Je déboulai comme un fou dans la pièce où se trouvait Ciarán. Il était allongé sur le corps sans vie du chef des pirates. Je suppose que c'était cette ordure ou lui... Il a eu chaud ! Ça va ? lui demandai-je en essuyant mes larmes. Je me détendis un peu... jusqu'à ce que je sente quelqu'un m'agripper par derrière et me plaquer une arme sur la tempe. Lâche ton arme, connard, ou je bute ton pote ! menaça-t-il Ciarán.

Le corps sans vie de mon agresseur tomba lourdement au sol. Un de plus... Je restai un instant figé sur place, les yeux dans le vague. Le désespoir. C'était sans doute ce qui poussait les gens à s’entretuer. Dans un monde voué à sa perte, sans lendemain, sans avenir, sans espoir, pas étonnant que les survivants ne prennent même plus la peine d'essayer de survivre... Je jetai un œil vers Ciarán. A-t-il perdu espoir, lui aussi ? Il semblerait que non. Pourquoi m'aurait-il sauvé sinon ? Merci, fis-je d'une voix blanche.

Le fait que Ciarán se confie à son tour me fit le plus grand bien. Apaisé, je répondis : Apparemment, t'as pas eu une enfance de rêve... désolé... Puis, je me resservis à mon tour du poisson. L'appétit m'était revenu. Nous mangions en silence... sans doute Ciarán s'était-il replongé dans de sombres souvenirs... Je décidai d'essayer de détendre l'atmosphère et demandai sur un ton joyeux : Au fait, tu m'as dit être en mission, tout à l'heure... je peux en savoir plus ? Ça doit être intéressant !

Son discours me toucha en plein cœur. J'eus envie de chialer comme un gosse... mais je me retins. Les vrais héros chialent jamais ! Excellent, j'aurais pas dit mieux ! Je t'y conduis de suite ! Suis-moi ! Allons aider cet homme ! Allons sauver le monde ! Tout enjoué, je me mis à courir vers le Camp... sans même m'en rendre compte. Il était tout de même à une bonne dizaine de kilomètres d'ici...

Globalement satisfait de la réponse de mon dézombizateur d'armes, c'est d'une voix blanche que je lui répondit : Ils meurent tous à cause de moi, les uns après les autres... J'ai commencé par tuer ma mère, puis tous mes proches... et maintenant, l'humanité tout entière ! m'emportai-je en tapant du poing sur la table. Les mâchoires serrées, je le regardai droit dans les yeux. On attend quoi ? Allons vite secourir ce fameux scientifique ! Déjà, je me relevais de ma chaise et me dirigeai à nouveau vers la porte.