"Les sorcières... Comment oublier. Mon ton est cynique et amer. "J'en ai allumé des buchers... Appelée par un shaman planqué dans la foule pour observer les exécutions." Maintenant bourreau flamboyant, je soupire. "Croque-Mitaine, ça ça devait être drôle ! Au final, tu es derrière toutes les bêtes qui ont terrorisé des villages entiers, non ? Bête du Gévaudan, chupacabra, vampires et loups-garou ? Il suffit d'un chien malade et d'un type apeuré pour créer un mythe.

Je ris en l'imaginant incarner bêtes et monstres divers. "Quand ils veulent ils peuvent en avoir de l'imagination." Quand il s'agit de s'entretuer en fait. "Quand on voit leur penchant pour la destruction et la violence on se demande comment ils font pour ne pas encore être éteints..." Et ce jour là on le sera avec eux. Super sympa le tournant que prend cette conversation.

"Il y a toujours eux de bonnes âmes dans ce monde. Ce sont elles que je cherche à débusquer à travers les larmes et la terreur." Et celles-là, elle les portait aux nues avec une dévotion et une tendresse insoupçonnable. Pour celles-là, Tanis dévoilait l'entièreté de ses pouvoirs, celui du Courage. "Mais effectivement, elles sont rares."

Je n'avais jamais vu les agissements de Tanis de la sorte. Mais c'est loin d'être absurde. Je hoche la tête un instant, pensive. "L'Administration n'a pas compris ça de cette façon, hein ?" L'Administration c'est le parent chiant d'un ado rebelle. Nécessaire, mais qui ne vit pas dans le même monde. "C'est comment l'exil ?" Question qui fâche peut-être. Oh, elle est au dessus de ça. Non ?

"Il y a bien un Esprit de la Noirceur, un Esprit du Dégout, un Esprit Fratricide, j'en passe et des meilleurs, à qui on n'a jamais reproché d'exercer." L'Esprit de la Censure aurait trouvé la situation cocasse. "Enfin... On va dire que le problème est réglé... Presque." Je roule des yeux en arrière et soupire fumée et flammèches. "Penses-tu que le monde serait à feu et à sang si nous n'étions pas cantonnés aux limites de l'école ?"

"Ah oui ?" J'aimerais ne pas être du même avis, me dire que chaque Esprit mènerait sa petite existence paisible, mais ce serait aussi le risque de voir quelques individus essayer de s'ériger au rang de Dieu suprême. "Je ne me rappelle pas vraiment du temps où l'Administration n’existait pas..." Mais c'était pas si terrible... Non ?

"Je ne sssssuis pas assssez âgée pour ssssavoir." Effectivement, Tanis était arrivée après l'ère de toutes puissances des chamans où l'Administration régissait déjà la myriade d'Esprits qui gambadaient hors de leur Île. "Mais j'ai donné ma parole d'être plus ssssage avec les petits humains. Je ne veux plus être enfermée." Par contre, ils n'avaient rien mentionné concernant les monstres sous les lits... "Et toi ? Que trouves-tu de ssssi bien à faire icccci ?"

Le bâton plutôt que la carotte. Je crois que ça me manque cette époque où j'allais où bon me semble. "De bien à faire ici ? Bruxia n'est qu'une grande prison, je n'y suis pas vraiment de gaité de cœur. Je passe mes journées à attendre de me faire invoquer et a espérer que les jeunes shamans fassent une erreur. Sauf qu'ils se plantent dans l'enceinte de l'école et que je reste coincée ici. Parfois j'ai envie d'exploser et de laisser les flamme tout dévorer..." En disant cela je laisse couler des flammèches d'une main à l'autre, le regard perdu.

L'aspect que revêt Tanis se fait de plus en plus menaçant. C'est une invitation ? "Tu voudrais essayer ?" Détruire l'école serait la simple solution pour aller où bon nous semble ? Ça me parait un peu facile. "J'ai bien peur que ça ne nous apporte rien de plus qu'une prison calcinée..." Mais c'est tentant... Mon feu commence à couler de mes membres, se répandant sur le sol autour de moi, gourmand.