Il sourit de plus belle, et fit un geste défaitiste des mains. "Je suppose, oui. Auquel cas votre dossier est quelque part avec mon uniforme." Il se redressa et se pencha en avant sur son bureau, lui jetant un regard perçant. "Est-ce que ça va être un problème ? Est-ce que vous avez mieux à faire que de me donner des réponses que je pourrai lire dans un dossier à un moment ou à un autre ?" Evidemment que non, elle faisait ce qu'il décidait. C'était la beauté de la structure militaire.

Elle le regarda faire, se demandant si il cherchait à l'impressionnée.

- Non ce n'en est pas un. Je pourrais tuer des zootropes par exemple. Mais je vais répondre à vos questions.

Elisabeth s'installa plus confortablement, attendant les questions.

Il sourit. D'une certaine façon, il doutait très fortement qu'elle puisse 'tuer des zootropes par exemple'. Après tout... "Quelle est votre responsabilité principale au sein de la Milice ?" Ce n'était pas la destruction des Démons, il le savait, et il avait une vague idée de pourquoi. Evidemment... "Et d'après vous, pourquoi la Milice pense-t-elle que c'est là la meilleure utilisation de vos capacités ?" Son avis à elle l'intéressait.

- Former les recrues et tuer des zootropes.

Elle pensait que tout cela était une perte de temps pour eux deux. Et aussi accessoirement qu'il l'a prenait pour une faible.

- Hn.. Parce que je suis froide, intransigeante et sévère. Je n'hésite pas à sévir. Je suis pas affectée aux opérations d'appréhension de zootrope car j'ai la main trop lourde mais j'espère que cela va changer.

Question au singulier, réponse au pluriel. Elle semblait pressée de préciser qu'elle pouvait éradiquer le Malin, glissant des remarques à ce sujet dans des réponses à des questions sans rapport, et cela ne surprenait pas trop Teagan. "En moyenne, combien de plaintes contre vos... méthodes d'entrainement, à défaut d'un meilleur mot, pensez-vous que nous recevons tous les mois ?"

- Aucune idée. Mais les hommes qui viennent se plaindre n'ont pas leur place ici. Je ne suis pas leur nounou ni leur mère. Je suis ici pour leur apprendre a se battre et à devenir des soldats. Un zootrope n'aurait pas de pitié pour eux donc je ne vois pas pourquoi est-ce que je devrais leur en faire part.

Elle avait repris son air froid.

En effet, pourquoi montrer une pitié que les Démons ne montreraient pas... C'était une façon intéressante de rejeter la faute sur d'autres personnes, ceci dit. "Je suppose, oui... Combien de vos protégés ont rejoint la Milice, au final ?" Le nombre de gens qui renonçaient attestait de la dureté d'un entrainement. Cependant, ce qui attestait de sa qualité... "Et combien sont encore vivants à ce jour ?"

- Tous.

Pour cela, elle ne mentait pas. Tout ceux qui n'avait pas voulu le faire avait beaucoup trop la trouille d'elle pour ne pas s'inscrire.

- Les 3/4 il me semble. Je reçois de temps en temps les dossiers des morts. Mais la plupart ont été tués par ces zootropes dangereux comme le corbeau ou l'ours.

Tous. C'était vrai. Malgré les plaintes. Encore une contradiction. Avaient-ils trop peur d'elle pour juste partir ? Quant aux morts... "Le corbeau ou l'ours ? Vous pensez à des Démons en particulier ? Des individus remarquables ?" Autant Teagan pouvait voir un Démon ursoïde massacrer un troupier mal entrainé, autant il n'arrivait pas à percevoir la moindre menace dans un volatile de moins de 30 centimètres.

- Oui car j'ai lu les dossiers de leur mort et que ce sont ces Démons qui en sorte le plus souvent. Apparemment oui.

Elle soupira, c'était vrai que ces zootropes posaient un problème au point de vue militaire.. Mais au point de vue révolutionnaire ils étaient d'une grande aide.

Des dossiers d'autopsie qui indiquaient l'identité du tueur. A moins qu'il ne s'agisse d'un mot de code pour un modus operandi particulier, l'idée était... intrigante, à dire le moins. Cette jeune femme en savait bien plus qu'elle ne le laissait paraître, et ce savoir ne lui venait pas d'un quelconque dossier de la Milice. Pas à son niveau, toujours. "Et donc vous lisez toujours scrupuleusement les rapports d'autopsie de feu vos ouailles ? Vous les demandez régulièrement, ou on vous les transmet ?"

- Oui, cela me permet de savoir comment le zootrope procède. Cela me permet aussi de savoir comment mieux entraîner mes hommes comme par exemple lors de la mission qui a eu lieu il y a quelques jours. Je les demandais avant mais maintenant qu'ils savent que je m’intéresse à cela, ils me les transmettent régulièrement. Y compris ceux qui ne sont pas forcément mes hommes des fois.

'Le'. Pas 'les'. Il y avait clairement un zootrope particulier auquel elle pensait. Mais pourquoi faire une telle fixation dessus ? Et surtout, était-ce le corbeau ou l'ours ? Plus probablement le corbeau. C'était celui qui paraissait le plus déplacé, donc le plus intriguant. Et personne ne trouvait étrange qu'une instructrice lise des rapports d'autopsie à volonté ? "A votre avis, quelle mesure de votre position actuelle devez-vous à votre Père ?" Il était près à parier sur 'beaucoup'.

- Hn.. Je lui dois l'entrainement et les connaissances strictes qu'il m'a inculquée. J'ai passé les tests seule et je ne sais pas si il m'a aidée d'une façon ou d'une autre à les réussir. Donc je ne saurais pas répondre exactement à votre question.

Réponse sans danger. Et à côté de la plaque, dans la mesure où elle ne mentionnait là que sa situation deux ans plus tôt, et non sa situation actuelle. De plus en plus intéressant. "Êtes-vous satisfaite de votre situation actuelle ?" Cette petite avait-elle la moindre ambition ?

- J'espère pouvoir monter en grade et prendre plus de responsabilité. Je pense que de monter en grade me permettrait d'éliminer plus de zootropes et de faire un meilleur travail. Même si en tant qu'instructeur apparement je me débrouille plutôt bien.

Bien sûr qu'elle pourrait exorciser plus de Démons. "Il faut savoir : vous préférez exterminer les zootropes où apprendre à nos recrues comment le faire ?" Encore une contradiction qui l'agaçait. Il voulait au moins une réponse claire et franche de la part de cette fille.

- Hn.. D'un côté, apprendre aux recrues comment faire permettrait d'un tuer plus mais... Je préfère nettement tordre le cou d'un zootrope moi même.

Elisabeth sourit légèrement.

Encore ce sourire. Il le lui rendit. Il avait une vague idée de ce que ce sourire signifiait. "Eh bien, je crois que cet entretien a été pour le moins productif. Mais nous n'avons parlé que de vous. Est-ce que vous avez des questions pour moi ?" Ce n'était que justice, après tout, que de lui laisser un tour.

- Des questions pour vous ? Cela paraîtrait déplacé. Vous m'y autorisée vraiment ?

Elle se décroisa les jambes, contente que tout cela se finisse.

Elle décroisa les jambes, cherchant manifestement une fois de plus à le séduire et lui faire baisser sa garde. Il sourit. "Vraiment. Evidemment, il y aura peut-être des questions auxquelles je ne serai pas autorisé à répondre. Mais je ferai de mon mieux pour vous satisfaire."

- Est-ce que vous avez lu mon dossier ? Et comment être vous rentré dans la milice ?

Elle s’intéressait un peu, cherchant à avoir une ou deux informations utiles.

Il fit de nouveau un geste défaitiste des mains, indiquant vaguement son uniforme. "Je croyais que nous avions déjà abordé cette question en profondeur." Il posa les deux bras sur son bureau, les mains jointes. "Quant à mon entrée dans la milice... à pied." Il marqua une pause. "Plus sérieusement, j'ai commencé au plus bas de l'échelle, vers mes 16 ans."

Elle sourit vaguement à la farce avant de reprendre son air sérieux en hochant la tête.

- Qu'est-ce que vous pensez de la présence d'une femme dans la milice ? Et pensez vous qu'elle puisse un jour quitter son poste d'enseigne ?

Elle tenta de sourire à la blague. Tenta. Ca semblait tellement faux. "Je n'y suis pas spécialement opposé. Etant entendu qu'une femme est, par nature, plus faible physiquement qu'un homme, elle est aussi plus agile, ce qui peut s'avérer utile. Plus pédagogue, aussi, peut-être. En bref, tant qu'elle fait le travail et qu'elle le fait bien..." Il lui fit un clin d'oeil. "Il n'y a a pas de raison pour qu'elle reste Enseigne toute sa vie." Ce n'était pas entièrement vrai concernant une Enseigne en particulier, mais bon.