Elle prit légèrement place sur la chaise qu'on lui offrait. Le remerciement la gêna plus qu'il n'aurait dû. "Je vous en prie, je n'ai pas fait grand-chose." C'était l'abomination blanche qui avait terminé les soins et bandé les plaies. De l'affaire, la veuve avait surtout retenu l'humiliation de la chute et de la robe déchirée, et les cauchemars. "Je me porte aussi bien qu'il est possible, je vous remercie."

"Vous avez fait ce qu'il fallait faire et c'est souvent bien plus que ne le peuvent la plupart des gens." Elle avait su prendre sur elle quand il avait fallu et s'écarter quand plus compétente est arrivée. Il avait survécu, il n'en demandait pas plus. Il s'assied à son tour, pas tout à fait en face, juste de trois quart. "Puis-je faire quelque chose pour augmenter votre bien être ?"

Évacuer les lieux était une option presque assez séduisante pour mériter d'être mentionnée. Iekaterina, en dame bien éduquée qu'elle était, sut néanmoins reléguer l'idée au rang de chimère. "Je ne crois pas, je vous remercie. Que puis-je faire pour vous ?" Il n'était certainement pas venu simplement pour la remercier.

Il la regarde. Il n'a pas l'impression qu'elle lui mente. Elle a l'air honnête et fatiguée. Elle ne s'est même pas drapé dans son indignation comme il aime tant parfois. Il soupire, se redresse. "Bien, alors je vais aller avec mon instinct et vous faire offrir une robe. Quelle est votre couleur préférée ?" Il va mieux Moriarty et maintenant qu'il a prit sa décision, son autorité naturelle reprend le dessus. Il n'envisage aucune discussion.

La surprise de la veuve n'était pas feinte. "Vous ne devriez pas... cet argent pourrait être mieux utilisé. Achetez donc le tissu pour les jeunes filles, je vous en prie. Nous en ferons des vêtements pour les petits, ils en ont plus besoin que moi."

"Les jeunes filles auront leur tissu, ne vous inquiétez pas pour cela. Mais là, il s'agit d'une affaire personnelle, sur mes fonds personnels, pas ceux de la Ligue. Pour vous personnellement, pas pour la Directrice de la section Enfance." Il est toujours aussi sérieux mais une lueur de malice brille dans son regard. "Et donc, cette couleur préférée ?"

Elle pinça les lèvres, comprenant qu'il n'abandonnerait pas l'affaire. "Très bien. En ce cas, je me permettrai de vous demander une robe noire."

"Noire ?" Il comprend la symbolique du deuil. Probablement de celui du monde d'avant, de sa vie avant que le démon ne vienne la hanter. Il hoche la tête. "C'est entendu Madame. Une robe noire. Je vous enverrais un tailleurs, à moins que vous ne préfériez sortir l'acheter vous même, nous pourrions nous occuper des enfants pendant un après-midi. Je les prendrais moi-même sous mon aile."

"Je pense qu'il vaut mieux ne mêler aucun tailleur à cette affaire." murmura-t-elle alors. "Je ne tiens pas à être reconnue." Il ne manquait plus qu'un honnête artisan vînt à reconnaître Iekaterina Alexandrovna Sokolova.