Rappel du premier message :



.... Il ne voyait vraiment pas d'autres solutions. En même temps, il n'y en avait pas des masses non plus. Il y en avait peut-être... trois. Okay, en réalité, quatre, mais il préférait encore passer la nuit dans les égouts que d'affronter Dalton dans son état actuel, donc l'option "retourner au refuge" n'était juste pas viable. Non, il n'avait vraiment pas d'autres choix, et le temps commençait à lui manquer.

Aucune idée où était Yoko ; mais vu qu'elle était genre, au moins 500% plus débrouillarde que lui, Foxxi s'inquiétait pas trop. Elle était probablement saine et sauve planquée quelque part. Pas son cas, je tiens à préciser. Duh.

La sirène de la voiture de police qui passa à toute vitesse dans la rue adjacente le fit sursauter et il se recroquevilla encore plus derrière le sac de poubelle puant. Même avec son nez cassé et bloqué par les caillots de sang, il pouvait sentir la pourriture. Qu'est-ce qu'ils avaient jeté dans ce truc, un cadavre ?? Ahhh, putain. Quelle grosse  m i e r d a, cette soirée. Ça avait commencé à foirer à quel moment, déjà ? Il savait plus trop. Probablement quand il avait décidé de foutre son foutu pied dehors. Ça avait plus trop d'importance là maintenant de suite.  

Allez... July.... réponds....

Le tel collé contre son oreille, il ferma les yeux avant qu'il se remette à chialer et appuya le derrière de son crâne contre le mur en brique sale derrière lui. L'était pas du genre croyant mais s'il y avait un dieu ou chaipakoi, maintenant serait le bon moment pour répondre à sa prière.

Elle met la machine en route en se félicitant d'avoir acheter un truc à peu près silencieux. Elle sort deux tasses et vient les poser sur le petit comptoir qui se découpe comme une fenêtre sur le salon. La petite flaque est tellement misérable qu'on dirait qu'il va s'évaporer. Mais elle bouge pas. Ou plutôt si, mais toujours pas vers Goupil. Elle retourne à ses placards pour en sortir des biscottes. Pas d'œufs brouillés, pas de pancakes. Même pas de confiture. On parle de July, là.

"Ouais" ?! Non mais c'est pas possible. Il hallucinait. Tu es où putain ?! C'était certain maintenant. Quand Foxxi serait de retour, Dalton lui installera un tracer sur le téléphone. Clairement il peut pas lui faire confiance !

Ses yeux se dirigèrent avec affolement vers la cuisine, mais il détourna le regard assez vite, comme si le mec enragé (tu veux dire ton grand-frère... ?) à l'autre bout de la ligne pouvait voir au travers et deviner où il était. Allez, respire. Breathe in, breathe out. Chez un pote. T'connais pas. Ça allait pas passer. Foxxi connaissait personne que Dalton connaissait pas. Même July, qu'il avait rencontré sans lui, n'était pas restée inconnue longtemps. Gros stalker va.

Le café est déjà prêt ; brave petite machine. July remplit les tasses en jetant un coup d'œil discret à la flaque. Puis elle tapote le comptoir, juste assez fort pour attirer son attention, mais pas assez pour que ça s'entende dans le téléphone. Elle montre les tasses fumantes au p'tit.
Tiens au fait, il boit du café, lui... ? Bah, au pire, elle a du lait dans le frigo. Elle l'interroge du regard.

... tu n'as pas de potes. Arrête tes conneries d'adolescent et dis-moi où tu es ou je vais te trouver. Vu les contacts qu'il avait, c'était pas une menace vide. Il connaissait certainement quelqu'un à New York qui avait le pouvoir GPS pour traquer les gens. Faut pas en douter.

HRP:

Le café c'était un truc d'adulte, right ? Il devait bien y avoir une raison pour qu'autant de personnes en boivent avant d'aller au boulot, au boulot, après le boulot... Il se lève tout raide et marche comme un robot vers le comptoir pour engloutir le café. BURNING. BITTER. BLEEEEH. ...Encore une fois, Foxxi venait de démontrer sa tendance limite pathologique à pas réfléchir et à regretter ses actions la seconde suivante. Une toux lui arrache la gorge alors qu'il essaie de répondre. "T'as pas de potes" ? Wow, t'es vraiment un enfoiré. Ok, le café était banni de sa vie.

HRP :

Maisqu'ilestbête. Elle se tape le front mentalement tellement c'est affligeant. En même temps, est-ce qu'elle aurait pas dû s'y attendre, de la part d'un ado qui achète trente mille chaussettes d'un coup !? Sans rien dire, elle sort le lait du frigo et lui sert un verre qu'elle fait légèrement tiédir. Parce que froid sur chaud, ce serait encore un bobo dans sa petite gorge de renardeau. Elle veut pas ajouter ça au nez cassé et tout le reste. Elle est blanche comme neige, ok ?!

Ça va donc être comme ça. Très bien. Foxxi était trop têtu pour demander de l'aide. Il était même trop têtu pour lui dire où il était. Ca tombe plutôt mal car Dalton est trop furieux pour rigoler. Quand il raccroche sans dire au revoir, tu sais que t'as des gros problèmes qui vont suivre très prochainement.

..... Il était dans la meeeeeerde. Mais pire. Il était livide, le pauvre. Aussi blanc que le lait chaud que July venait de lui mettre sous le nez. Il y touche même pas. J-july.... C'quoi l'moyen l'plus rapide pour changer d'identité et disparaître ?

Elle répond rien pendant bien trente secondes. C'est super long, trente secondes. Elle peut pas lui dire qu'elle sait exactement comme faire pour disparaître #mylife Et y a pire. Cette question, ça veut dire que le violet va se pointer. Tôt ou tard. Est-ce qu'elle est vraiment surprise ? Non, definitly not. Est-ce qu'elle s'est préparée à cette éventualité ? Again, definitly not. C'est pas une solution, Goupil. Elle pousse la tasse. Bois ton lait.

C'était pas une solution ? Bien sûr que c'était une solution. La seule et unique solution, d'ailleurs. Il fixe le verre d'un regard vide. Il était passé du choc direct à la résignation tellement son cerveau pouvait pas gérer le stress. J'dois m'barrer. Le p'tit marmonne à moitié en se dirigeant mollement vers la sortie. S'i'm'trouve ici il va t'tuer. Et y'avait comme un doute que c'était pas "façon de parler". Dalton agissait peut-être comme un idiot genre 99.9% du temps, il savait qu'il avait fait des trucs.... ben des trucs, quoi.

À l'intérieur de July, il y a une énorme balance cosmique. D'un côté, le violet avec une tête de Belzébuth qui la pousse dans les flammes de l'Enfer. De l'autre, un renardeau avec les oreilles tellement à plat que t'as envie de lui montrer des vidéo de funny cats et de le nourrir des bonbons. (J'vous jure, il a un drôle de pouvoir, ce p'tit.) Il me fera rien. Elle pense qu'elle va juste se retrouver à poil dans un appart vide parce qu'il aura tout envoyé sur le toit. Est-ce qu'elle s'en fiche ? ... Là tout de suite ? ... Com-plè-te-ment. Bois ton lait.

Ooh, il reconnaissait ce ton de voix. Le ton inquiet mais ferme qui sous-entend clairement que t'as pas le choix. Queenie était une pro à l'utiliser, et apparemment, July aussi, parce que le renardeau retourne direct sur ses pas pour prendre le verre de lait et le boire (en essayant clairement de se noyer dedans). Obviously didn't work, mais il réussi quand même à s'étouffer en avalant de travers et manqua éjecter la moitié du liquide par le nez. Good god.

Elle pourrait presque se dire qu'elle a pas perdu la main si elle repoussait pas aussi fort son passé dans un coin de cerveau plein de toiles d'araignée. Elle contourne le bar et tapote le dos du renard. Limite elle pourrait le gratter entre les oreilles comme un chat, mais ce serait bizarre. Encore que. Bon, tâchons d'être le plus irréprochable possible. (Pas qu'elle y croit, hein.) Viens, on va te débarbouiller un peu. Direction la salle de bain. Et un peu de maquillage.

Elle était pleine de bonne volonté, la July, mais dans son état, "se débarbouiller" n'allait pas changer grand chose. L'arête de son nez était bien violacée et à moins d'utiliser du fond de teint Dermablend ('savez, celui dans la pub avec zombie boy), ça n'échapperait pas à l’œil méticuleux de D-boy. Mais c'était mieux que rien faire du tout. Il la suit, son cerveau tournant à toute allure en imaginant les scénarios possibles. 'Faut pas qu't'utilises une arme. L'mieux c'est les poings, ça 'y peut pas t'les prendre...

Ça aurait été n'importe qui d'autres, elle l'aurait regardé de travers. Mais cette mignonnerie à quatre oreilles n'est pas n'importe qui. J'ai pas l'intention de sortir une arme. J'en ai même pas. Et ses récentes expériences lui ont déjà appris qu'aucun objet n'est une bonne stratégie avec lui. Mais merci du conseil. Elle tente le fond de teint, mais c'est une entrée de gamme, pas un truc d'effets spéciaux. Après quelques essais désagréables pour lui, elle renonce. En fait ce sera pire si Dalton voit qu'elle a essayé de cacher des trucs... Elle sort un gant de toilette et du savon. On va se contenter du minimum.

Pas vrai qu'il avait 18 ans, le mec. Franchement, heureusement que personne le voyait comme ça, sauf July (et les voyeurs). Et il avait arrêté d'essayer d'être quelqu'un qu'il était pas avec elle depuis... ben depuis leur première rencontre, tiens. S'il essaie que'qu'chose... tu vas lui faire les gros yeux ? lui lancer un coussin ? J'sais pas c'que j'f'rai mais j'le laisserai pas t'toucher ! Oui bon, ça ne l'empêchait pas de sortir ce genre de remarques de temps à autre. Après tout, le cœur y était.

Elle peut pas s'empêcher de sourire. C'est un gentil sourire et même pas forcé. Elle finit le débarbouillage en silence. Là, il est tout propre, mais il a la moitié des couleurs de l'arc-en-ciel sur la bouille. Dalton va faire une crise cardiaque, c'est sûr. Ensuite il l'a tue. Ensuite elle se marre. Elle comprend tellement pourquoi il a envie de tuer tout ce qui touche à son renard. L'amitié entre eux, c'est définitivement compromis. Non pas qu'elle ait eut de l'espoir, hein. Il est trop caractériel. Mais ça l'amuse et ça fait longtemps qu'elle s'est pas amusé comme ça, réalise-t-elle. (Elle est pas nette non plus, on est d'accord).

Elle était en train de se moquer (gentiment) de lui, là ? Probablement. Mais c'était 100 fois mieux que ses faux sourires, y'avait pas à dire. Elle et Dalton, j'vous jure. Foxxi pouvait essayer autant qu'il voulait à se bâtir une fausse personnalité, ces deux là n'étaient vraiment pas mieux niveau ingénuité. S'il avait compris une chose de leur conversation de la veille, c'était que tout le monde prétendait, et que la seule différence était que certains étaient meilleurs menteurs que d'autres. T'dois pas bosser... ?

July regarde sa montre. Mmh, marmonne-t-elle. Elle sort son téléphone et compose un numéro rapide. Qu'est-ce que ça dit de quelqu'un, quand son boulot (qui n'est pas toute sa vie (say what?)) est en numéro rapide ? Ouais, c'est July. «...» Salut. Je vais être en retard.  «...» Je sais pas. «...» Nan nan, un souci avec mon... voisin. «...» Ok, merci. Bye. Elle raccroche. Elle est jamais en retard. C'est même plutôt le contraire. Alors il a pas fait d'histoire, forcément. Elle pourra toujours dire qu'un vieux de l'immeuble avait besoin d'aide. Tout le monde sait qu'elle habite quasiment une maison de retraite.

Mais son seul mode c'est le mode pleurnichard ou quoi ? Voilà les larmes qui remontent. En même temps, c'est July aussi, elle fait vraiment des pieds et des mains pour lui ; et on sait tous comment le petit est accro à ce genre de démonstrations. Une p'tite phobie de l'abandon, Foxxi ? Il la regarde avec un air piteux. D'solé... J't'embêterai plus après. Après... après quoi, exactement ? Il savait pas vraiment ce qu'il attendait, juste qu'il pouvait voulait pas retourner au refuge.

Elle jette le dernier coton sale, ferme la bouteille de désinfectant et la range à sa place dans la placard. Tout ça sans un mot. Puis elle le regarde, sans un mot non plus. C'est ironique comme les premiers mots qui sortent de sa bouche après ces looongues secondes, c'est exactement les pensées de Foxxi. Après quoi ? Elle fait un petit sourire en coin, avec ce petit regard pincé de quand tu tease quelqu'un sans lui dire. J'ai plein de temps libre, qu'elle lui dit en se levant pour retourner au bar, finir son café froid. Même pas elle le réchauffe.

Il jette un regard à sa réflexion dans le miroir (eeesh...) rapidement avant de la suivre en silence. Il est à peu près sûr qu'elle ment, le même genre de mensonges dont ils avaient parlé la veille, mais si c'est ce qu'elle veut qu'il croit... Il veut bien jouer le jeu. Tu f'rais quoi, à ma place.. ? Non parce qu'attendre comme ça, sans vraiment rien faire, ça lui retourne l'estomac.

Pourtant, pour une fois c'est la vérité. Son temps, elle ne le remplit que pour faire illusion. Meaning, elle n'a jamais aucune obligation à part son taf (pas pour rien que c'est le seul correspondant en numéro rapide). Je mangerais un truc pour avoir le ventre plein, répond-elle en poussant les biscottes vers lui. C'est pas du cinq étoiles, mais c'est toujours mieux que d'avoir le ventre qui gargouille. Pour montrer l'exemple, elle en prend une qu'elle commence à grignoter.

Ça répond PAS DU TOUT à sa question mais.... elle a bien raison. Queenie lui donnait toujours un snack pour le calmer après une crise de larmes et ça marchait à tout les coups. Faut croire que c'était un truc universel de mamans. Il l'imite et en prend une... qu'il fourre dans sa poche par réflexe avant de faire comme si de rien était et en mettre une autre dans sa bouche. T'as un p'tit frère ? Question innocente, mais y'avait quelque chose de super naturel dans sa façon de le rassurer. Presque... maternel même, vu comment il arrêtait pas de faire des comparaisons avec Queenie.