"On va où ? et faire quoi ?" demande Fédor en s'installant. Pas du tout à l'aise avec les véhicules de quelque genre que ce soit d'ailleurs. Il n'a pas l'air franchement jouasse pour le coup.

"En forêt. Nous avons besoin de plantes pour l'infirmerie." Il termine de vérifier les harnachements et monte devant le jeune homme, pédalant pour insérer une dose de charbon dans la machine. Les soufflets se mettent en route et le moteur commence à chauffer. "Vous vous y connaissez en plantes russes? "

"Non j'y connais rien." reconnait Fédor. Il a pas l'air pressé de se mettre en route mais bon il prend sur lui. Il va cueillir des fleurs... fantastiques.

"C'est important. Imaginez, vous êtes en mission, un de vos hommes est blessé, vous n'avez plus de kit d'urgence, les gens vont se tourner vers vous pour trouver des solutions pourtant et la vie de vos camarade en dépend..." Il parle d'une voix calme, sans l'infantiliser, en appelant à son bon sens, espérant qu'il se déride un peu.

"Je sais que c'est important... comme tout le reste." qu'il soupire en se remémorant la liste de tout ce qu'il doit encore apprendre. Il savait que ce serait long... mais à ce point il n'avait pas idée.

"Etre médecin c'est avoir au yeux des autres, un pouvoir quasi divin de vie ou de mort. Les gens s'imaginent que vous pouvez tout faire. Ils s'attendent donc que vous puissiez tout faire. Il faut donc tout faire." répond Lyov avec un peu d'humour mais aussi une lassitude palpable. "On en a pour une petite heure de route. La moitié dans des souterrains. Prêt ?"

Il lève les yeux au ciel... une heure sur cette monture infernale... il a déjà plus envie d'y aller. "En route" qu'il grogne alors en se mettant derrière le Doc. Ses journées commencent à vraiment être courte entre l'entrainement et l'apprentissage du métier de médecin.

Lyov ne s'inquiète pas de la mauvaise humeur de son élève et monte devant. Le SteamGlider se met en route à une vitesse soutenue à travers les tunnels, glissant sans difficulté sur le terrain accidenté. Au bout d'une demi-heure, ils apparaissent quelque part au milieu d'un champ et continuent en plein air, le vent les ralentissant un peu. Ils arrivent finalement dans une clairière. Le médecin rétro-pédale, freine un peu brutalement et pose sa monture contre un arbre. "Ici nous devrions trouver."

Fedor n'apprécie pas vraiment le voyage. Il n'aime pas être passager .. il aime décider de sa vie même lors des transports. Il a presque toujours voyagé à pied d'ailleurs. Lorsqu'enfin il arrive il descend de la monture et s'étire un peu. Ses yeux cependant aux aguets comme toujours. "On cherche quoi exactement ?" qu'il demande ensuite. Quitte à être là autant apprendre.

" De la Consoude, c'est une plante aux larges feuilles vertes mais tu me montreras les plans avant de les cueillir, racine comprise parce qu'elle est proche de la digitale qui est un poison. Du rhodiola, tu reconnaîtras les fleurs jaunes, de la sauge, de la menthe..." il commence à se baisser pour chercher des exemples, ses doigts frôlant la terre. "J'ai des rhodolia ici si tu veux voir à quoi ça ressemble."

Il vient regarder de plus prêt. "D'accord" et il se met à la recherche des dites plantes. "Comment vont les affaires ?" qu'il demande en même temps qu'il cherche.

"Qu'est ce que tu ranges dans les "affaires" jeune homme ?" répond le médecin de son ton bourru habituel mais sans la sécheresse qu'il met lorsqu'il refuse totalement d'envisager la question. Il semble de bonne humeur, occupé à remplir ses sacs de plante, ouvert à la discussion.

"Un peu tout ce qui nous concerne." dit-il tranquillement tout à sa recherche. Il est toujours dans son ton neutre et calme. Sa voix grave et profonde pourrait presque devenir hypnotique s'il savait s'en servir. Mais bon on ne peut pas tout savoir faire et pour le moment il est occupé à apprendre à faire la cueillette.

Ah. C'est qu'il est vague le petit mais curieux. C'est bien qu'il s'intéresse. "L'orphelinat profite de la rentrée d'argent supplémentaire. Vous remercierez votre mécène. Les blessés de l'explosion se remettent. Les différentes opérations se poursuivent. Nous avons un peu de soucis avec les rentrées de matériel médical mais c'est toujours le cas, ils sont bien plus gardés que les autres convois. Et toi, tu te fais à la vie ici ?"

"A peu près." dit-il tranquillement. "La vie dans la LR c'est en effet différent de ce que je vivais avant mais c'est le meilleur moyen pour faire avancer les choses à ce jour." il soupire. "La seule chose gênante c'est qu'il faut que je me fasse plus discret qu'avant."

"J'ai remarqué que tu avais changé ton manteau rouge pour un noir. C'est une bonne chose." Il continue à cueillir les racines et les ranger, pensif. "Tu dois payer le fait d'avoir gardé ton identité. Si tu prenais un pseudonyme, tu pourrais te permettre d'utiliser certains symboles pour graver ton identité dans les esprits. Mais je crois que tu es pour une approche plus subtile et la subtilité ça demande de grands sacrifices."

"Je sais... je mets le manteau rouge pendant les opérations." qu'il précise quand même. "Pour le reste c'est pas trop compliqué pour le moment. Les troupes de la milice sont entrainées certes mais au corps à corps ... ça reste des humains."

"Tant que le vrai travail avance. Changer les mentalités." dit-il doucement. "Je n'avance pas beaucoup sur l'église par contre. C'est un milieu fermé."

"Toujours persuadé que le Vatican est la clef de notre succès ?" demande-t-il sans moquerie, toujours concentré sur ses plantes mais attentif à ses réponses et aux discussions qu'ils avaient eues.

"Toujours." dit-il tranquillement. "C'est une vie encore plus dure que celle que j'avais sur la route. Mais je pense que je vais m'y faire." il cueille tranquillement c'est relaxant comme activité.

"Je n'ai pas tellement d'inquiétude en ce qui vous concerne." Il ne dit pas qu'il en a jamais eu mais l'impatience des débuts a rapidement semblé laisser la place à l'apprentissage d'une nouvelle routine ce qui a rassuré l'irlandais. "Fait quand même attention lorsque tu t'approches d'agents double. Les gens habitués à tromper leur monde tout le temps peuvent tromper n'importe qui. Ne pêche pas par arrogance."