Tout est blanc, même les arbres le sont. Et si la mission se déroulera de nuit, ils doivent tout de même prendre position de jour, aussi Maksim Andréiévitch a ses lunettes noires sur le nez. Cela ne change pas d'habitude. C'est le capitaine qui les commande et non leur sergent, une agréable surprise. Ce dernier leur montre le détecteur de dynamite élaboré par les scientifiques de la Milice. "Bien reçu, mon Commandant. Comment nous déployons-nous ?"

Le capitaine continue de leur expliquer en marchant. Il leur rappelle de se méfier du moindre rat, comme s'ils étaient bleus de la milice. Maksim garde ses commentaires pour lui et Tâches-de-rousseur également. Le poste le moins dangereux revient à Maksim qui n'aurait pas craché sur la place à l'arrière. Il s'exécute et prend un tube. Son arme à feu et sa dague sont attachés à sa sangle, lui laissant les mains libres. La longue marche commence, heureusement ils ont les chevaux.

Maksim se demande s'il est intéressant de placer une unité de l'autre côté du chemin mais rejette finalement l'idée : cela rendrait cette unité inutilement vulnérable. Jetant des coups d'œil à droite et à gauche à intervalle irrégulier, il n'oublie pas de regarder son tube et de tendre l'oreille à la marche d'un cheval de fer potentiel. Situation peu propice aux discussions. Maksim n'a pas souvent l'occasion de voir son capitaine, encore de participer à une mission avec lui. celui-ci semble avoir repéré un oiseau…

Si la chouette qui les épiait était un rebelle, leur excursion secrète n'est plus mais il peut toujours s'agir d'un véritable oiseau de nuit espère Maksim. Le capitaine lui alors tend une flasque de vodka tout en lui demandant un bref rapport. Celui-ci se sert poliment une gorgée avant de la tendre à son collègue à l'arrière. "Rien à signaler, mon Commandant." Les équidés progressent sur le tapis blanc en silence. Quelques flocons de neige tombent la fourrure noire de Fumée.

Le crin noir de Fumée se colore peu à peu de blanc. Le capitaine a troqué sa casquette contre une chapka et Maksim ne se prive pas de l'imiter. "Quel est le problème, mon Commandant ?" Il ne parle tout de même pas de ces quelques flocons de neige, c'est normal en cette saison. Tant que le vent ne se lève pas, aucune raison de craindre un blizzard.

Bien reçu, mon Commandant," répond Maksim, peu enthousiasme à l'idée d'essuyer une tempête. Il transmet les ordres à Viktor et rapproche son cheval désormais complètement blanc de la monture tout aussi blanche du capitaine. Il glisse également son appareil sous son manteau pour le protéger, il ne veut pas se faire enguirlander pour l'avoir bêtement cassé. La tempête de neige menace mais ils ont encore du répit.

La formation continue d'avancer, longeant les rails sans interruption. Le silence de la neige se posant au sol commençant à concéder sa place au vent sibérien dans les arbres qui se fait de moins en moins discret. Je garde le silence, évitant de perdre mon attention.

Les arbres sont agités par le vent chargé de flocons de neige piquants. Fumée avance et Maksim se félicite d'avoir mis sa chapka. Un bruit venant de derrière se fait entendre. Il n'est pas fort mais se différencie des autres. En tournant la tête, les deux jeunes miliciens voient une locomotive arriver. Conformément aux ordres, les cavaliers gagnent les fourrés et les arbres épargnés par la scie des cheminots, laissant une vague trace dans la poudreuse. Le train arrive.

Le vent commence à être assez fort pour lever de petites volutes au niveau du sol, pas encore assez pour nous aveugler, mais au moins nous avons moins de mal à nous cacher de la vue d'un quelconque travailleur à bord. Nous disparaissons de sa vue, et le bruit sourd et saccadé de la locomotive passant sur ses rails me fait crisser des dents.
Je me retourne pour vérifier que tout le monde est hors de vue, et attends patiemment que le bruit s'éloigne assez.

Maksim chasse les flocons de neige collés à ses lunettes noires tandis que le train passe à côté d'eux dans un tonnerre d'acier. L'arrière du train passe enfin à son tour et le capitaine se tourne vers eux afin de probablement leur donner le signal pour reprendre la mission. C'est alors qu'un coup retentit et que Viktor émet un cri, son corps tombant de cheval. Fébrile, Maksim fait pivoter son cheval sur lui-même en scrutant la nature autour d'eux. D'une main, il tient les rênes, de l'autre il sort son pistolet.

À moitié caché par les buissons et le camouflage de neige, Maksim scrute les arbres à la recherche d'un humain ou même d'un animal. Il repense à la chouette aperçue tout à l'heure, la revoir ne l'étonnerait pas. Aucun nouveau coup ne retentit, le tireur est bien à couvert et c'est comme s'il n'avait jamais été là. Un seul coup ? Une tentative d'usure ? Là, dans la neige… Un zootrope qui craint la neige et qui s'approche discrètement ? Maksim surveille alternativement le ciel et le sol enneigé.

En surveillant le sol, Maksim note quelque chose dans la neige, s'approchant en direction de ses deux collègues. "ATTENTION, MON COMMANDANT !" crie-t-il tout en cherchant dans son manteau sa dague fétiche, la main tenant les rênes et le pistolet. Il lance la dague, la faisant tournoyer une fois vers le corps serpentin. La lame érafle ce dernier dans une petite gerbe de sang et l'animal se recroqueville sur lui-même. Il a toujours été plus doué avec une lame qu'une arme "de précision".

Est-ce que le Commandant se moquait de lui ? Maksim sait parfaitement qu'il a une arme à feu, il préfère la dague, c'est tout ! Et il vise mieux avec qui plus est ! Le jeune milicien attrape tout de même la branche d'arbre et surveille les alentours tandis que le capitaine soigne Viktor. Une silhouette de la taille d'un renard se dirige vers l'endroit où se trouve le serpent. Maksim sort son pistolet et tire, faisant voler une gerbe de neige près de sa cible. Il attend... plus rien ne bouge.

Maksim tourne autour des deux soldats, scrutant les alentours et surveillant l'endroit où le renard et le serpent étaient. Malheureusement il ne peut pas tout surveiller et ne voit pas arriver la bête volante qui a attaqué son capitaine. Maksim tire à son tour mais l'anima esquive encore. Le jeune milicien surveille l'attaque prochaine de l'oiseau avant d'envoyer sa monture entre ses coéquipiers et le prédateur. Frappant fort, il assomme le zootrope.