Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : ouvert aux incrustations (demander par MP au préalable)
- Type de RP : Flashback - loin dans le passé, avec une Darya d'environ 8/9 ans et un Pasha de 5/6 ans
- Tour de jeu : //
- Délai maximum d'attente de réponse : Une semaine
- Sauts de tours : 2
- Autre : //

Darya courait. A travers les rues moscovites, ses souliers de cuirs usés jusqu’à la semelle martelaient le sol, et son souffle saccadé expulsé dans l’air froid la faisait fumer comme une locomotive. Sur ses talons, deux ou trois hommes, échauffés et alcoolisés, sans doute, la poursuivaient à grands renforts d’insultes et de jurons.

Darya avait gagné ses trois sous en se gerçant les mains dans l’eau froide aujourd’hui. Et ça, ça suffisait pour qu’on veuille les lui prendre, parce que son père avait encore une ardoise interminable à la taverne du coin. Aux tavernes du coin. Et puis il avait cassé le nez d’un autre poivrot la nuit précédente. Ou quelque chose comme ça. Ça ne changeait rien, on en revenait toujours au même.

Darya savait comment leur échapper. Tout irait bien, elle avait l’habitude. Simplement, il fallait réussir à garder assez de distance. Tourner à droite à la cordonnerie, passer sous le chariot du boucher, puis tourner à gau… "Aïe !" Catastrophe. La petite rousse venait de rentrer de plein fouet dans un autre enfant, tout aussi roux. Les deux roulèrent sur la chaussée en une unique boule flamboyante. Darya tenta désespérément de se dépêtrer, prise de panique en entendant les pas se rapprocher derrière elle.

Tu dois être ici assez souvent si tu peux t'orienter avec juste les fissures, s'étonna-t-il. Il pouvait faire de même à l'orphelinat. Il savait quelles marches grinçaient sur l'escalier, quelles planches étaient suspectes de cacher des objets sous le plancher et quels clous risquaient déchirer ses chaussettes. Même dans l'obscurité.

C'est très haut... ? L'échelon qu'il tenait de d'une main était froid et humide. Une goutte tomba dans son visage quand il plissa les yeux vers la lumière pour deviner l'hauteur. C'était pas bien rassurant. Ça mène où ? Et, est-ce qu'elle allait passer devant lui, surtout ?

Il n'avait pas le choix de toute façon. C'était la suivre vers en haut ou rester dans les égoûts. Il n'était pas trop fan des foules, mais l'idée de rester dans ces couloirs noirs et humides n'était pas géniale non plus. Finalement, quand Darya commença à grimper, Pasha suivit assez rapidement. Il tâta les échelons des doigts, faisant bien gaffe de garder prise ferme, puis sorti la tête des égoûts juste après la jeune fille. Ca prit un temps fou pour ses yeux de s'ajuster à la lumière.

Darya monta les échelons, poussa la trappe et émergea hors des égouts, dans une petite ruelle qui donnait sur l'arrière de plusieurs échoppes. Faisant signe au garçon de la suivre, elle se tapit contre un mur pour rester discrète, et pointa les doigts vers une fenêtre, les yeux brillant d'une lueur de triomphe. "Regarde!" Placée en équilibre sur le rebord de la fenêtre, se tenait un grand plateau sur lequel étaient alignées des brioches rondes et dorées.

Les belles brioches ne ressemblaient pas du tout au pain rassis qu'il recevait à l'orphelinat. Pasha en avait les yeux ronds. Il avait presque envie de demander s'il s'agissait bien de pain, ou si c'était quelque chose d'autre. Ça sent bon, avoua-t-il. Les brioches étaient encore chaudes apparemment. Le boulanger (ou la personne qui les avait faites) les avait sûrement placé sur le rebord pour les refroidir.

Pasha avait pas vraiment eu le temps d'enregistrer ce qui venait de ce passer. Darya était repartie sans lui demander son avis. Est-ce qu'elle venait de voler quelque chose ? Est-ce qu'ils venaient de le faire ? Serait-il accomplice aux yeux de Dieu ? Il se rappelle les tapes sur les doigts avec le baton utilisé par les sœurs pour punir les garçons qui se pensaient capable de voler une tranche de pain de plus, et se dit que la punition de Dieu doit être bien pire. T'as... t'as volé !

Il était étonné qu'on lui posait la question. La réponse était évidente. Le fait qu'elle était incertaine le rendait immédiatement moins sûr. Bah... oui, lui répondit-il quand même. Son éducation était bien complète. C'est un des dix commandements. Tu ne déroberas point.

Darya regardait le bout de ses chaussures d'un air triste. "Ha oui... c'est vrai..." marmonna-t-elle, bien désolée qu'on le lui rappelle. Elle le savait bien sûr, elle connaissait les 10 commandements... Mais ça ne l'empêchait pas de trouver ça injuste. Il y avait des gens qui étaient bien plus mauvais qu'elle ! Ses sourcils se froncèrent "Qu'est-ce que tu crois qu'on devrait faire alors ?" Elle n'était pas sûre d'aimer la réponse.

Ah, une question entièrement différente. La Bible disait toujours ce qu'on était supposé faire, mais n'avait pas d'instructions très précise sur quoi faire une fois qu'on avait commit un péché. Se repentir, ça c'est sûr. Pasha était plutôt sûr qu'ils avaient pas le droit de garder ce qu'ils avaient volé non plus. Euh, commença-t-il avec hésitation, je pense qu'on doit rendre la brioche. Et... on doit se repentir.

Pasha fronça les sourcils. Il restait incertain sur ce qu'ils étaient supposé faire, mais son instinct lui dictait qu'en tous cas la réponse de Darya n'était pas la bonne. Non, répondit-il avec un peu plus de certitude. Il ne pouvait pas vraiment l'expliquer. C'était juste un sentiment. Ca serait trop facile. On pourrait commettre n'importe quel péché et juste se repentir après.

On fait demi-tour et tu la donnes à la personne qui les a cuites ! suggère Pasha comme si c'était la chose la plus évidente du monde. Il n'avait pas bien réfléchit aux conséquences, mais il était également persuadé qu'il n'y en aurait pas. Quand on fait tout pour se repentir et qu'on revient sur le droit chemin... y a-t-il vraiment une punition ?

Darya blêmit d'un seul coup, et les traits de son visage s’affaissèrent de peur à la seule idée d'aller rendre les brioches à la personne les ayant cuisiné. Le petite fille secoua vigoureusement sa tête rousse de gauche à droite. "ça va pas ? Il ne faut surtout pas qu'ils nous voient! Ils nous puniraient." Elle se demanda si il avait déjà volé quelque chose, ce garçon là. Il n'avait pas l'air d'imaginer ce qui arrive aux petits voleurs crasseux qui se font pincer.

Pourquoi ? Se faire punir pour prendre de la nourriture sans permission quand c'était explicitement dit qu'on n'avait droit à qu'une seule tranche de pain (comme à l'orphelinat), il comprenait. Mais ce n'était pas le cas pour Darya, qui, selon lui, n'était pas au courant que prendre la brioche serait considéré comme "voler".

Pasha avait l'air encore plus confus qu'avant. Il fronça les sourcils d'incompréhension et ouvrit la bouche comme pour la contredire. C'est juste que, comme Darya, il n'avait pas les mots nécessaires pour s'exprimer. Il savait qu'au fond de lui il n'était pas d'accord avec ce qu'elle disait, mais il ne savait pas exactement pourquoi. C'est probablement pour ça qu'il lui sortit encore une fois ce mot à 3 sens : Pourquoi ?

Mais pourquoi ? enchaîna-t-il. Si elle avait été une des sœurs à l'orphelinat, Pasha se serait tu. Il n'était pas très bavard de base. S'il avait soudainement trouvé la force de sortir plus que deux syllabes par jour, c'est parce que la jeune fille semblait être prête à répondre. Sa frustration ne lui était pas encore clair. Qu'est-ce qu'on a fait ?

Elle ne savait pas. Darya n'en avait franchemment aucune idée. Le réponse logique semblait-être "parce que des fois on les vole". Mais elle ne pouvait se résoudre à dire ça. D'abord, par mauvaise foi, et ensuite, parce qu'il lui semblait que quelque chose manquait dans cette chaine de raisonnement. Le serpent se mordait la queue. Darya enroulait nerveusement l'ourlet de sa blouse autour de son doigt. "Je... je ne sais pas trop..." dit-elle enfin, un peu rouge.

Alors, conclut-il, on n'a pas à craindre une punition. Il n'y avait pas plus logique que ça. A moins que tu t'es déjà fait punir... Mais ça sous-entendait qu'elle avait déjà volé d'autres brioches. Il avait peut-être affaire à une vraie criminèle !