CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : privé
- Type de RP : Flashback : deux ans dans le passé
- Tour de jeu : //
- Délai maximum d'attente de réponse : Une semaine.
- Sauts de tours : //
- Autre : On ne touche pas aux moutons. Oui, même si c'est tout doux.

Anoushka traînait des pieds dans les rues animées du village de campagne. Il y avait pourtant un air de fête en ce dimanche, mais la petite fille n'avait pas le coeur à la joie. Même les moues d'Andrei ne l'avaient pas déridée ; elle avait fui ses amis. Car aujourd'hui, ses grands-parents lui avaient annoncé, les larmes aux yeux et des trémolos dans la voix, que ses parents ne reviendraient pas de Moscou. Plus jamais ; elle l'avait entendu entre les lignes. Sous le coup de la tristesse et du choc, un autre choc s'était révélé à elle : sa zoothropie. La petite fille de cinq ans s'était soudainement retrouvée avec des oreilles et une queue toutes lupines. Elle n'avait pas osé le dire à Dedoula et Baboula. Elle ne savait pas vraiment quoi faire... Alors, en ce dimanche pourtant joyeux, elle traînait des pieds sur un sentier de campagne. Ah oui... Elle avait quitté les maisons colorées du village pour se perdre dans les champs. Ou plutôt, y naviguer à son gré, car elle savait parfaitement s'y orienter. Les odeurs, les bruits, et les nombreux habitants des champs finirent par chasser un temps son angoisse. Quand un papillon se posa près d'elle, elle le prit ainsi en chasse avec sa joie enfantine, son rire de crécelle résonnant dans l'air d'après-midi, au milieu du chant des oiseaux.

Hajar sourit à la petite fille jusqu'au moment où celle-ci trébucha. La jeune fille se précipita vers elle en jurant contre sa robe trop longue. Elle s'agenouilla auprès de la fillette sans prendre garde à ses vêtements. Ça va ? demanda-t-elle doucement pour ne pas effrayer la fillette qui semblait déjà dans un état proche de la panique. Calme toi, tout doux ... respire calmement, ça va passer.

Hajar sourit en voyant la mine bravache de la gamine, elle lui rappelait un peu la sienne de temps en temps. Elle se redressa et épousseta rapidement sa robe. Non, en effet, j'arrive tout droit de Moscou. Je suis ici pour ... une fête. Son hésitation fit passer un voile triste sur ses yeux, mais elle se reprit et sourit. Moi, c'est Hajar. Le prénom de la gamine était vraiment adorable, même s'il ressemblait plus à un surnom qu'autre chose.

La petite parut se crisper à l'entente du nom de la capitale. Hajar se demanda pourquoi mais elle ne posa pas la question, polie. Elle epousseta sa robe rapidement. La question de la fillette la prit au dépourvu. Elle laissa échapper un rire amusé. Je n'en vois pas beaucoup là où je vis. Mais je suis sûre que si tu m'en présente, je vais les adorer.

Ça l'étonnait toujours, ces réponses des gens de la ville. Pas qu'elle en voyait énormément dans le coin perdu où se dressait son village, et plus encore sa maison, mais ces réponses la marquaient à chaque fois. Comment ne pas connaître les moutons ? Sa famille ne pouvait pas vivre sans leur lait, leur viande et leur laine, comme nombre d'autres foyers ici. Anoushka offrit un sourire bancal à Hajar. "Mes moutons zont t'op loin mais v'nez, j'vous montre ceux..." Elle réfléchit un moment et pointant une vague direction vers un autre champ. "... ceux là." Elle savait qu'il y avait un pâturages un peu plus loin. "Zont les moutons de Maksim, un ami à moi. Sa maman fait de beaux habits avec." La petite fille se mit en route d'un pas habitué qui évitait les obstacles du petit chemin abrupt et sinueux ; ses oreilles avaient arrêté de la déranger. Sauvée.

Hajar sourit. Elle sentait la brise fraiche sur son visage et regrettait de ne pas être née en campagne, d'être coincée dans une famille qui ne voulait pas d'elle. Elle soupira, il ne servait à rien de s'apitoyer sur son sort. Un sourire éclaira de nouveau son visage. Elle emboîta le pas de la petite fille, sautillant sur le chemin escarpé. Agacée, elle finit par retrousser sa robe et la nouer sur sa hanche. Voilà ! s'exclama-t-elle ravie. Alors, ces moutons ? fit-elle d'une voix enthousiaste.

"Zont là !" lui répond gaiement Anoushka en sautant sur une barrière pour s'y appuyer, le doigt tendu vers les créatures blanches et laineuses qui paissent sereinement dans le champ. C'est un petit troupeau avec un bélier qui parade entre ses douze-treize brebis et quelques agneaux. Un gros berger du Caucase est couché entre les bêtes ; son pelage foncé se démarque parmi leur blancheur. "Evitez d'aller dans l'enclos, Bélier Noir est pas très très gentil." Elle pointe le chien en parlant. "L'aime trop ses moutons." Mais comme ce ne serait pas amusant de rester à les regarder d'aussi loin, Anoushka se met à les appeler en sifflotant. Quelques agneaux et une jeune brebis curieuse s'avancent rapidement vers la barrière.

Hajar s'agrippa elle aussi à la barrière, elle sourit en voyant les jeunes agneaux gambader entre les boules blanches qu'étaient les moutons. Suivant le regard de la fillette, elle vit le chien et frissonna, ce genre de bête aimait un peu trop grogner après les oiseaux à son goût. Elle tendit ses doigts aux agneaux qui s'approchaient curieux. Ils ne vont pas me manger la main ? demanda la jeune fille, peu désireuse de faire croquer.

"Nooon." Anoushka réfléchit un moment. "Mais, une fois, j'avais mangé un t'uc suké et l'moutons, z'avait essayé d'me mangé l'main. Léchée, d'sûr. Z'avez du suk sur l'main, M'dame ?" Bélier Noir vint rejoindre ses brebis pressées contre la barrière et leur jeta un regard méfiant. Un peu craintive, Anoushka se recula. Sobaka avait accepté la louve, c'était moins le cas de Bélier Noir.

Rassurée, Hajar laissa les agneaux craintifs s'approcher de sa main. Je ne crois pas avoir de sucre sur les mains non ... La fuite des petites boules de laines quand elle parla confirma ses dires : elle n'avait rien d'intéressant à manger. Le gros chien s'approchait, il avait l'air particulièrement tendu. Les yeux fixés sur la fillette, il grognait d'un air menaçant. Olah ! s'exclama Hajar. Qu'est ce que tu lui as fait pour qu'il réagisse comme ça ?

"Euh...." La panique s'installa progressivement. Anoushka restait figée, la voix bloquée par la foule de pensées qui l'agite. Mentir ou ne pas mentir ? Mentir lui permettrait de sauver sa peau, garder sa couverture, mais ce n'est pas bien de mentir, on n'arrête pas de lui dire. Elle sentait ses oreilles fourmiller. Vite, elle devait trouver. Oh ! Elle n'abait qu'à dire une partie de la vérité. "Bélier Noir m'aime pas trop..." dit-elle avec une moue de déception.

Les yeux d'Hajar passaient de la fillette au chien sans comprendre l'animosité soudaine du gardien de troupeau. Elle attrapa la main de la fillette doucement. T'inquiète pas, je suis là. Je comprends pas pourquoi il agit comme ça ... tu n'es pas une menace pour son troupeau, réfléchit Hajar. Enfin, je n'y connais rien aux animaux moi. Sauf aux petits oiseaux comme les bergeronnettes mais ça, elle n'en parlait pas.

Hajar fut étonnée par le courage de la gamine. Elle adressa un regard noir au gros chien noir avant de tourner à nouveau vers Anoushka. Au moins, il t'obéit sans problème, tu as une sacrée autorité. Sobaka, c'est ton chien à toi ? Bélier Noir, maté par la gamine, ramena les brebis, non sans grogner une dernière fois. C'est étrange, songea Hajar, les chiens de bergers sont plutôt pacifiques habituellement.

Hajar remarquait bien le manège de la fillette, elle sentait bien qu'elle avait quelque chose à cacher mais n'allait pas insister, vu la teneur de son propre secret. C'est normal de moins vouloir jouer avec elle si tu grandis. Tu évolues, comme tout le monde. Elle lui sourit doucement. Il va pleuvoir ? C'est pour ça la capuche ? demanda-t-elle un peu inquiète en regardant le ciel.

Anoushka leva un regard très légèrement paniqué vers le ciel. Mais la taïga fut clémente ce jour-là, le ciel s'était assombri, chargé de nuages noirs. "Euh... peut-être bien. T'aimes pas la pluie ? Moi j'adoooore sauter dans l'flaque mais Baboula, elle me gronde tout l'temps si j'le fais. Et toi, t'aimes ça ?" Elle lui adressa un petit sourire timide.

Un grand sourire éclaira le visage à demi-caché d'Anoushka. Elle adorait sauter dans les flaques d'eau et une grande personne venait de lui donner son assentiment. "V'nez, M'dame, on va par là !" Elle pointa une colline à l'horizon. "Chez moi. Comme ça, on peut vite être dans l'chaud." C'est en riant que l'enfant se précipita sur le petit chemin, la frimousse en l'air, attendant les premières gouttes. Elles ne tardèrent pas à tomber, et ce de plus en plus fort.

Hajar la suivit en riant, tenant sa robe à bras le corps, ses bottines coûteuses claquant dans la boue qui commençait à se former. La pluie tombait rapidement et bientôt, elle fut trempée comme une soupe mais ravie. Sa robe collait à sa peau, ses cheveux se plaquaient sur son crâne. Elle n'avait absolument plus l'air d'une jeune fille de bonne famille ! Courant derrière la fillette, elle sautait parfois dans les flaques, amusée.