Yeva parvint à arracher un dernier sourire à la jeune artiste « Oh si, tout de même, laissez moi au moins vous offrir une collation dans ce restaurant. C'est la moindre des choses que je puisse faire. » Par politesse elle finit par ôter son chapeau, qu'elle posa délicatement sur des genoux et fit en sorte que ses cheveux cachent suffisamment son visage.

Derrière la carte du menu Svetlana semblait hésitante et finit par lever la tête pour s'adresser à Yeva. « Excusez-moi... » commença-t-elle sur un ton amical « ...puis-je vous poser une question un peu privée ? Je comprendrai si vous refusez, je ne veux pas être indiscrète. »

Yeva releva les yeux de la carte quand elle fut interpelée. Aie, elle se souvenait encore un peu trop bien de son moment de gêne la dernière fois que l’actrice lui avait posé une question personnelle. Bon, au moins elle lui donnait une échappatoire cette fois. «  Eh bien... Posez votre question, et si c’est trop personnel pour que je réponde, je vois le dirai? »

Sveta avait toujours eut ses rêves d'enfant du grand amour, immuable et éternel, et bien qu'elle fut consciente que cela ne représentait pas la réalité elle gardait toujours un espoir au fond d'elle. « Vous n'avez pas l'air de vous aimer, votre mari et vous. Cela ne vous rend-il pas triste ? » Au moment de la poser elle se rendit compte de l'indiscrétion totale de la question et termina par un simple. « Pardon, c'est indiscret. »

« Pour moi ce sera un Irlandais s'il vous plaît ! » Elle recoiffa un instant ses cheveux, qui la gênaient tout de même un peu à force d'être devant son visage. Et en levant la tête de son petit carnet de note il sembla reconnaître la dame « Ce sera tout ? Oh mais ne seriez-vous pas la Rossignol ? » Sveta leva un sourcil l'air surprise « Mh ? Non du tout, on me pose souvent la question, je suppose que je dois beaucoup lui ressembler. »

Sveta fut un peu gênée de la question d'Isaak de peur que le serveur l'entende, ainsi elle attendit qu'il soit bien hors de portée pour répondre avec le sourire « Oui, mais moins que cela en France, il me semble qu'il n'y en a qu'une espèce, mais peut-être pourra-tu éclairer mon maigre savoir jeune homme. »

Sveta sourit au garçon. « Sur une carte du monde, par rapport à la Russie, c'est à gauche. » Elle préféra lui désigner la position de la France ainsi, ne sachant pas s'il avait encore conscience de l'est et de l'ouest.

« Oh ? Votre mari travaille donc dans la construction ferroviaire, c'est un marché en plein essor paraît-il. » Yeva s'était très bien chargée d'expliquer à son fils où se trouvait la France et il était probablement inutile d'insister sur le sujet sous peine de risquer de perdre Isaak.

Elle hocha la tête. La conversation était revenue sur un sujet qu’elle maîtrisait assez bien pour en avoir discuté un nombre incalculable de fois dans le passé. « En effet. Certains prétendent que l’aéronef rendra bientôt les trains obsolètes, mais aucun aéronef ne peut accueillir autant de passagers que les trains et le train est moins sensible à une météo défavorable. »

« Honnêtement je pense que l'aéronef peut dépasser le train mais de là à le faire disparaître en effet je n'en suis pas si sûre. » Pour avoir prit les deux par le passé Sveta se souvenait qu'elle avait bien plus confiance pour sa sécurité dans un train que dans un aéronef, et pour elle c'était ce qui risquait de rendre le train plus attractif.

« Peut-être, si l’aéronef parvient un jour à parcourir de longues distances sans devoir se poser pour se ravitailler. » Ces escales, parfois bienvenues pour prendre un peu l’air, rallongeaient les trajets et faisaient perdre en partie son principal intérêt aux machines volantes, qui était qu’elles n’étaient pas soumises aux aléas du terrain.

Lorsque le serveur revint Sveta fit mine de regarder de l'autre côté d'un air curieuse, peut-être avait-elle vu quelque chose de fascinant. « Il est certain que personne de sensé n'aurait envie de faire une telle chute en cas de tempête ou de vent violent, j'ai même entendu dire que les ballons pouvaient exploser, peut-être que des rumeurs mais tout de même... » Le serveur partit elle lâcha un « Merci. » dans un murmure.

« Non » déglutit-elle à la fois surprise et soulagée de la question. « L'autre jour, au théâtre, vous aviez parlé de rançon du succès... Et bien il me semble que vous ayez vu juste. » elle prit tout naturellement une gorgée de café. « Alors du fond du cœur, madame, merci. Merci d'avoir respecté mon choix de me faire passer pour quelqu'un d'autre auprès du serveur. »