Il y a la brume bien sûr mais toujours le souvenir de la bagarre et je me réveille en sortant les griffes et en déchirant l'air devant moi. Il n'y a plus personne, je ne suis plus dans une ruelle, je suis totalement désorientée. Je ne sais plus où je suis, l'heure qu'il est. Je saute sur mes quatre pattes, je feule. Je n'accepterais aucune cage. Je DOIS retourner auprès des miens. Nous n'avons que deux ans.

Il se couche. Et laisse la partie en plan, il demandera aux siens de récupérer l'argent chez le malheureux plus tard. "Laissez-nous." Il boit une gorgée de son alcool très fort. "Payée assez, payée par moi, payée pour que tu aies une nuit tranquille. Je te devais bien ça." Il lisse ses moustaches et approche le second verre près d'elle. "Dis moi un peu, qu'est-ce qu'une valeth fait sur Abroa... on est pas très nombreux à atterrir sur la planète humaine..."

"Je suis serveuse." Je ne touche pas à l'alcool, je m'assied façon chat, la tête penchée, les oreilles en avant, la queue prudemment enroulée autour de mes pattes. Mon langage corporel exprime la perplexité, la méfiance, mais également la fin du combat et une certaine forme de communication. Pour autant, je le fixe toujours, je ne baisse pas les yeux, je ne me soumet pas. "Qui es-tu ?"

Je le re-regarde. Les moustaches vers l'avant. Il a de vraies questions. Il n'a peut-être pas oublié d'être un valeth autant qu'on aurait pu le croire. "J'étais jeune. J'ai suivi mon alpha." Et puis les humains me l'ont pris mais ça je ne le dis pas. Ne pas mentir ne veut pas dire tout raconter. "Qu'est ce que tu fous avec des humains. On ne peut pas leur faire confiance."

"Vous m'avez tiré dessus." Je le re-regarde. Là comme ça il a l'air posé, digne de confiance et fier. Mais je n'oublie pas. C'est lâche d'utiliser ce genre de fusil. Et je m'en fiche que ce soient ses humains qui aient agit. Ce sont les siens, c'est à lui de les tenir. En montrant les crocs s'il le faut, c'est pas mon problème.

Il y a un humain qui s'approche. Il ne sent pas bon et les poils de mon échine et de la base de ma queue se dressent mais je prends sur moi et j'écoute l'alpha engueuler son homme de main devant moi avant de briser le fusil. Bien. C'est un début. Je lève la patte et me lèche entre les griffes, nonchalamment pour montrer une décontraction de façade. "Et maintenant quoi" je termine, curieuse de savoir ce qu'on va faire de moi quand même.

Si seulement l'autre n'avait pas été aussi bête. Il a peut-être un bon fond mais Kit ne veux plus le voir. D'ailleurs il a une furieuse envie de sortir un peu pour se dégourdir les pattes. Phos'Il et ses paysages enneigés lui manquent. Ses parents aussi... Sa mâchoire se serre. Mais la jeune femme le tire de ses pensées. Il est surpris mais sourit à demi et sa voix roule dans sa gorge. "J'aurais bien une idée... mais après tout je te dois une faveur. Tu as une nuit de liberté. Que veux-tu faire ?" Il est certes un alpha, mais la femelle est farouche et il lui reste des manières. Encore heureux !

Pour Siparti  

Edit de Sip : C'est ça, un "test", hein ? Bien joué en tous cas 8) +1 cookie !

Dormir. Je veux dormir. J'aime dormir, chez moi, avec mon alpha à moi mais ce que je veux faire, hein, bon. Je regarde l'humain et l'alpha puis repose ma patte. En ce qui me concerne, l'incident est clos. Presque. "Je veux sortir d'ici. Et dormir où je choisirais de dormir. Dans un hôtel. A vos frais." Je me lèche les babines et le fixe. "Et je veux manger aussi." Voyons jusqu'où je peux jouer la culpabilité.