Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : ouvert aux incrustations (demander par MP au préalable)
- Type de RP : Normal
- Tour de jeu : Pazou/Silivren
- Délai maximum d'attente de réponse : une semaine
- Sauts de tours : un
- Autre : RAS

Fuyant les imprécations du chef Ustyugov, Viktor descendait avec précipitation la passerelle. Ses pieds volaient sur les barreaux et en quelques secondes, après avoir sauté les 3 dernières marches, il fut à terre. Sans se préoccuper de cette bizarre sensation d'immobilité qu'il avait toujours en redescendant au sol, il commença à longer tranquillement le flanc de l'Anouchka en sifflant.

Il pouvait remercier le petit pépin technique que venait de découvrir le chef mécanicien. Comme tout était déjà prêt pour le départ, il lui offrait du temps libre bienvenue, d'autant que la réparation prendrait bien quelques heures. Arrivé à la poupe du dirigeable, Viktor repéra un paquet de caisse qui ne semblaient pas trop inconfortables et se laissa tomber sur la première.  Ses yeux parcoururent les câbles qui se tendaient le long de la coque de l'Anouchka, jusqu'au sommet. Quel beau bâtiment, hein ?

Je te l'ai dit p'tite beauté, les machines aujourd'hui, on oublie ! répondit Viktor avec sa désinvolture habituelle, teintée d'un brin de distraction. Il avait surveillé la porte pendant que les gosses exploraient la chambre de fond en comble, et il commençait à s'impatienter du retour de Vez.

"Même pas un tout petit peu ?" questionna Anoushka en chouinant légèrement, une moue au visage et une larme de crocodile au coin des yeux. Andrei la regardait faire avec un petit sourire en coin, connaissant les capacités de son amie pour convaincre les adultes. "On est tout sage, pomis. Pas de crrri, pas de brrruit, rrrien du tout, pomis !" Elle semblait vraiment y tenir à sa salle des machines.

"Comment que ça peut chialer une madeleine ?" questionna subitement Anoushka avec de grands yeux curieux (où subsistaient néanmoins une réelle déception). Elle se tourna vers Andrei pour lui souffler dans l'oreille : "Chialer, c'est pleugrer ?" Il lui répondit dans le même ton. "Oui, mais c'est un vilain mot." Anoushka ouvrit grande la bouche en fixant à nouveau Viktor, comme choquée qu'il ait utilisé ce genre de mots devant eux.

Ils le suivirent dans un silence de souris et une discrétion d'ombres (oui, même Anoushka !) jusque dans le grand salon. Ce ne fut qu'une fois là-bas qu'Anoushka tirailla sur les vêtements de Viktor pour avoir son attention. "T'as pas pondu, comment qu'une madeleine, elle peut pleugrer, n'hein ? Ça se mange, une madeleine, ça n'a pas de sentiment et on peut pas pleugrer sans sentiment. Tu dis n'impote quoi."

Moi, je dis "n'impote quoi" ? répondit Viktor en haussant les sourcils, d'un air faussement vexé. Et c'est une gamine de 10 ans qu'essaie d'm'apprendre à parler ? L'air espiègle, il se tourna vers le garçon qui les suivait en silence, et lui chuchota avec un clin d'oeil : Eh, Andreï ! J'suis sûr tu saurais mieux lui expliquer qu'moi, puisque je dis vraiment "n'impote quoi". Tu sais c'que c'est toi, des expressions, j'suis sûr.

"C'pas une métaphogre d'utiliser une image ?" s'étonna Anoushka en regardant Andrei de grands yeux étonnés. Le garçon lui sourit. "Une expression est connue par beaucoup de monde. "Ah ok... mais j'vois toujours pas comment une madeleine peut pleugrer. Ca fait bizagre pa'ce qu'on mange les madeleines." La vue du grand salon, et surtout de sa baie vitrée, la détourna de sa lancée philosophique. "Oooh ! C'est beauu !!" s'écria-t-elle en tirant Andrei vers la baie vitrée.

Viktor souffla de soulagement en suivant les gamins vers la baie vitrée. Ils lui en posaient de ces questions ! Il s'appuya sur le dos d'un des nombreux canapés de la pièce pendant qu'Anoushka s'extasiait sur la vue. La pièce était spacieuse, et cumulait les fonctions de lieu de détente et de salle à manger. A l'autre bout de la pièce, derrière les tables, une porte de service menait vers les cuisines et les passerelles du personnel. C'était leur prochaine destination.

Son regard s'illumina à nouveau à la mention des ballons et du nid de pie ; c'était presque aussi bien que les machines ! "Oui ! J'veux voirr. Mais z'avez, c'est long de grrandirr. Et puis, ya pas d'école là où j'habite. Mais l'Andrei, y m'aide à mieux parrler et à mieux égrirrre." Les yeux dans le vagues, Anoushka serra la main de son ami. "J'vais aller à Moscou, moi. J'vais dev'ni une pilote, même si c'est pas facile."

"On peut êtrres pilote sans école ?"s'étonna Anoushka. "Pa'ce que si non, c'pas une bonne chose de pas avoirr d'école chez nous. Je veux vrrraiment êtrres pilote comme mon Papa et ma Mama." L'escalier zigzag lui fit perdre le fil de ses pensées alors qu'elle ouvrait la bouche dans un grand rond sans bruit, signe de son intense excitation. Il lui fallut deux gorgées d'air avant de réussir à articuler quelque chose : "J'veux aller là haut ! S'viou plaît !"

"Oh oui !" s'écria Anoushka en se précipitant pour le rejoindre, montant les marches quatre par quatre. Pour un peu, elle serait partie dans une course endiablée à qui arriverait en premier au sommet mais Andrei, se rappelant qu'ils devaient rester discrets, attrapa sa main au vol et ils montèrent calmement derrière Viktor. "Ils sont plus que quoi, les ballons ?" demanda alors la petite fille qui ne perdait pas le fil si facilement que cela.

Anoushka se figea dans sa montée, la trogne concentrée, avec la petite langue à moitié sortie ; elle n'arrivait visiblement pas à imager des ballons de 40 mètres de haut et de deux fois la taille de l'Anouchka... celle-ci était déjà immense !! "Ça fait combien de moutons ?" demanda-t-elle ingénument. C'était une valeur sûre, les moutons.

Viktor fixa Anouchka quelques secondes sans répondre. Cette question était surréaliste. Il sentit l'hilarité monter et essaya de se retenir - le son portait loin ici - mais impossible. Il éclata d'un grand rire qu'il réprima de son mieux, plié en deux, les mains sur les cuisses. Les larmes lui vinrent aux yeux, et il les essuya en tentant de reprendre sa respiration. Il évitait de regarder Anouchka, pour ne pas prendre le risque de replonger.