

Pour les autres présents dans la pièce, c'était surréaliste. L'Esprit du Courage avait diminué son aura de terreur -et sa taille également- pour s'enrouler à même le sol au plus près du petit guitariste. Usant de sa queue comme d'un oreiller où se posait, elle entoura même l'enfant d'un anneau protecteur. "Je suis certaine que se sera formidable Cruz" l'encouragea-t-elle.

Que ce soit voulu ou non, l'attention de l'esprit donna encore plus de force à Cruz. Il sentait que l'invocation puisait inhabituellement dans ses réserves d'énergie, il devait faire vite mais surtout bien. Il commença à pincer sa guitare. La mélodie était mélancolique avec des sursauts d'énergie, comme lorsque l'on lutte ardemment depuis longtemps.

Ô Esprit, entends-moi, écoute ma prière !
Il me faut des armes pour affronter ce monde

Elle sentait bien qu'il s'épuisait à la maintenir dans ce monde. Avec un autre shaman, Tanis aurait depuis longtemps brisé le cercle (et le shaman s'il l'avait invoquée pour des raisons qu'elle contestait) et rampé ailleurs. Mais là non. Les couleuvres de sa chevelure se balançaient en rythme alors qu'elle insufflait assez d'énergie à Cruz pour qu'il continue sans puiser totalement dans ses réserves. Elle espérait juste qu'il ne se mette pas en danger pour elle.

L'adulte qui supervisait conjurait Cruz de commencer le chant rituel pour desinvoquer l'esprit mais le carioca continua sa chanson :

"À tes côtés, je me ris de l'adversité
Telle une flamme qui brûle sans s'arrêter

Esprit brut de bravoure comme de courage
Je sais que tu répondras car ton cœur est brave
Grâce à ta force, je sais que je briserai
Tous les obstacles que l'on me présentera"

Et la chanson continua, parlant de combien l'esprit était motivante, serviable, belle et plus exaltante qu'effrayante.

Aux dernières notes, la nâgi applaudissait bien fort, rassurant même sans le vouloir les autres étudiants avec son pouvoir. "C'était merveilleux mon chéri ! Sublime ! Ce chant deviendra mon hymne !" Mais devant les cernes du petit, elle préféra enchaîner autrement. "Brise le sort à présent Cruz ou tu vas te blesser."

Cruz, n'y tenant plus, récita le chant pour révoquer l'esprit d'où elle venait, sur l'Île des Esprits, loin du monde matériel. Ceci fait, il réalisa qu'il tremblait et s'allongea sur le sol sans complexe, prêt à écouter d'une oreille le sermon du prof. Les autres élèves le regardaient avec effarement, certains avec de l'admiration et d'autres, plus rares, avec consternation. Qu'importaient les risques, ça valait le coup. Il lui devait sa première invocation.

"C'était tout bonnement imprudent !" se lâcha le prof dès que l'Esprit fut partie. "Tanis ? Rien que ça ? Elle est totalement imprévisible ! Tu aurais pu te mettre en danger Cruz." Il râlait mais vérifiait tout de même que le garçon allait bien. "Et tu as bien trop forcé pour une première fois." Détail qui avait aussi inquiété la somptueuse femme à présent sur son Île.

Cruz ne cessait pas de sourire pour autant. Oui, c'était imprudent et difficile mais c'était sa promesse. Maintenant, il pouvait invoquer tous les esprits qu'il voulait mais Tanis lui manquait. Depuis cette rencontre à El Kuzco, il n'avait pas revu l'esprit du Courage. Il se disait qu'elle était peut-être occupée, ou peut-être délaissée. Même les plus grands de l'école ne l'invoquaient pas ! Le carioca but de l'eau pour se remettre tandis que les autres élèves révoquaient leurs esprits qui étaient restés sages.

La couleuvre ne resta pas longtemps en place sur son lopin de terre et ne comptait surtout pas encore attendre plusieurs années avant de revoir son bout de chou. Surtout s'il n'allait pas bien par sa faute. Prenant la forme d'un python noir, Tanis rampa des ombres de la classe jusqu'à la forme allongée au sol. "Un serpent !!" hurla une jeunette en la voyant, bondissant sur sa chaise. Et dire qu'elle arrivait à faire peur sans le faire exprès...

Comme les autres élèves, Cruz tourna la tête vers sa camarade apeurée. Un effroyable python noir pointa la bout de sa langue bifide. Tanis ! Elle choisissait toujours des animaux puissants et redoutables. Sous les yeux effarés des autres, Cruz se adressa un signe au serpent, le hélant même. "Tu es déjà de retour, Tanis ? Je suis content que ma chanson t'ait plu ! Mais pour parler, ça devra attendre la fin du cours," ajouta-t-il à mi-voix sous l’œil réprobateur de l'enseignant.

"Pas de sssoucccis" siffla-t-elle en se posant contre lui, se retenant de se lover sur son torse pour ne pas -trop- déranger. "Je ssserai sssage, faites donc." Et elle refusa de bouger malgré les gros yeux de l'instructeur. Qu'il essayait donc de la déloger de cette classe ! Hormis en étant invoquée ailleurs, pas moyen qu'elle veuille s'éloigner du petit homme.

C'était un fait exceptionnel, l'esprit du courage qui se tenait tranquille au côté d'un élève de treize ans. Le prof ne pouvait malheureusement pas faire grand chose. L'esprit ne faisait encore rien de mal, appeler l'Administration semblait excessif. Il poursuivit donc son cours pour demander aux élèves ce que l'invocation avait eu comme effet sur eux et le "héros du jour" fut interrogé. "J'ai senti comme quelque chose qui me tirait vers Tanis et aussi j'avais l'impression d'avoir couru."

Cruz voyait bien les têtes étranges que tiraient les autres témoins de la scène, lui n'avait fait que sentir la chatouille du "bisou" du serpent. Le professeur remplaçant acquiesça avec gêne devant la contribution de l'Esprit. Il tenta de poursuivre le cours tant bien que mal en interrogeant d'autres élèves pour comparer les expériences. Il rappela les précautions à prendre avec un esprit, comment le révoquer à temps. "... sinon l'Esprit échappe au contrôle du shaman et l'Administration intervient."

Ah l'Administration, ces rabats-joie.... "Jamais moyen de rigoler avec eux" siffla-t-elle mécontente. Comme si elle chercherait à faire du mal à Cruz en lui échappant (pour une tierce personne, on connaissait déjà la réponse). Le serpent bailla -un spectacle malaisant- et entreprit de somnoler jusqu'à la fin du cours.

Cruz comprit à demi-mot pourquoi Tanis n'aimait l'Administration qui l'avait assignée à résidence pendant des siècles. Il faudrait qu'il pose la question à l'intéressée. Le cours se poursuivit donc jusqu'à ce que les élèves furent libérés. Évidemment, Cruz avait toujours dans le cou l'esprit du courage. "Tu peux te réveiller, c'est la récréation. Alors, tu m'as manquée, pourquoi ne t'ai-je pas revu à El Kuzco depuis le temps ?" Aucune reproche dans sa voix, juste de la curiosité.

Cruz ne l'avait pas vue pendant deux ans mais ne s'était pas inquiété pour autant. Tant qu'un shaman (comme Cruz) croyait en elle, elle ne pouvait pas disparaître. "Miel et Paresseux vont très bien. Ils n'ont pas changé, fidèles à eux-même ! Mais mon frère et ma sœur ont grandi eux, je leur ai parlé de toi. Quel dommage qu'ils ne puissent pas te voir," dit Cruz sans se douter une seconde de ce qu'en penserait l'esprit reptilien.

Et en plus il lui faisait de nouveaux adeptes ? Parfait ce petit, PAR-FAIT ! "Je peux toujours aller les aider si tu me le demandes. Tu sais m'invoquer maintenant si tu as besoin de me parler ; et comme pour cette fois, je peux réapparaître ensuite pour économiser tes forces." Elle avait souvenir que Cruz voulait protéger les plus faibles ou sa famille. Le genre de raison que Tanis apprécie par-dessus tout.

"Oui, je peux. Je suis sûr que tu n'auras pas besoin de revenir avec le temps. Eh bien, ils sont à Rio de Janeiro dans le quartier Santa Teresa. Est-ce que tu pourrais t'assurer qu'ils se débrouillent sans moi ?" Cruz ne s'inquiétait pas autant pour ses parents qui savaient se débrouiller sans lui bien avant sa naissance mais les deux autres... Même s'il les voyait pendant les vacances, il n'était pas sûr qu'aucun ne lui cachait ses problèmes.