"J'ai vu une fleur rose vive et quand je me suis approchée d'elle, elle m'a aspergé de pollen. Quand j'ai revu à nouveau, j'étais ici dans un monde gris et sombre. Et c'est là que je t'ai vu toi, avec ta peau sombre. Et je sais pas comment rentrer à ma colonie !!" Le dragonneau se met à pleurer, les larmes roulant sur ses écailles blanches. À ses pieds, la flaque où il s'était lavé vient de prendre une couleur dorée.

L'humanoïde a un comportement étrange avec Fil qui se fige sur place quand elle le prend dans ses mains pour lui caresser la tête. C'est quoi ça !? Elle veut l'emmener dehors, Fil se calme pour l'instant et répond avec un hochement de tête. "oui, mais tu me protèges, heiiin ?" C'est que dehors, il en venait et il avait quand même trouver ça sombre, moche et effrayant.

"Tu sais vraiment la manier ?" Même à quatorze ans, Fil sait qu'un enfant avec une épée est plus dangereux pour lui-même qu'un enfant sans épée. À l'extérieur le monde est toujours aussi peu engageant, loin des clairières vertes en été, blanches en hiver que Fil connaît. Le petit prince se demande quels monstres hantent ces endroits ? Peut-être des trolls mais il est certains que ce ne sont que des légendes.

Elle était quelque peu vexée par la question du dragonneau. « Bien sûr. J’ai des cours et tout et les soldats du domaine m’aident à m’entrainer. Tu veux voir comment on fait? » Même lui montrer ne l’avancerait à rien vu qu’il serait bien incapable de même soulever cette arme, mais c’était un détail de l’affaire pour la petite elfe. Elle avait été piquée dans son orgueil et voulait simplement lui prouver que ses doutes étaient mal placés.

"Non ça ira, je te crois. … Le temps est toujours aussi nuageux ? Et les arbres ont-ils toujours l'air malades ?" Fil se recroqueville entre les mains de l'elfette. "Cet endroit n'a rien à voir avec chez moi. Où sommes-nous ?"

"Dans ma colonie c'est doré comme le miel et ça bouge beaucoup. En dehors, le ciel est bleu, le sol est vert et les arbres aussi et l'hiver ils sont blancs purs, et l'automne ils sont flambayants comme le feu mais ils brûlent pas. Le vent est doux et les nuits sont fraîches." Fil raconte en long, en large et en travers son monde. Un monde doux, changeant mais accueillant, où il fait bon vivre et où ces "Enfers" ne sont qu'une déformation grossière.

« T'es sûr que t'es pas un dragon-abeille ? » Ben quoi? S'il habitait à un endroit couleur de miel et aussi agité qu'une ruche, la question méritait d'être posée. N'empêche... La description qu'il faisait de son monde donnait envie de le voir. Ca avait l'air tellement plus palpitant que les Enfers où les couleurs variaient à peine! « On peut essayer de trouver une fleur comme l'autre ? Peut-être que ça nous emmènera chez toi ! »

Le dragon-abeille est enchanté par l'idée de rentrer et même d'amener une amie de son âge (le temps s'écoule deux fois plus lentement pour les dragons-fées). "C'était une fleur à côté de rochers pointus et plats !" Il aimerait s'envoler pour chercher aussi mais il a encore peur de tomber sur quelque chose de plus dangeureux que Larae.

Fil s'envole et se fiche dans le cou de sa protectrice. Camouflé entre ses cheveux blancs, il donne quelques touches dorées du plus belle effet. "Ils sont pointues ET plats, comme tes épées !"

Les deux amis suivent la rivière nauséabonde, entourée malgré cela de plantes en tout genre. Au bout d'un moment de longues pierres effilées et plates sont visibles et au centre d'elle une fleur, noire comme le charbon. Ils s'approchent et Larae n'a qu'à tendre le bras pour se faire aspergée par la plante.

"Je suis rentré chez moi, houhou !" Puis le petite dragonneau se calme, il ne veut pas alerter les gardes royaux qui le cherchent. "Alors, qu'en penses-tu ? C'est mieux que là-bas, non ?" Autour d'eux, des abeilles dorées volètent pour polliniser des fleurs de toutes les couleurs sous le son d'un ruisseau paisible. Mais des yeux les observent…

"Tu pleures ? Pourquoi ? Allons sous les arbres si tu veux à ta gauche. Je ne voulais pas te faire mal," s'excuse le dragonnet blanc comme la neige. C'est ce moment que trouve une jeune biche pour s'approcher de l'elfette à l'épée. Le beau peuple ne lui a jamais fait de mal jusqu'alors. Elle approche son joli museau pour lécher les larmes de douleur de la petite haute comme trois pommes.

La biche se recule, effrayée, les sens aux aguets. "Mais non ! Hihi ! C'est une biche, c'est gentil et ça mange de l'herbe. T'en as jamais vu ? Bonjour madame la biche ! Le dragonnet blanc s'envole et se pose sur le cou de la bête pour la caresser et la rassurer. "Je te présente Larae."

Même si elle était vexée que la petite créature se moque d'elle, ses mots la rassurèrent. Un peu. Les yeux toujours plissés à cause du soleil, elle rengaina son épée et se rapprocha prudemment de l'animal. Elle tendit une main quelque peu tremblante dans sa direction, et l'animal étendit le cou pour venir la sentir. La sensation des naseaux humides sur sa paume était étrange, mais pas désagréable. Malgré l'inconfort causé par le soleil, Larae rit. « Ca chatouille! »

Fil s'y connait peu en humanoïde, il n'a pour ainsi dire que rarement quitté sa colonie (seul c'est très dangereux) et il ne doit pas allonger ses sorties secrètes. Larae est donc la première qu'il ait croisé mais il a vu bien des animaux de la forêt et des poissons de la rivière (encore que certains voulaient le gober). "Tu connais pas les biches ? Qu'est-ce que tu as comme créatures près de chez toi ? ou numanoïdes ?"

Les bêtes sauvages attaquent rarement les colonies de dragons-fées, ce serait manquer d'instinct de survie. Les dragons-fées sont plus dangereux et plus intelligents que les frelons. "Zolann est une créature aussi ? Vous vivez en sym… biose ?" Fil est très fier de ressortir un mot appris par son professeur, même si celui-ci n'est pas là pour le voir.