Amorgein, Talfryn, Lyov, Sylomen, Esfir, Daniel, Rwdhr et Astrid in da place !Jeu 02 Juin 2016, 22:40
Réputation du message : 100% (5 votes)
Prénom : Amorgein
Age : 33 ans
Activités : Assistant de Direction/Médical
Centres d'intérêts : Comme un peu tout le monde dans l'univers du RPG j'aime lire, écrire, aller au cinéma, regarder des séries, bref, tout ce qui a trait aux récits en général. J'avoue ne pas être d'une originalité folle dans mes loisirs. Sinon, j'aime bien les jeux vidéos, coloriser des images en noir et blanc, faire des origamis et évidemment jouer, que ce soit sur forum, sur table, sur Skype ou en MMO.
Où j'ai trouvé le forum : Par Partenariats
Un petit mot pour Nano. ? : Inexorablement
Activité à Prévoir : C'est assez aléatoire d'autant plus que je n'ai jamais pratiqué un format aussi court mais je pense pouvoir poster au minimum une fois par semaine. Probablement pas mal plus.
○ Prénom et Nom : Talfryn Cadwallader
○ Nom de code : Newton
○ Age : 16 ans
○ Race : Mutant
○ Alignement : Neutre
○ Métier : Lycéenne
○ Pouvoir :Tal a un léger contrôle du champ gravitationnel sous ses pieds. Ce qui lui permet de marcher sur des surfaces verticales, de sauter super haut, de ne pas tomber trop vite s'il y a quelque chose pas loin ou encore de courir vite voire de bloquer ses ennemis au sol. Malheureusement, ça ne permet pas de voler et sa portée est très courte. A peine un mètre. N'empêche. C'est marrant et on peut faire plein de choses rigolotes avec la gravité.
- Grand ou petit ? Ou entre les deux ? Tal est plutôt petite, n'atteignant pas encore le mètre 60. Mais elle compense en étant très souvent en hauteur. - T’as des signes particuliers ? Rien de particulier, vraiment. Les traces normales d'une vie normale. - Décris-nous un peu ton style vestimentaire : Tal s'habille le plus souvent de longues tuniques colorées qu'elle sert à la taille avcc la première ceinture venue sur un jean slim noir ou blanc ou rouge ou bleu quand elle est sage en haut. Elle est toujours en sandales, quelque soit le temps dehors. Question bijoux, ça dépend des jours, elle peut se mettre une dizaine de bracelets au poignet pour faire du bruit quand elle marche ou se contenter de son simple bracelet de cheville en argent torsadé. - Y a-t-il un objet que tu portes toujours sur toi ? Un bracelet de cheville en argent torsadé qui change souvent de pied mais reste toujours accroché sous le pantalon. |
- T’as Facebook ? Twitter ? Tumblr ? T’es geek ? Rien du tout - j'ai besoin de toucher les trucs moi. Puis j'ai pas le temps.
- Ta famille est cool et fonctionnelle ? Ma famille fait chier. Papa est Professeur et Chirurgien Cardiaque, autant dire "Jamais là" et Maman est avocate, autant dire "Jamais là". Je suis fille unique. Ils sont pas méchants, hein. Ca prend du temps d'être méchant et leur temps, il va à d'autres gens que moi.
- C'est quoi tes passe-temps, dans la vie ? Lire, faire du vélo, courir, grimper partout, faire du roller, re-lire, braver "l'interdit" surtout quand il s'agit d'entrer dans la bibliothèque en cachette et chopper d'autres livres pour les lire en hauteur.
- Une journée normale, pour toi, ça ressemble à quoi ? Je me lève (et je te...ah bah non y a personne), je vais dans la cuisine où y a un mot de ma mère qui dit que voilà voilà, une urgence y a personne. Je mange, je vais au lycée, je suis les cours, je sors du lycée, je fais des trucs dehors genre courir, du vélo, du sport, mes devoirs dans un arbre, je rentre pour le diner quand il n'y a plus de lumières, y a personne, le mot n'a pas bougé, je me fais à bouffer, je lis ou je fais mes devoirs, j'imite la signature de mes parents sur les possibles mots ou trucs officiels, je vais me coucher, y a personne. Le week-end c'est pareil mais la journée au lieu d'être au lycée, je fais la livreuse de chinois à emporter.
- Si tu pouvais passer dans le journal de 20h, qu'aurais-tu à dire ? Rien. La télévision ne fait qu'offrir une image déformée de la réalité et je n'ai pas envie de le cautionner.
- Si tu pouvais devenir mutant (si t'es humain) ou humain (si t'es mutant), tu le ferais ? Non, je suis qui je suis et je suis bien comme je suis
Commençons par le commencement. Je suis née à New York, ouais, sur place, si c'est pas la classe quand même. Mes parents n'avaient pas vraiment prévu que je débarque et quitte à avoir un môme, ils auraient vaguement préféré un garçon. Les garçons ça se montre, ça s'exhibe. Les filles, on sait pas trop quoi en faire. Ils ont bien tenté de me refiler quand même le prénom prévu pour le fils que j'aurais du être – ils sont bien aussi têtus que moi faut leur reconnaître ça _ mais rien à faire, fille je suis, fille je resterais.
En bref, parce que je m'aime bien mais j'aime pas trop raconter ma life (je laisse ça à la dinde de base et son Instagrabook), mes parents sont du genre bosseurs. Du genre 80 heures par semaine bosseurs sans compter les colloques du week-end et les articles à écrire le soir. Je ne les vois jamais. Petite, j'avais des nourrices (des parce qu'elles changeaient souvent), ensuite j'ai eu un précepteur pour m'apprendre des trucs. J'apprends vite. Le truc c'est qu'ils ont pas trop vu le temps passer mes vieux alors j'suis pas allée dans les toutes petites classes. Je suis arrivée, tout le monde se connaissait déjà et je n'avais fréquenté que des adultes. En plus on m'avait collée dans une robe à volant et rubans ri-di-cu-le. Autant vous dire que j'ai eu du mal à faire mon trou. Mais vous savez quoi, au moins ça m'a appris que l'opinion des autres, baaaaaaaah. Rien à carrer. Mon but à moi, c'est d'arriver le plus rapidement possible à une autonomie complète pour me tirer. Puis devenir médecin (ouais, comme papa, vos gueules) et avoir une vraie vie de famille si j'arrive un jour à comprendre comment on fait.
Du coup, toutes ces histoires, que ce soient les attentats entre humains, les problèmes mutants/pas mutants, j'en ai bien entendu parler en passant devant les télévisions ou en cours d'histoire géo mais sérieux, j'ai autre chose à faire. Le communautarisme, très peu pour moi. J'aime pas les gens et je ne les juge qu'avec ce qu'ils me montrent. J'essaie toujours de ne pas me laisser avoir par les préjugés. J'en ai hein, tout le monde en a, mais j'essaie de passer outre. Ma vie se passe de toute façon dans les livres, le sport, et la friteuse à nems. J'ai des camarades, je ne laisse pas assez approcher les autres. J'ai l'habitude d'être seule et on m'a déjà blessée une fois, ça m'a servi de leçon. J'suis sociable, je blablate, je fais mes devoirs en groupe, je ne raconte pas ma vie et je ne me penche pas sur celle des autres. Là. D'toute façon, moi et la pesanteur, on se fait des farces. Parce que oui, je suppose qu'il faut que je vous raconte ça aussi.
J'suis pas vraiment humaine. L'prof X là, le chauve en fauteuil a je crois fait un genre de congrès pour expliquer qu'on est la nouvelle étape d'évolution tout ça. L'darwinisme a montré ses limites si vous voulez mon avis mais osef. J'suis mutante. J'l'ai pas su tout de suite. J'courais vite mais comme je cours tout le temps et que je suis un peu un poids plume ben je trouvais ça normal. Sauter haut aussi. Mais le jour où je me suis retrouvée sur le toit du collège alors que je courais sans regarder devant moi, je me suis dit qu'il y avait baleine sous gravillon. Du coup j'ai fait des recherches et des tests. Il semblerait que je puisse m'amuser avec la gravité. Mon cartable pèse une peau de chagrin je peux vous le dire ! Enfin j'ai pas encore fait tout le tour mais j'y bosse. Je fais mon spider-man parfois à grimper sur les étagères ou marcher au plafond. Ca me sert surtout pour qu'on me foute la paix j'avoue. Du coup, je me demande si mes vieux sont humains ou évolués. J'en sais rien. J'pense pas qu'ils sachent ce que je suis. On en a jamais parlé. On parle jamais vraiment. La dernière fois que j'ai eu une « discussion » avec mon paternel il m'a apprit comment imiter sa signature pour que j'arrête de le saouler avec ma vie scolaire. Maman me laisse des mots que je ne lis pas. Ils sont sur le frigo. Du coup, on a un frigo en papier jaune fluo à bout collant. J'crois que la femme de ménage ose pas les virer.
Voilà ma vie. Lycéenne, fille unique, qui a un petit boulot le week-end comme beaucoup d'adolescent au final. Je ne suis rien de spécial. Juste Talfryn.
○ Prénom et Nom : Lyov Krupin (ou du moins c'est ce que disent mes papiers). Je suis né Cathal Ó Ríagáin. On m'appelle Doc' au quotidien et mon nom de code est Moriarty.
○ Age : 38 ans
○ Race : Zootrope
○ Forme animale : Autruche
○ Métier : Chirurgien/Médecin de la LR.
- Grand ou petit ? Ou entre les deux ? Je ne suis pas très grand, comme souvent les celtes. J'ai une silhouette plus trapue, bien plantée sur la terre de nos ancêtres au point que ni le vent, ni la mer, ni l'anglais ne sauraient nous déraciner totalement. Imposant, je fais plus grand que je ne le suis réellement. - T’as des signes particuliers ? Plusieurs cicatrices décorent ma carcasse. On ne vit pas une guerre sans sortir marqué un peu. La plus visible est celle qui barre mon œil droit. J'ai oublié la bataille qui me l'a offerte. Quelques autres de ses sœurs décorent mes flancs et mon torse. J'ai une brûlure en forme d'étoile sur une cuisse, des traces de knout dans le dos et un trait fin à la base du cou, souvenir d'une corde qui n'a pas été coupée trop tôt. - Décris-nous un peu ton style vestimentaire : Je m'habille avec ce que je trouve, des tenues en cuir brun, de la bonne laine dans des tons verts ou beiges, des chemises de coton épais d'un blanc éclatant. Si je ne réfléchis pas vraiment à l'esthétique de mes tenues, je fais toujours attention à ce qu'elles soient d'une propreté irréprochable et couvrent chaque morceau de peau. Je reste en effet assez pudique et n'aime pas montrer ma peau si ce n'est à mes amantes. Autre particularité, je n'affectionne pas particulièrement les blouses, préférant les tabliers me permettant, au besoin de passer du Doc' au guerrier sans risquer de voir mes mouvements entravés. Je porte toujours sur moi, à ma ceinture, deux dagues, ainsi qu'un couteau de cheville sous mes bottes. - Y a-t-il un objet que tu portes toujours sur toi ? Comme je le disais, deux dagues dont une d'argent (on ne sait jamais ce que le Diable peut nous envoyer) et un couteau de cheville qui sont sur ma table de nuit quand je dors et sur moi le reste du temps. Dehors, j'utilise très souvent le Steamglider qu'une amie m'a construit. Il s'agit d'une sorte de planche avec une selle, un guidon et un système de pédalier très lourd en cuivre, dont le mouvement de pédales alimente une petite fournaise et permet d'utiliser la vapeur pour glisser à quelques mètres au dessus du sol à une vitesse défiant toute concurrence. Petit bémol, l'utilisation de l'engin le déséquilibre un peu et, une fois plein, il est très très lourd. Un prototype a améliorer mais que j'affectionne particulièrement. |
- Tu pries tous les soirs ? Oui. Je prie tous les soirs Dieu d'apporter Amour et Miséricorde à nos ennemis. Je prie pour une acceptation de ce que nous sommes, je prie pour ne pas être un démon, je prie pour ceux que j'aime, ceux qui ne sont plus, pour continuer à essayer de devenir un homme meilleur. Je prie pour trouver la paix, pour la distribuer, pour la fin de la guerre. Je prie Dieu pour qu'il nous regarde enfin et explique à Ses Serviteurs qu'ils se trompent et que l'orgueil et la peur les ont aveuglés. Nous sommes tous Ses Enfants. Zootropes et humains.
- T’aimes les animaux ? 8D J'aime beaucoup les chiens. Je me sens une affinité spéciale avec eux et j'aurais aimé pouvoir en devenir un. Je me sens plus loup qu'autruche. Mais avoir un animal de compagnie me paraît...dégradant. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, je n'ai rien contre les chats et j'ai une peur bleue des guêpes.
- Ton pire souvenir, c’est… ? Je ne suis pas certain d'en avoir, les jours se suivent et me construisent. Quand je repense à mes années passées, je ne vois que mon parcours ou je me resserre un whisky. J'aime mes batailles, j'aime l'adrénaline du combat, j'aime soigner mes camarades, j'aime mes voyages, j'aimais ma famille, j'aimais mon oncle. Mais si je devais choisir un souvenir désagréable de mon passé ce serait ce soir de Novembre où je me suis rendu compte que je ne pourrais plus jamais revenir sur mon Île, que Cathal était mort, vraiment. Lyov est qui je suis à présent. Ce souvenir est aussi celui d'une de mes plus belles cuites.
- A quoi ressemble ton chez toi ? J'ai un sommeil difficilement supportable ce qui fait qu'on m'a accordé des quartiers privés (être médecin, notable ET l'un des premiers de la LR a ses avantages). Il s'agit d'un salon aux lambris chaleureux décoré de cuivre dans lequel on trouve une bibliothèque remplie de livres aux reliures de cuir, un large bureau recouvert de papiers écrits en gaélique en miroir (je n'aime pas qu'on lise mes notes), de tâches d'encre et d'encriers de cuivre. Plus loin, près du cabinet à boissons, se trouve un profond fauteuil de cuir brun devant une table basse. Il y a également une jarre à cookie que je garde garnie de chouquettes du matin pour quand Blackbird passe me faire un petit coucou. Et beaucoup de whiskies différents. Une toute petite chambre jouxte cette grande pièce, contenant un lit de camp, d'autres livres, une malle contenant mes vêtements et mes armes et, enfin, un cabinet de toilettes. Ne jamais oublier l'importance de l'hygiène les enfants, elle peut vous sauver la vie.
- Une journée normale, pour toi, ça ressemble à quoi ? Levé à l'aube ou ce qui s'en rapproche le plus, je fais un brin de toilette, à la façon des chats, taillant ma barbe au plus proche de mon visage. Puis une séance de sport. Il est également important de rester toujours en bonne forme. Ensuite, c'est le premier tour des patients et de l'infirmerie. Au besoin je repasse dans mon salon pour lire sur un cas qui me poserait le doute mais il s'agit le plus souvent de blessures de guerres et je suis devenu très bon pour soigner ces horreurs. Réunion ensuite avec les différents cadres sur la stratégie à employer et les missions à programmer. S'il y en a qui me plaisent, je m'en réserve une ou deux mais, de plus en plus, je laisse ça aux jeunes, me gardant pour les opérations de grande envergure. Un nouveau tour des patients. Je mange un morceau avec mon premier verre de whisky. Encore un tour des patients et, si j'ai le temps, une séance d'entraînement avec les petits jeunes ou un peu d'étude sur la géopolitique du coin. Le soir commence à tomber. Je mets en route le tourne disque et un vieux recueil de chants de noël irlandais avec un nouveau verre. Et puis les patients encore pour les ordres du soir. Je dîne si j'y pense. Un autre verre. Et si je n'ai ni réunion, mission ou rendez-vous galant de prévu, je continuerais à les enchaîner avec mes études jusqu'à ce que sommeil s'en suive. Si l'ennui m'est épargné, je ne boirais pas autant et jamais lorsqu'une opération de grande envergure est programmée. Je ne suis pas alcoolique même si je sais que j'en prends dangereusement le chemin.
- Ok, si tu pouvais devenir Tsar demain, qu’est-ce que tu ferais ? On a bien vu que révoquer les lois anti-zootrope ne mènerait nulle part. Je m'arrangerais pour placer discrètement des sympathisants humains ou zootropes à des postes clefs, gangrenant les organisations de l'intérieur jusqu'à ce qu'elles s'effondrent d'elle-même. Ensuite seulement je m’attellerais à changer les mentalité. Mais dans un univers de répression, l'on ne peut rien construire de correct. C'est Dieu qui fait les miracles. Pas moi.
Ce n'est pas forcer les autres à vous accepter qui est difficile. Pour cela, quelques coups bien placés et des regards calculés suffisent. Le plus dur, c'est de s'accepter soi-même.
Je suis né il y a un peu moins de quarante ans sur la Belle Irlande au tapis vert et aux embruns frappant la pierre. Deuxième fils de mon père, je n'ai pas connu ma mère qui est morte en me donnant le jour, plongeant mon paternel dans un deuil dont je crois qu'il ne s'est jamais remis. J'avais donc un grand frère, Teagan, un homme discret, effacé et manipulateur avec lequel mon caractère explosif s'appariait mal. Nous nous disputions souvent et mes mots et mes poings prenaient, à ma grande honte, trop fréquemment le relais de mes arguments. Nous nous aimions cependant, comme s'aiment les frères, avec haine et compétition, sous le regard dur et sévère de notre père.
Il faut savoir qu'à l'époque, au début des années 60, si la Milice commence à s'installer en Russie, l'Irlande, toujours très catholique possède son propre système de délation, entraînant avec la mort des zootropes, celle de leurs proches également, la superstition voulant que les parents des pauvres diables frappés par cette « malédiction » aient eu des relations contre nature avec les animaux en question. J'ignore comment Père aurait pu trouver une autruche en Irlande mais passons, nous autres, celtes, avons un catholicisme mêlé de supersition.
Ma famille n'était pas en reste. Dénicher les « enfants des lutins » était un jeu dans notre village, encouragé par le curé du coin. Nous nous amusions à cibler ceux qui étaient différents. Si Sean avait les pieds en canard, hop, il était zootrope. Si Aisling avait les dents en avant, n'était-ce pas parce qu'elle se prenait pour un cheval ? Innocents, nous ne l'étions pas totalement mais c'était un jeu, c'était encouragé par les adultes et les enfants désoeuvrés et en groupe sont rarement gentils. Teagan surtout aimait imaginer des suspicions, manipulant le groupe qu'il dirigeait. En bon petit frère, je me mis donc à rassembler autour de moi tous ceux qui n'aimaient pas mon aîné adoré. Les deux fils du maire s'affrontaient par bande interposées dans la poussière du village, se réunissant parfois lorsqu'un vrai zootrope se faisait connaître parce que Dieu c'est quand même important et garder la pureté de nos maisons de pierre était notre vie.
J'avais une dizaine d'année le jour où ce fut mon tour de me transformer. Nous étions à la Ville, Teagan, Père et moi. Notre paternel nous avait laissé sur la place avec une balle pendant qu'il allait faire ses trucs de politique et nous nous « amusions » vaguement à lancer le projectile entre nous jusqu'à ce qu'un GRAND d'au moins une vingtaine d'années n'intercepte notre jouet et ne s'amuse à la broyer dans son point. Que n'avait-il pas fait là. Il ne faut pas toucher à ma balle (quand je vous disais que j'avais des côtés canins). Je montrais les dents, m'approchant de lui alors que mon aîné, plus couard, se cachait dans une ruelle. Pas effrayé par ses trois têtes de plus que moi, je me souviens lui avoir lancé quelques vérités plutôt désagréable sur les loisirs de sa mère à la nuit tombée quand je vis ses yeux s'écarquiller. Au début je pensais que mes insultes avaient porté leur fruit quand je sentis un truc étrange au niveau de mon visage qui se remplissait de plumes.
C'est ma peur qui m'a sauvé la vie. Je me souviens avoir fuit de toutes mes forces le plus loin possible. Je crois que je cherchais surtout à me fuir moi-même mais je n'en avais pas conscience. De longues pattes musclées me permirent d'avaler les miles ce jour là et je courus comme je n'avais jamais couru, droit devant moi, sans réfléchir, jusqu'à ce qu'un point de côté me rappelle que je n'avais jamais été athlète. J'étais sur une route, au milieu de mon île et je n'avais plus de famille. Teagan allait me dénoncer. Teagan qui était mon frère et que j'aimais, allait signer mon arrêt de mort et celui de Père aussi, et peut-être même le sien. Et il le ferait par amour. Dans l'espoir que nos sacrifices achète ma rédemption. Je voulais vivre. Je ne me sentais pas différent de qui j'étais. Et je n'étais pas un démon, j'étais Cathal, jeune irlandais bien catholique, suivant les Commandements, chantant à la Messe, certes, un garçon souvent violent au caractère explosif et entier mais sans réelle méchanceté en lui. Je ne pouvais pas être un démon. Et pourtant, n'avais-je pas tué ma mère à la naissance ? J'avais besoin de réponses. J'avais besoin de bras. Et j'avais besoin de manger quelque chose si j'en croyais mon estomac.
Une famille chrétienne m'a recueillie après la tombée de la nuit. Je leur racontais alors un bobard à base de parents attaqués par des vilains zootropes et moi qui avait fuit parce que j'avais eu peur avant de me perdre tout à fait. Ils me demandèrent si je savais comment les retrouver et je leur expliquais que je devais les retrouver à la foire de Galway. Je n'avais pas encore fait le rapport à l'époque, ne nommant la ville que parce qu'elle n'était pas toute proche de notre village et que je la connaissais pour y avoir été visiter mon oncle Tuathal.
Galway est une belle ville entre plaine et mer renommée pour sa beauté gothique et ses chevaux magnifiques. L'influence religieuse y est peut-être moins prononcée qu'ailleurs, je ne sais pas. A l'époque je ne pensais pas comme maintenant, je vivais la vie dans le présent et une fois arrivée là bas, je me rappelais de l'Oncle et décidait d'aller le voir. C'était un haut prêtre, pas un évêque mais pas non plus curé tout crotté. Je mettrais ma vie entre ses sages mains. Il saurait me dire si j'étais un démon ou non. Si je méritais de vivre ou pas. Et pourquoi un Dieu qui était Amour et Pardon pouvait vouloir exterminé des Cathals qui n'avaient rien fait que vouloir récupérer leurs balles.
Je suis toujours là donc vous pouvez imaginer ce qu'il s'est passé. Tuathal m'a accueilli chez lui. S'il était humain – j'en doute personnellement mais je ne l'ai jamais vu autrement qu'humain – lui aussi s'était posé des questions sur la radicalisation du monde civilisé. Nous avons étudié la Bible ensemble. Il m'a apprit à contrôler ce que j'étais, à le cacher aux yeux des gens. Puis, il m'a offert les plus belles études du monde. Il disait que si j'étais démon et destruction, je devais acheter mon pardon en utilisant les dons que Dieu m'avaient donnés (mon intelligence, mon perfectionnisme, et une main sure) pour aider mon prochain. Médecine était un chemin tout tracé pour moi et me transformerait en notable. Il ne m'a jamais parlé de ma famille. Je ne sais toujours pas à ce jour ce que sont devenus Père et Teagan. Tout comme j'ignore ce qu'est devenu mon oncle Tuathal.
Je revenais du dispensaire un soir quand j'ai vu la porte ouverte. A l'intérieur, un désordre qui ne pouvait être que suspect et des traces de lutte. Avec la poursuite de la radicalisation, je n'avais plus tellement le choix. Cette fois encore, je fuis. Mais je n'avais plus dix ans. J'en avais vingt-deux, une bonne culture latine, grecque et médicale derrière moi, mon animal sous contrôle et je savais derrière quel tableau mon oncle cachait une partie de sa fortune. Je pris mes affaires, mes livres d'étude, mon courage et autant d'argent que possible et quittais mon île, bien décidé à y retourner un jour, quand Dieu ouvrirait les yeux sur les peurs stupides des hommes et se déciderait à y mettre bon ordre.
Je sais, c'est long, mais je pense important que vous compreniez bien mon état d'esprit lorsque je suis devenu Lyov, le lion. Je venais de perdre pour la seconde fois ma famille dans une brume d'inconnu. J'étais perdu dans un pays inconnu dont je ne connaissais ni la langue ni la culture, arraché à mon île bien aimée. Dans cette boue noire, je me traînais dans les bas fond de Moscou, utilisant ma colère comme une arme pour éviter d'être blessé. Je rencontrais bien évidemment de mauvaises fréquentation et mon caractère est tel que je ne suis jamais heureux si je ne peux pas diriger ma propre meute. Alpha jusqu'au bout des ongles disait mon oncle. Une autruche alpha. Le Créateur a parfois le sens de l'humour.
Les années 1880 furent des années de lutte et de construction. Face à un ennemi organisé, soutenu de manière franche par l'Etat, j'avais enfin une vraie raison d'être en colère, une vraie cible contre ma frustration. On m'apprit à me battre. J'appris trop vite. J'appris trop bien. La violence qui fait la fond de mon caractère mêlé à l'agressivité de la fin de mon adolescence me transformèrent. Je reniais Dieu. Je reniais les miens. Je me jetais à corps perdu dans ce combat, soignant les blessés alors que j'étais encore couvert du sang de mes ennemis. Nos groupuscules changeaient en fonction des trahisons et des pertes. J'appris également à connaître les femmes et à trouver dans l'amour un autre assouvissement à ma violence. Mais toujours, toujours je revenais à ma médecine, me justifiant en disant que ma connaissance pointue de l'anatomie faisait de moi un meilleur soldat. Ce n'était pas faux mais c'était surtout le côté « compagnie » de la LR qui me nourrissait. Je devenais fort parce que je n'étais pas seul. Parce que je me sentais responsable de mes camarades. Et parce que je voulais devenir le meilleur d'entre eux. Parce que Lyov était fait pour diriger. Parce que ce n'est jamais tout en haut que l'on est tranquille.
J'aurais pu me perdre dans cette violence. J'aurais pu abandonner à jamais et Dieu, et l'humanité, succomber à ma nature animale, devenir le démon qu'on voulait que je sois. Et j'étais bien parti pour le faire si je n'avais pas rencontré celle qui allait devenir Blackbird.
C'était une mission assez routinière. Rejoindre un convoi, exterminer les gens dedans, récupérer les biens et en profiter sur le dos de l'Etat. Beaucoup de résistance était à prévoir, et j'étais heureux ce jour là de me dire que j'allais pouvoir me dépenser un peu. Je ne vous barberais pas avec le combat mais la rencontre qui s'y fit, entre moi, dagues aux poings, et la gamine brune qui se trouvait dans le wagon dépasse les mots. Devant elle, je me sentis fondre, d'une émotion que je n'avais peut-être jamais ressentie. Une vraie compassion au sens biblique du terme. Je pris la petite dans mes bras pour la mener vers l'extérieur et le monde. Que lui avaient-ils fait, pourquoi, comment, autant de questions pour lesquelles je n'avais pas de réponse. Tout ce que je savais alors c'était que Tuathal avait raison et que la mort n'était pas la réponse à l'oppression. Il me fallait dépasser cette rage. Pour la petite. Pour que ce ne soit pas tout ce qu'elle connaisse.
J'ignorais alors à quel point ma prise de conscience arrivait trop tard.
Si, les années passant, j'ai pu, quant à moi, apprendre à modérer la violence en moi, à canaliser mes idées et à utiliser mon intelligence pour penser en terme de victoire et non en terme de victime, Blackbird a suivi le chemin inverse et qui serais-je, vraiment, pour lui en vouloir. Certes, nous avons les mêmes idéaux tous les deux, la même envie de détruire ceux qui nous ont blessés. Mais sa méthode n'est pas la bonne et je n'arrive pas à l'y en convaincre. Je crains que quelque chose soit brisé en elle. Quelque chose que je ne renonce pas à réparer un jour. En attendant je l'accompagne, tentant parfois de la guider, profitant juste de sa compagnie quand elle me l'offre. Elle est une famille un peu plus proche que le sont les autres. Elle n'est pas non plus ma vie. Ma vie est à la Ligue. Et à l'espoir qu'un jour, zootropes et humains pourront vivre, non pas en harmonie mais au moins sous le regard compatissant du Seigneur. En attendant je soigne et je blesse, j'apprends à guérir et j'enseigne à blesser. Et dans ces contradictions, enfin, je m'aime et m'accepte comme je suis.
Je suis né il y a un peu moins de quarante ans sur la Belle Irlande au tapis vert et aux embruns frappant la pierre. Deuxième fils de mon père, je n'ai pas connu ma mère qui est morte en me donnant le jour, plongeant mon paternel dans un deuil dont je crois qu'il ne s'est jamais remis. J'avais donc un grand frère, Teagan, un homme discret, effacé et manipulateur avec lequel mon caractère explosif s'appariait mal. Nous nous disputions souvent et mes mots et mes poings prenaient, à ma grande honte, trop fréquemment le relais de mes arguments. Nous nous aimions cependant, comme s'aiment les frères, avec haine et compétition, sous le regard dur et sévère de notre père.
Il faut savoir qu'à l'époque, au début des années 60, si la Milice commence à s'installer en Russie, l'Irlande, toujours très catholique possède son propre système de délation, entraînant avec la mort des zootropes, celle de leurs proches également, la superstition voulant que les parents des pauvres diables frappés par cette « malédiction » aient eu des relations contre nature avec les animaux en question. J'ignore comment Père aurait pu trouver une autruche en Irlande mais passons, nous autres, celtes, avons un catholicisme mêlé de supersition.
Ma famille n'était pas en reste. Dénicher les « enfants des lutins » était un jeu dans notre village, encouragé par le curé du coin. Nous nous amusions à cibler ceux qui étaient différents. Si Sean avait les pieds en canard, hop, il était zootrope. Si Aisling avait les dents en avant, n'était-ce pas parce qu'elle se prenait pour un cheval ? Innocents, nous ne l'étions pas totalement mais c'était un jeu, c'était encouragé par les adultes et les enfants désoeuvrés et en groupe sont rarement gentils. Teagan surtout aimait imaginer des suspicions, manipulant le groupe qu'il dirigeait. En bon petit frère, je me mis donc à rassembler autour de moi tous ceux qui n'aimaient pas mon aîné adoré. Les deux fils du maire s'affrontaient par bande interposées dans la poussière du village, se réunissant parfois lorsqu'un vrai zootrope se faisait connaître parce que Dieu c'est quand même important et garder la pureté de nos maisons de pierre était notre vie.
J'avais une dizaine d'année le jour où ce fut mon tour de me transformer. Nous étions à la Ville, Teagan, Père et moi. Notre paternel nous avait laissé sur la place avec une balle pendant qu'il allait faire ses trucs de politique et nous nous « amusions » vaguement à lancer le projectile entre nous jusqu'à ce qu'un GRAND d'au moins une vingtaine d'années n'intercepte notre jouet et ne s'amuse à la broyer dans son point. Que n'avait-il pas fait là. Il ne faut pas toucher à ma balle (quand je vous disais que j'avais des côtés canins). Je montrais les dents, m'approchant de lui alors que mon aîné, plus couard, se cachait dans une ruelle. Pas effrayé par ses trois têtes de plus que moi, je me souviens lui avoir lancé quelques vérités plutôt désagréable sur les loisirs de sa mère à la nuit tombée quand je vis ses yeux s'écarquiller. Au début je pensais que mes insultes avaient porté leur fruit quand je sentis un truc étrange au niveau de mon visage qui se remplissait de plumes.
C'est ma peur qui m'a sauvé la vie. Je me souviens avoir fuit de toutes mes forces le plus loin possible. Je crois que je cherchais surtout à me fuir moi-même mais je n'en avais pas conscience. De longues pattes musclées me permirent d'avaler les miles ce jour là et je courus comme je n'avais jamais couru, droit devant moi, sans réfléchir, jusqu'à ce qu'un point de côté me rappelle que je n'avais jamais été athlète. J'étais sur une route, au milieu de mon île et je n'avais plus de famille. Teagan allait me dénoncer. Teagan qui était mon frère et que j'aimais, allait signer mon arrêt de mort et celui de Père aussi, et peut-être même le sien. Et il le ferait par amour. Dans l'espoir que nos sacrifices achète ma rédemption. Je voulais vivre. Je ne me sentais pas différent de qui j'étais. Et je n'étais pas un démon, j'étais Cathal, jeune irlandais bien catholique, suivant les Commandements, chantant à la Messe, certes, un garçon souvent violent au caractère explosif et entier mais sans réelle méchanceté en lui. Je ne pouvais pas être un démon. Et pourtant, n'avais-je pas tué ma mère à la naissance ? J'avais besoin de réponses. J'avais besoin de bras. Et j'avais besoin de manger quelque chose si j'en croyais mon estomac.
Une famille chrétienne m'a recueillie après la tombée de la nuit. Je leur racontais alors un bobard à base de parents attaqués par des vilains zootropes et moi qui avait fuit parce que j'avais eu peur avant de me perdre tout à fait. Ils me demandèrent si je savais comment les retrouver et je leur expliquais que je devais les retrouver à la foire de Galway. Je n'avais pas encore fait le rapport à l'époque, ne nommant la ville que parce qu'elle n'était pas toute proche de notre village et que je la connaissais pour y avoir été visiter mon oncle Tuathal.
Galway est une belle ville entre plaine et mer renommée pour sa beauté gothique et ses chevaux magnifiques. L'influence religieuse y est peut-être moins prononcée qu'ailleurs, je ne sais pas. A l'époque je ne pensais pas comme maintenant, je vivais la vie dans le présent et une fois arrivée là bas, je me rappelais de l'Oncle et décidait d'aller le voir. C'était un haut prêtre, pas un évêque mais pas non plus curé tout crotté. Je mettrais ma vie entre ses sages mains. Il saurait me dire si j'étais un démon ou non. Si je méritais de vivre ou pas. Et pourquoi un Dieu qui était Amour et Pardon pouvait vouloir exterminé des Cathals qui n'avaient rien fait que vouloir récupérer leurs balles.
Je suis toujours là donc vous pouvez imaginer ce qu'il s'est passé. Tuathal m'a accueilli chez lui. S'il était humain – j'en doute personnellement mais je ne l'ai jamais vu autrement qu'humain – lui aussi s'était posé des questions sur la radicalisation du monde civilisé. Nous avons étudié la Bible ensemble. Il m'a apprit à contrôler ce que j'étais, à le cacher aux yeux des gens. Puis, il m'a offert les plus belles études du monde. Il disait que si j'étais démon et destruction, je devais acheter mon pardon en utilisant les dons que Dieu m'avaient donnés (mon intelligence, mon perfectionnisme, et une main sure) pour aider mon prochain. Médecine était un chemin tout tracé pour moi et me transformerait en notable. Il ne m'a jamais parlé de ma famille. Je ne sais toujours pas à ce jour ce que sont devenus Père et Teagan. Tout comme j'ignore ce qu'est devenu mon oncle Tuathal.
Je revenais du dispensaire un soir quand j'ai vu la porte ouverte. A l'intérieur, un désordre qui ne pouvait être que suspect et des traces de lutte. Avec la poursuite de la radicalisation, je n'avais plus tellement le choix. Cette fois encore, je fuis. Mais je n'avais plus dix ans. J'en avais vingt-deux, une bonne culture latine, grecque et médicale derrière moi, mon animal sous contrôle et je savais derrière quel tableau mon oncle cachait une partie de sa fortune. Je pris mes affaires, mes livres d'étude, mon courage et autant d'argent que possible et quittais mon île, bien décidé à y retourner un jour, quand Dieu ouvrirait les yeux sur les peurs stupides des hommes et se déciderait à y mettre bon ordre.
Je sais, c'est long, mais je pense important que vous compreniez bien mon état d'esprit lorsque je suis devenu Lyov, le lion. Je venais de perdre pour la seconde fois ma famille dans une brume d'inconnu. J'étais perdu dans un pays inconnu dont je ne connaissais ni la langue ni la culture, arraché à mon île bien aimée. Dans cette boue noire, je me traînais dans les bas fond de Moscou, utilisant ma colère comme une arme pour éviter d'être blessé. Je rencontrais bien évidemment de mauvaises fréquentation et mon caractère est tel que je ne suis jamais heureux si je ne peux pas diriger ma propre meute. Alpha jusqu'au bout des ongles disait mon oncle. Une autruche alpha. Le Créateur a parfois le sens de l'humour.
Les années 1880 furent des années de lutte et de construction. Face à un ennemi organisé, soutenu de manière franche par l'Etat, j'avais enfin une vraie raison d'être en colère, une vraie cible contre ma frustration. On m'apprit à me battre. J'appris trop vite. J'appris trop bien. La violence qui fait la fond de mon caractère mêlé à l'agressivité de la fin de mon adolescence me transformèrent. Je reniais Dieu. Je reniais les miens. Je me jetais à corps perdu dans ce combat, soignant les blessés alors que j'étais encore couvert du sang de mes ennemis. Nos groupuscules changeaient en fonction des trahisons et des pertes. J'appris également à connaître les femmes et à trouver dans l'amour un autre assouvissement à ma violence. Mais toujours, toujours je revenais à ma médecine, me justifiant en disant que ma connaissance pointue de l'anatomie faisait de moi un meilleur soldat. Ce n'était pas faux mais c'était surtout le côté « compagnie » de la LR qui me nourrissait. Je devenais fort parce que je n'étais pas seul. Parce que je me sentais responsable de mes camarades. Et parce que je voulais devenir le meilleur d'entre eux. Parce que Lyov était fait pour diriger. Parce que ce n'est jamais tout en haut que l'on est tranquille.
J'aurais pu me perdre dans cette violence. J'aurais pu abandonner à jamais et Dieu, et l'humanité, succomber à ma nature animale, devenir le démon qu'on voulait que je sois. Et j'étais bien parti pour le faire si je n'avais pas rencontré celle qui allait devenir Blackbird.
C'était une mission assez routinière. Rejoindre un convoi, exterminer les gens dedans, récupérer les biens et en profiter sur le dos de l'Etat. Beaucoup de résistance était à prévoir, et j'étais heureux ce jour là de me dire que j'allais pouvoir me dépenser un peu. Je ne vous barberais pas avec le combat mais la rencontre qui s'y fit, entre moi, dagues aux poings, et la gamine brune qui se trouvait dans le wagon dépasse les mots. Devant elle, je me sentis fondre, d'une émotion que je n'avais peut-être jamais ressentie. Une vraie compassion au sens biblique du terme. Je pris la petite dans mes bras pour la mener vers l'extérieur et le monde. Que lui avaient-ils fait, pourquoi, comment, autant de questions pour lesquelles je n'avais pas de réponse. Tout ce que je savais alors c'était que Tuathal avait raison et que la mort n'était pas la réponse à l'oppression. Il me fallait dépasser cette rage. Pour la petite. Pour que ce ne soit pas tout ce qu'elle connaisse.
J'ignorais alors à quel point ma prise de conscience arrivait trop tard.
Si, les années passant, j'ai pu, quant à moi, apprendre à modérer la violence en moi, à canaliser mes idées et à utiliser mon intelligence pour penser en terme de victoire et non en terme de victime, Blackbird a suivi le chemin inverse et qui serais-je, vraiment, pour lui en vouloir. Certes, nous avons les mêmes idéaux tous les deux, la même envie de détruire ceux qui nous ont blessés. Mais sa méthode n'est pas la bonne et je n'arrive pas à l'y en convaincre. Je crains que quelque chose soit brisé en elle. Quelque chose que je ne renonce pas à réparer un jour. En attendant je l'accompagne, tentant parfois de la guider, profitant juste de sa compagnie quand elle me l'offre. Elle est une famille un peu plus proche que le sont les autres. Elle n'est pas non plus ma vie. Ma vie est à la Ligue. Et à l'espoir qu'un jour, zootropes et humains pourront vivre, non pas en harmonie mais au moins sous le regard compatissant du Seigneur. En attendant je soigne et je blesse, j'apprends à guérir et j'enseigne à blesser. Et dans ces contradictions, enfin, je m'aime et m'accepte comme je suis.
○ Prénom et Nom : Sylomen Medecyr
○ Age : 26 ans
○ Race : Humain
○ Planète : Rin
○ Métier : Capitaine dans l’Alliance Galactique
- Grand ou petit ? Ou entre les deux ? Sylomen est assez grand et présente une musculature que ne pourraient pas renier son sergent instructeur. Conscient que son corps est une arme et propriété de l’Armée comme le reste, il en prend grand soin, passant plusieurs heures par jour dans la salle de sport. Il n’est pas toutefois le plus baraqué du vaisseau, ni le plus grand et, très sincèrement, ça lui est bien égal. - T’as des signes particuliers ? Comme il ne parle que très peu souvent, Sylomen a une voix très grave et un peu rauque comme s’il venait juste de fumer. Ses poumons, blessés par la pollution de sa planète natale ont en effet beaucoup souffert et cela s’entend. Physiquement cependant, à part des taches de rousseurs au soleil, il n’y a rien de notable. - Décris-nous un peu ton style vestimentaire : Sylomen porte l’uniforme. Et, quand il ne le porte pas, il porte l’uniforme du civil local. Parce que choisir comment s’habiller, c’est chiant. - Y a-t-il un objet que tu portes toujours sur toi ? Outre les insignes dûes à sa charge, Sylomen porte un chapelet en bois autour de son poignet gauche quand il est de repos, attaché à sa ceinture quand il est en service. C’est un souvenir de sa sœur. |
- Où te planques-tu ? (vaisseau, station orbitale, planète, etc.) Où ses ordres lui disent d’aller. Le plus souvent dans un vaisseau mais parfois lors de missions au sol.
- Tu joues au poker (si si) avec un poulpe violet, un Xzblorg, un tapis qui parle et un droïde à tête de canard. Qui est-ce que tu surveilles ? Il surveille la porte. Il faut toujours surveiller la porte. Le jeu est moins important que l’ennemi.
- Dans les cantinas, qu'est-ce qu'on dit de toi ?
- Donc, lui là, il parle pas. Faut pas le prendre mal, et d’ailleurs c’est mieux comme ça, quand il parle, ça porte malheur.
- Va pas l’ennuyer, c’est un officier de l’armée, on l’a vu tuer des gens sans lever un sourcil.
- Il est trop con pour discuter les ordres. Il cherche même pas, y en a qui disent que c’est un cyborg mais on a jamais pu le prouver
- Et on a jamais vu un cyborg jouer si mal aux cartes.
- Au fond, il est pas méchant, il n’est pas susceptible, ni spécialement violent, et il va aller loin avec son habitude à pas poser de questions, vaut mieux être de son côté.
- Mais sérieux, je préfère être moi que lui. Il est gentil hein, mais un peu con.
- Enfin y en a qui disent qu’il faudrait se méfier quand même, c’est pas normal un gars qui parle si peu.
- Les lois, la politique, la Confédération du Commerce, l'écologie... t'en penses quoi de tout ça ? Il n’en pense rien. On ne le paye pas pour penser mais pour obéir.
- Une journée normale, pour toi, ça ressemble à quoi ? Sylomen se lève à 0600 heure standard. Il fait ses pompes, prend sa douche pour se retrouver au mess à 0700 avec une tasse de café. Il prend connaissance de ses ordres de la journée, les exécute. En cas d’absence d’ordre spécifique, il se réfère au protocole de l’endroit où il se trouve. Il déjeune légèrement à 1200, reprend son poste à 1300, le quitte à 1900, s’offre un nouveau café au bar de la station/planète/vaisseau afin de se « sociabiliser », son dernier rapport lui reprochant de ne pas assez partager avec ses camarades. Il dîne à 2030 et retourne dans ses quartiers à 2100 pour une extinction des feux à 2200 au plus tard. Tous les jours.
- Si tu trouves la planète Alpha, qu'est-ce que tu fais ? Pour Sylomen, Alpha Perdu ne sera jamais trouvée que trop tard. S’il la trouve, il en fera ce que ses supérieurs lui diront d’en faire. Les rêves n’existent que pour être détruits et remplacés par d’autres.
Sylomen est né sur Rin, un petit astéroïde minier, à la base peuplé uniquement d’humains pour pouvoir extraire ses richesses. Avec le temps, les gaz rejetés par les exploitations ont totalement pollué l’atmosphère, bloquant partiellement la lumière du soleil, en faisant un caillou gelé aux gaz nocifs. Mais qui s’intéresse à un petit caillou qui n’est même pas une planète ? Qui se soucie d’une poignée d’enfants qui tousse tant que les hydrocarbures arrivent à temps ? Personne. Et sur la surface gelée, battue par le blizzard, les vieilles infrastructures tiennent du mieux qu’elles peuvent, bricolées par les ingénieurs, durant leur temps libre.
Il n’était pas malheureux, pourtant, Sylomen. Si les couloirs rouillés étaient son terrain de jeu, il restait un enfant comme les autres, peut-être un peu plus sage et un peu plus silencieux mais jouant et apprenant avec ses camarades et surtout sa petite sœur Orha, une petite fille lumineuse, heureuse et vive qu’il aimait par-dessus tout.
La pollution avait caché le soleil de Rin. Et la pollution enleva celui de Sylomen, emportant Orha au terme d’une maladie assez courante dans la station mais qu’il était impossible de soigner, faute de matériel. Très abattu par la disparition de sa sœur, le jeune homme de tout juste treize ans arrêta de parler, de se nourrir, de se réveiller. Ses parents, inquiets de perdre leur seul autre enfant utilisèrent alors tout le crédit qu’ils purent trouver pour l’envoyer au loin, lui changer les idées, le changer d’atmosphère. Et c’est ainsi qu’un gamin de Rin, sans rien de spécial, intégra une école militaire.
Là-bas, on ne le laissa pas être triste. C’était interdit. De l’autre côté, si on vous obligeait à vous lever, on vous disait quoi porter, quand manger, quoi dire. Et dans la brume de sa tristesse, Sylomen se rendit compte qu’il pouvait vivre comme ça. A obéir simplement. Alors, c’est ce qu’il fit. Il passa ses classes, ses bulletins élogieux ne déplorant que son manque d’initiative et son peu de sociabilisation. A quoi bon s’attacher à des gens qui vont mourir ? A quoi bon s’attacher ? Petit à petit, cependant, il apprit à vivre sans qu’on le lui dise. La routine prenait le pas sur les ordres et il arrivait à s’ordonner tout seul de se lever, s’habiller, de manger. Et puis, les mots se remirent à sortir. Pas souvent. Rarement pour dire des choses mais au moins, il sut répondre aux ordres et même en donner. Le temps de finir sa formation, on l’avait nommé sous-officier et envoyé sur un vaisseau.
Le temps passa. Les missions aussi. Sylomen s’aperçu que s’il ne se remettait toujours pas de la mort de sa sœur, il n’avait pas de problème à ôter la vie si les circonstances (à savoir les ordres) le demandaient. Il devint bon tireur, moins bon pilote puisque c’est un poste qui demande des initiatives. Sans se faire vraiment d’amis dans ses différentes affectations, il ne s’y fit pas vraiment d’ennemis, acceptant la domination des caïds sans plus d’efforts que celle de la hiérarchie. Evidemment, il monta en grade, encore. Et on murmure au mess des officiers que ce n’est pas fini.
○ Prénom et Nom : Esfir Ivanovna Alkaev
○ Age : 17 ans
○ Race : Humain
○ Forme animale :
○ Métier : Jeune fille bien élevée
- Grand ou petit ? Ou entre les deux ? Je suis un peu plus grande que la moyenne. Ma silhouette est normale, un peu plus athlétique qu'on pourrait le croire à cause de la vie à la campagne. J'ai plutôt bonne mine, même si la pâleur est à la mode – la campagne encore. Si je sais bien m'apprêter quand les circonstances le veulent, je ne suis pas de celles qui perdent leur vie avec une tenue mal ajustée. - T’as des signes particuliers ? J'ai une cicatrice en forme de grosse demi-lune a l'extérieur de la cuisse droite, cadeau d'un cheval qui n'avait pas vraiment envie d'être monté. Père était furieux. Par chance personne ne verra cette marque avant le mariage. - Décris-nous un peu ton style vestimentaire : Je m'habille en fonction de l'événement. Lorsque celui-ci demande grandes robes de satin et de soie, je le fais, lorsqu'il s'agit de monter en amazone, je le fais. Une robe d'intérieur plus légère me sied tout aussi bien. Je reste bien évidemment toujours décente, il n'est pas question de porter des pantalons, de dévoiler mes chevilles ou ma nuque mais dans l'absolu, je ne suis pas de celles qui passent des heures à choisir leur toilettes. Je porte cependant souvent un bleu roi qui gomme le gris de mes iris et que mes parents aiment me voir porter. - Y a-t-il un objet que tu portes toujours sur toi ? Un petit médaillon doré autour de mon cou. J'ai également un éventail en bois de rose contre l'étouffement (le port du corset n'est pas toujours aisé) et les odeurs parfois nauséabondes de la ville. Mon missel ne quitte pas mon aumônière et un chapelet n'est également jamais loin. |
- Tu pries tous les soirs ? Tous les soirs au pied de mon lit, tous les dimanches à la messe. Je n'ai rien à demander pour moi mais au cas où Il écoute, je prie pour les pauvres qui peuplent nos ruelles, pour les enfants attirés par une mauvaise vie, et pour que le démon soit bientôt défait dans la Gloire du Seigneur.
- T’aimes les animaux ? 8D Oui bien sûr. Et contrairement à ce que l'on pourrait croire, j'adore les chevaux et suis une fine cavalière; Les chiens les plus féroces ne me font pas reculer, les chats m'apportent leurs chatons. Je ne chante pas avec les oiseaux en me coiffant le matin mais vous voyez l'idée.
- Ton pire souvenir, c’est… ? Le jour où ils ont rapporté le corps inanimé de mon frère aîné à la maison. Il avait fait une mauvaise chute de cheval et s'était fortement frappé la tête. Le médecin n'était pas rassurant. Par bonheur, il a survécu quasiment sans séquelles. Dieu soit loué.
- A quoi ressemble ton chez toi ? Je vis toujours chez mes parents. En ville, nous avons un hôtel particulier donnant sur la Place Rouge. Ses pièces étriquées sont décorées avec goût mais n'arrivent pas à chasser l'impression d'étouffement de la Ville. Sur nos terres, notre manoir est beaucoup plus grand et si tout y est plus rustique, je m'y sens mieux. Ma chambre là bas est tendue de draperies bleu roi, la couleur que mes parents m'ont attribuée. Il y a une grande bibliothèque où j"aime à me cultiver une fois mes travaux de broderie terminés. Les écuries contiennent plusieurs chevaux et il m'arrive de m'échapper un peu au carcan du Monde pour venir jouer à la paysanne et discuter avec les palefreniers. J'aime discuter avec d'autres personnes venus d'autres milieux, c'est enrichissant et, ainsi, je connais tous les anniversaires, tous les ragots et toutes les romances de ceux qui peuplent les terres de mon père.
- Une journée normale, pour toi, ça ressemble à quoi ? A hier et à demain. Je me réveille tôt, je fais ma toilette, j'aide ma mère aux travaux de la maison. Je fais un peu de musique et lit mon bréviaire, mes travaux d'aiguille ou de peinture me prennent une grande partie de l'après-midi. Lorsque je les ai terminés, j'aime à me cultiver dans la bibliothèque paternelle ou en discutant avec mon frère qui ne pense pas, lui, qu'une femme ne doit pas avoir d'opinion. Evidemment tout ceci s'arrête avec le retour de père et je reprends des activités plus convenables jusqu'au soir ou, selon la présence ou non d'un bal, je m'habille et danse ou reprend mes travaux de couture.
- Ok, si tu pouvais devenir Tsar demain, qu’est-ce que tu ferais ? Une femme ne peut pas devenir Tsar. Mais distinguée par celui-ci, je ferais mon possible pour l'épauler, cherchant à user de mon influence pour alléger un peu le fardeau des plus démunis et des oubliés - mais pas des démons, ceux-ci doivent être exorcisés par l'Eglise afin que leur âme immortelle puisse être sauvée.
Mon histoire pourrait être l'histoire d'une bonne dizaine d'autres filles. Rien ne la rend unique si ce n'est que c'est la mienne. Esfir Ivanovna Alkaev. Première fille et second enfant de mon père, Ivan Akimovitch Alkaev. Si vous fréquentez un peu la haute société, vous avez reconnu le nom, sinon, cela n'importe peu. Disons que mon père est haut placé dans la cour du Tsar. Un de mes ancêtre aurait sauvé la vie d'un de leurs ancêtre et le service a été fortement récompensé. De bons mariages et une loyauté sans faille ont cimenté cette union. Père fait très attention à ce que nous gardions notre statut mais il n'est pas de ces coureurs d'honneurs qui pullulent à la cour. Notre mission principale consiste à faire fructifier nos terres en prenant soin des gens qui y habitent. Il n'est de bons murs que de bons hommes et la loyauté se paie avec de la confiance et du respect. Chez nous, chacun a sa place mais si nous ne sommes pas égaux devant la société, tous sont traités en êtres humains et je ne peux que valider cette éducation que l'on m'a donné. Seuls les malheureux ayant été infectés par le démon sont chassés et même alors, nous ne les torturons pas, nous ne les condamnons pas. Nous les rendons à l'Eglise afin qu'elle fasse son travail et sauve l'âme immortelle de ces malheureux pêcheurs.
J'aime énormément mon père, ma mère, mon frère aîné, Daniil Ivanovitch et même ma jeune sœur Irina Ivanovna. Nous sommes nés tous les trois à la campagne où nous avons grandis ensemble. Daniil est un jeune homme en pleine force de l'âge, d'un an mon aîné qui aime rire, le sport, la guerre, les chiens, la vie, les femmes je suppose aussi bien qu'il ne m'en parle guère. Ce ne serait pas convenable. Ma petite sœur Irina est un peu comme lui, nous nous entendons moins bien, elle a un fort caractère et aime jouer de ses charmes encore enfantins pour manipuler son monde. Je crains que du jour où elle deviendra femme, la cour soit un lieu bien moins sûr. Ce n'est toutefois rien de très grave et nous nous lions et nous délions comme le font les frères et les sœurs de toutes les familles du monde, je suppose.
J'ai donc grandit là. Parfois, la famille Sokolova venait nous tenir compagnie. Leur mère, Iekaterina était une amie de la mienne et nous jouions, enfants avec ses enfants, apprenant avec tristesse les départs anticipés de cette famille frappée par le destin. L'on m'a dit que le père, Roman était mort et qu'en allait soigner sa dépression, l'amie de ma mère avait eu un accident de carrosse ou quelque chose dans ce genre là. Cela m'a attristé mais n'a pas changé grand chose à ma vie. Leur dernier rejeton vivant est à présent trop âgé pour perdre du temps avec des demoiselles et trop jeune pour nous courtiser. Les choses de la vie. J'étais heureuse dans notre manoir campagnard de Russie. Et puis j'ai eu quatorze ans, et je suis devenue femme, et la sauvageonne a bien dû se ranger.
Ma présentation à la cour fut une catastrophe. Si je suis assez sociable en tête à tête, la foule me donne des bouffées de chaleur et des sueurs froides. Au bout de cinq minutes au Palais, j'ai eu l'impression d'étouffer. Je crois que sans ma peur du ridicule, j'aurais réellement tourné de l'oeil. D'ailleurs, tout le monde m'a complimenté sur la pureté de mon teint, moi qui prend si facilement le soleil. Je devais être pâle comme la mort. Heureusement que c'était à la mode. Je ne me souviens pas vraiment de ce que j'y ai fait ou de ce qui y fut dit. Je réussis à me maintenir debout, à sourire et même à m'avancer et à faire ma révérence mais le reste échappe à ma mémoire. Dani me soutient que l'on a dansé ensemble. J'hésite à le croire. Je pense m'être très vite perdue dans les couloirs de l'immense résidence pour ne croiser personne et reprendre mon souffle. Depuis, rien que l'idée d'aller à Moscou, ce que l'on fait pourtant régulièrement – il faudra bien me trouver un époux tôt ou tard – m'étouffe. Je n'aime pas ses rues sombres, ses artères noires de monde, ses odeurs. J'espère que l'homme qu'on me choisira aura une propriété à la campagne et qu'il me laissera y vivre à ma guise, réorganisant son intérieur, apprenant à connaître et à respecter ses hommes. J'espère que ce sera quelqu'un que je pourrais respecter. Et qu'il ne me forcera pas à faire mon chemin à la cour.
J'aime énormément mon père, ma mère, mon frère aîné, Daniil Ivanovitch et même ma jeune sœur Irina Ivanovna. Nous sommes nés tous les trois à la campagne où nous avons grandis ensemble. Daniil est un jeune homme en pleine force de l'âge, d'un an mon aîné qui aime rire, le sport, la guerre, les chiens, la vie, les femmes je suppose aussi bien qu'il ne m'en parle guère. Ce ne serait pas convenable. Ma petite sœur Irina est un peu comme lui, nous nous entendons moins bien, elle a un fort caractère et aime jouer de ses charmes encore enfantins pour manipuler son monde. Je crains que du jour où elle deviendra femme, la cour soit un lieu bien moins sûr. Ce n'est toutefois rien de très grave et nous nous lions et nous délions comme le font les frères et les sœurs de toutes les familles du monde, je suppose.
J'ai donc grandit là. Parfois, la famille Sokolova venait nous tenir compagnie. Leur mère, Iekaterina était une amie de la mienne et nous jouions, enfants avec ses enfants, apprenant avec tristesse les départs anticipés de cette famille frappée par le destin. L'on m'a dit que le père, Roman était mort et qu'en allait soigner sa dépression, l'amie de ma mère avait eu un accident de carrosse ou quelque chose dans ce genre là. Cela m'a attristé mais n'a pas changé grand chose à ma vie. Leur dernier rejeton vivant est à présent trop âgé pour perdre du temps avec des demoiselles et trop jeune pour nous courtiser. Les choses de la vie. J'étais heureuse dans notre manoir campagnard de Russie. Et puis j'ai eu quatorze ans, et je suis devenue femme, et la sauvageonne a bien dû se ranger.
Ma présentation à la cour fut une catastrophe. Si je suis assez sociable en tête à tête, la foule me donne des bouffées de chaleur et des sueurs froides. Au bout de cinq minutes au Palais, j'ai eu l'impression d'étouffer. Je crois que sans ma peur du ridicule, j'aurais réellement tourné de l'oeil. D'ailleurs, tout le monde m'a complimenté sur la pureté de mon teint, moi qui prend si facilement le soleil. Je devais être pâle comme la mort. Heureusement que c'était à la mode. Je ne me souviens pas vraiment de ce que j'y ai fait ou de ce qui y fut dit. Je réussis à me maintenir debout, à sourire et même à m'avancer et à faire ma révérence mais le reste échappe à ma mémoire. Dani me soutient que l'on a dansé ensemble. J'hésite à le croire. Je pense m'être très vite perdue dans les couloirs de l'immense résidence pour ne croiser personne et reprendre mon souffle. Depuis, rien que l'idée d'aller à Moscou, ce que l'on fait pourtant régulièrement – il faudra bien me trouver un époux tôt ou tard – m'étouffe. Je n'aime pas ses rues sombres, ses artères noires de monde, ses odeurs. J'espère que l'homme qu'on me choisira aura une propriété à la campagne et qu'il me laissera y vivre à ma guise, réorganisant son intérieur, apprenant à connaître et à respecter ses hommes. J'espère que ce sera quelqu'un que je pourrais respecter. Et qu'il ne me forcera pas à faire mon chemin à la cour.
○ Prénom et Nom : Daniel Roux
○ Age : J'avais 33 ans le jour de l'Apocalypse
○ Lieu de vie : La Ferme aux Biquettes, une maison dans les bois entourée d'une clôture électrifiée s'il vous plaît, au bord d'un torrent, pas trop loin du camp, pas trop près non plus
○ Occupation : J'élève les Biquettes. Je fais du lait de Biquette, du yaourt de Biquette, du fromage de Biquette, du beurre de Biquette, j'ai un sac plein de poil de Biquette qui fait oreiller, j'fais aussi du schnouf* et de la shnôle** mais ça, faut pas le dire aux officiels. Si je savais faire, je ferais bien des vêtements de Biquette mais j'en suis pas là encore. Avant, dans le monde moderne, j'avais un master de chimie et j'étais cadre dans une boite-à-la-con.
* Le shnouf est une poudre à base de crottes de Biquette que j'ai inventée qui s'allume et se respire pour du bien être ga-ran-ti. J'promet rien sur les effets à long terme par contre, j'ai pas testé.
** la shnôle c'est mon alcool de Biquette que je vous fait avec amour et secret dans mon alambic. Vous savez pas ce qu'il y a dedans, moi si.
- Grand ou petit ? Ou entre les deux ? Je suis de taille moyenne à grande. Je suis grand pour un français, mais pour un norvégien, j'atteins péniblement la moyenne. Pour un chinois, je suis genre un géant. Et pour un schtroumpf, je ne vous raconte pas. - T’as des signes particuliers ? J'ai deux trois marques. Une cicatrice en forme de sabot de Biquette sur la cuisse, venant de mon apprivoisement de ces jolies bêtes. J'ai une marque de naissance en forme de rien sur le côté externe du genou gauche. Et une brûlure à l'intérieur de l'avant bras droit qui est en forme de goutte qui s'écrase ou d'étoile si vous êtes poétique. - Décris-nous un peu ton style vestimentaire : Les vêtements de vieux du vieux. Vieux pantalon de paysan, vieille chemise de laine l'hiver, vieux marcels de vieux, et ce que j'arrive à troquer. - Y a-t-il un objet que tu portes toujours sur toi ? Ca peut paraître con mais j'ai gardé le porte-clef en cristal en forme de rose que j'avais offert à Virginie pour nos deux ans ensemble. Je l'ai récupéré après la première attaque de zombie. Elle me rappelle l'illusion du monde d'avant. Bon je le dis pas hein, j'dis juste que c'est un truc kitch qui fait des arc-en-ciels. |
- Tu parles norvégien, c'bon ? Et anglais ?
J'parle trois mots de norvégien, et anglais comme un français qui parle anglais. Je parle aussi avec mes mains. On se débrouille.
- Si tu te faisais mordre, tu le dirais aux autres ? Oulah, non. Non non non. Je me mettrais une balle dans la tête si je peux mais j'vais pas le dire, j'suis pas un crétin, imaginez que je me rate.
- Tu as 9 zombies face à toi et tu es tout seul. A droite, un ravin, à gauche, une vieille grange en ruine. Tu as une batte de baseball. Tu fais quoi ? Je grimpe dans un arbre. Avec la batte de baseball. C'est plus facile pour taper sur les morts, d'en haut.
- Tu dois choisir : tu sauves la mamie, l'enfant ou l'humain super sexy qui te fait de l'œil ? Ca dépend de l'humain super sexy en question, parce que s'il y a moyen de faire des enfants avec et de devenir papi et mamie, c'est forcément plus intéressant. Si y a pas moyen par contre... attendez, c'est un piège, la mamie et l'enfant sont des zombies, vous avez pas dit qu'ils étaient humains !
- Une journée normale, pour toi, ça ressemble à quoi ? Je me lève avec les chèvres – j'ai pas de poules – je regarde si elle va bien, si la clôture electrifiée va bien, si y a pas de chevraux qui ont poussé pendant la nuit, j'y connais pas encore grand chose en reproduction des chèvres. Pis je vais faire la traite, pis je vais voir les fromages, puis je fais les fromages, puis je ramasse les crottes, puis je me lave les mains puis je m'occupe vaguement du potager mais j'y connais pas grand chose alors je prends juste ce que j'ai pas si j'en ai besoin. Et je travaille a mon exploitation comme on disait dans le temps jusqu'à la fin de la journée. Quand y a des gens je fais du troc. Une fois par semaine quand ce sont les bons gardes de faction au camp, je fais les courses. Quand il fait noir dehors, je me mets dans mon dedans bien fortifié et je compte mes balles pour mon fusil.
- C'est la fin du monde ou tu crois qu'un jour, tout redeviendra comme avant les zombies ? Euh non. Aux deux. J'aime bien ce monde au final. J'espère bien qu'il ne redeviendra pas comme avant.
Allez, c'est le moment où tu te mets à table et que tu racontes ta life. Alors écoute bien mon grand parce que mon histoire, tu l'as entendu quinze fois pour ce qui est du début et je sais pas pour la fin mais m'est avis que ce sera pas non plus la palme d'or de l'originalité. Enfin, quand on voit que les films de nos jours ne sont que des suite de reboot d'adaptation de livres, peut-être que si au final. Je dis de nos jours mais c'était les jours d'avant. J'ai toujours un peu du mal à me dire que ces jours sont finis. Une impression de vacances indéfinies. Ca doit être comme ça que je me protège. J'pense que mon psy aurait des choses à dire là dessus sauf qu'il est probablement dans un zombie à l'heure qu'il est. Ptet qu'il essaie de psychanalyser ses intestins. Ca rêve, vous pensez, un estomac de zombie ?
Je suis né à Lyon, en France. Personne ne sait où c'est ni même que c'est là qu'on a inventé la médecine légale par exemple entre autres choses en plus de la Rosette mais c'était ma ville. Il y faisait beau. On y avait une fête des lumières. Et puis deux fleuves. Ma famille n'était pas pauvre, mes deux parents ayant fait de hautes études et rêvaient pour moi de grandes écoles et de hautes responsabilités. J'étais déjà un branleur, alors ce fut la fac mais je m'en suis quand même sorti avec un diplôme d'ingénieur en chimie avec une licence de physique parce qu'en 2065, lors d'une énième réforme de l'éducation, ils ont décidé d'imiter les Etats-Unis et leur système de Mineure et de Majeure. Va comprendre. Si ça avait continué, on aurait probablement déjà changé. J'ai donc fait ça, avec un certain nombre de fêtes faut bien dire ce qui est pendant lesquelles j'ai rencontré Virginie.
Virginie c'était pas ma première copine. Je ne sais pas pourquoi ce fut la dernière, je pense qu'elle mangeait à minuit les cœurs immolés des autres filles qui pouvaient me plaire au cours de rites sataniques qui... oui bon, je ne sais pas pourquoi je me suis posé avec elle, probablement que c'était le moment de me poser. On s'est vus pas mal, puis on s'est mis à habiter ensemble alors forcément il fallait des sous pour payer l'appartement à Paris. Alors j'ai pris un job de cadre dans cette boite et je me suis mis à passer ma vie à faire des tableaux sur XL et des vidéos Pwpt à diffuser lors de réunions chiantes. Un job 9-18 en costar payé en primes en plus d'un salaire pas dégueu et dont la principale difficulté était de se faire rendre à l'heure le travail des subordonnés pour le donner à mon boss en le faisant passer pour le mien. La vie se déroulait bien. Virginie voulait pas se marier, c'étit trop mainstream. De mon côté, j'avais un petit coté écolo-activiste. J'étais végétariens par exemple mais pas le dimanche ni au point de lire les étiquettes quoi. On éteignait nos lumières en sortant mais juste l'écran de nos ordis. Et puis Virginie a voulu bébé1. Elle avait 30 ans, j'en avais 32, on gagnait bien notre vie, c'était « le moment ». Paye ton romantisme mais l'amour dure trois ans et nous en étions à quatre.
Partir pour la Norvège, c'était mon idée. Les geyser, la neige, les grandes blondes à forte poitrine, enfin le dépaysement quoi, quoi de mieux pour concevoir et oublier la monotonie des happy hours, du friday wear et des étés à la Baule.
On était là à la fin du monde. Perdus dans ce petit village à la con recommandé par le routard. On a pas compris tout de suite. Virginie n'a jamais compris elle. Ceux qui nous ont attaqués...je ne sais pas. J'ai perdu les pédales, j'suis monté dans un arbre, j'ai tapé ceux qui venaient me prendre, j'ai niqué mon costume, j'ai eu la peur de ma vie. Dans ces cas là, tu oublies tout. J'ai tout oublié. Même Virginie que pourtant je pensais aimer. Bref, je n'aime pas revenir sur ce moment là. Je suis redescendu quand ça s'est calmé, j'ai chopé le porte-clef qui traînait et j'ai marché. Quand je croisais des gens, je ne savais pas s'ils étaient cinglés ou normaux alors je restais loin. Et puis un jour j'ai rencontré le vieux.
J'avais faim. J'avais bien trouvé et ramassé des barres de céréales mais j'avais faim, je puais la mort, j'avais plus de vêtements parce que c'est pas solide les costars, j'avais mal partout, je voulais crever mais j'ai entendu des chèvres et en bon citadin je les ai confondues avec des moutons -pardonnez moi cette trahisons les Biquettes, j'étais jeune alors – et j'ai pensé « à bouffer » et je me suis dirigé vers le bruit et j'ai rencontré le vieux.
Le vieux, il avait plus de dents devant, il avait un bronzage buriné et pourtant le teint jaune/gris des gens malade et la plus belle moustache que j'ai vue de ma vie. Il m'a parlé en Norvégien, j'y comprenais goutte, j'ai répondu en français, il comprenait pas plus, on a trouvé un terrain d'entente sur l'anglais qu'on parlait aussi mal l'un que l'autre.
Il était malade et il allait crever. Sa famille avait tout été bouffée. Il ne lui restait que ses biquettes. Il ne voulait pas qu'elles se retrouvent seules, séparées, effrayées. Il voulait partir en sachant ses biquettes en sécurité. Et moi, au fond, je suis un peu sensible alors je lui ai promis que ses biquettes, je saurais m'en occuper. Le lendemain, il s'était pendu le con. Et me voilà donc avec des biquettes. Croyez moi, j'avais pas la moindre foutue idée de ce qu'on pouvait faire avec des biquettes, à part les films de légionnaires et c'est pas ma came. Mais j'suis bon en chimie alors quand j'ai vu l'alambic clandestin du Vieux, je me suis dit, « Daniel, y a quelque chose à faire là ».
Ca fait bientôt deux ans maintenant que j'en suis là. J'ai appris à faire du fromage, je m'occupe au mieux des biquettes mais en vrai, elles s'occupent bien toutes seuls. Je les trais quoi. J'ai changé la configuration de la clôture électrifiée dont j'ai changé le voltage pour correspondre à celui des muscles, comme ça ça ennuie les zombies assez longtemps pour qu'ils changent d'idée, surtout que je suis seul humain dans cette baraque donc pas très intéressant. Parce que ouais, ils ressentent pas la douleur mais la paralysie, ça aide pas à avoir les idées claires. J'ai créé le shnouf par hasard en cherchant à améliorer la schnöle. J'ai de bonnes relations avec certains mauvais éléments du camp qui me fournissent tout ce que les chèvres produisent pas... bon, j'ai un potager mais comme je sais pas planter des choux, même à la mode de chez nous, et bien je déterre un peu des machins mais je laisse la plupart dans l'espoir qu'ils se reproduisent tous seuls. Je n'ai jamais mangé de chèvres bande d'imbéciles. Sinon quoi, je vends du fromage de chèvre quand je ne connais pas. Par exemple, pas plus tard que y a pas longtemps, j'en ai échangé trois contre une demi-barre de céréale. Les barres de céréale c'est sentimental et les pauvres ils avaient l'air sacrément en manque de vraie bouffe. Et puis c'est pas comme si c'étaient les fromages qui étaient ma vraie source de revenu, faut pas croire.
Ma vie d'après, elle est pleine d'inconnus, elle est pleine de défis, elle est pleine de rencontres. Ma vie d'après, elle est vivante. Elle fait disparaître dans les souvenirs le métro-boulot-apéro de la vie d'avant. Et elle n'est pas si solitaire. Il y a mes potes du camp. Il y a la vétérinaire qui est mignonne mais que je ne sais pas comment approcher. Il y a les gens de passage et leur demi-barre. Et les zombies. Mais pour eux, j'ai un fusil, des munitions et une batte de baseball avec des clous.
Je suis né à Lyon, en France. Personne ne sait où c'est ni même que c'est là qu'on a inventé la médecine légale par exemple entre autres choses en plus de la Rosette mais c'était ma ville. Il y faisait beau. On y avait une fête des lumières. Et puis deux fleuves. Ma famille n'était pas pauvre, mes deux parents ayant fait de hautes études et rêvaient pour moi de grandes écoles et de hautes responsabilités. J'étais déjà un branleur, alors ce fut la fac mais je m'en suis quand même sorti avec un diplôme d'ingénieur en chimie avec une licence de physique parce qu'en 2065, lors d'une énième réforme de l'éducation, ils ont décidé d'imiter les Etats-Unis et leur système de Mineure et de Majeure. Va comprendre. Si ça avait continué, on aurait probablement déjà changé. J'ai donc fait ça, avec un certain nombre de fêtes faut bien dire ce qui est pendant lesquelles j'ai rencontré Virginie.
Virginie c'était pas ma première copine. Je ne sais pas pourquoi ce fut la dernière, je pense qu'elle mangeait à minuit les cœurs immolés des autres filles qui pouvaient me plaire au cours de rites sataniques qui... oui bon, je ne sais pas pourquoi je me suis posé avec elle, probablement que c'était le moment de me poser. On s'est vus pas mal, puis on s'est mis à habiter ensemble alors forcément il fallait des sous pour payer l'appartement à Paris. Alors j'ai pris un job de cadre dans cette boite et je me suis mis à passer ma vie à faire des tableaux sur XL et des vidéos Pwpt à diffuser lors de réunions chiantes. Un job 9-18 en costar payé en primes en plus d'un salaire pas dégueu et dont la principale difficulté était de se faire rendre à l'heure le travail des subordonnés pour le donner à mon boss en le faisant passer pour le mien. La vie se déroulait bien. Virginie voulait pas se marier, c'étit trop mainstream. De mon côté, j'avais un petit coté écolo-activiste. J'étais végétariens par exemple mais pas le dimanche ni au point de lire les étiquettes quoi. On éteignait nos lumières en sortant mais juste l'écran de nos ordis. Et puis Virginie a voulu bébé1. Elle avait 30 ans, j'en avais 32, on gagnait bien notre vie, c'était « le moment ». Paye ton romantisme mais l'amour dure trois ans et nous en étions à quatre.
Partir pour la Norvège, c'était mon idée. Les geyser, la neige, les grandes blondes à forte poitrine, enfin le dépaysement quoi, quoi de mieux pour concevoir et oublier la monotonie des happy hours, du friday wear et des étés à la Baule.
On était là à la fin du monde. Perdus dans ce petit village à la con recommandé par le routard. On a pas compris tout de suite. Virginie n'a jamais compris elle. Ceux qui nous ont attaqués...je ne sais pas. J'ai perdu les pédales, j'suis monté dans un arbre, j'ai tapé ceux qui venaient me prendre, j'ai niqué mon costume, j'ai eu la peur de ma vie. Dans ces cas là, tu oublies tout. J'ai tout oublié. Même Virginie que pourtant je pensais aimer. Bref, je n'aime pas revenir sur ce moment là. Je suis redescendu quand ça s'est calmé, j'ai chopé le porte-clef qui traînait et j'ai marché. Quand je croisais des gens, je ne savais pas s'ils étaient cinglés ou normaux alors je restais loin. Et puis un jour j'ai rencontré le vieux.
J'avais faim. J'avais bien trouvé et ramassé des barres de céréales mais j'avais faim, je puais la mort, j'avais plus de vêtements parce que c'est pas solide les costars, j'avais mal partout, je voulais crever mais j'ai entendu des chèvres et en bon citadin je les ai confondues avec des moutons -pardonnez moi cette trahisons les Biquettes, j'étais jeune alors – et j'ai pensé « à bouffer » et je me suis dirigé vers le bruit et j'ai rencontré le vieux.
Le vieux, il avait plus de dents devant, il avait un bronzage buriné et pourtant le teint jaune/gris des gens malade et la plus belle moustache que j'ai vue de ma vie. Il m'a parlé en Norvégien, j'y comprenais goutte, j'ai répondu en français, il comprenait pas plus, on a trouvé un terrain d'entente sur l'anglais qu'on parlait aussi mal l'un que l'autre.
Il était malade et il allait crever. Sa famille avait tout été bouffée. Il ne lui restait que ses biquettes. Il ne voulait pas qu'elles se retrouvent seules, séparées, effrayées. Il voulait partir en sachant ses biquettes en sécurité. Et moi, au fond, je suis un peu sensible alors je lui ai promis que ses biquettes, je saurais m'en occuper. Le lendemain, il s'était pendu le con. Et me voilà donc avec des biquettes. Croyez moi, j'avais pas la moindre foutue idée de ce qu'on pouvait faire avec des biquettes, à part les films de légionnaires et c'est pas ma came. Mais j'suis bon en chimie alors quand j'ai vu l'alambic clandestin du Vieux, je me suis dit, « Daniel, y a quelque chose à faire là ».
Ca fait bientôt deux ans maintenant que j'en suis là. J'ai appris à faire du fromage, je m'occupe au mieux des biquettes mais en vrai, elles s'occupent bien toutes seuls. Je les trais quoi. J'ai changé la configuration de la clôture électrifiée dont j'ai changé le voltage pour correspondre à celui des muscles, comme ça ça ennuie les zombies assez longtemps pour qu'ils changent d'idée, surtout que je suis seul humain dans cette baraque donc pas très intéressant. Parce que ouais, ils ressentent pas la douleur mais la paralysie, ça aide pas à avoir les idées claires. J'ai créé le shnouf par hasard en cherchant à améliorer la schnöle. J'ai de bonnes relations avec certains mauvais éléments du camp qui me fournissent tout ce que les chèvres produisent pas... bon, j'ai un potager mais comme je sais pas planter des choux, même à la mode de chez nous, et bien je déterre un peu des machins mais je laisse la plupart dans l'espoir qu'ils se reproduisent tous seuls. Je n'ai jamais mangé de chèvres bande d'imbéciles. Sinon quoi, je vends du fromage de chèvre quand je ne connais pas. Par exemple, pas plus tard que y a pas longtemps, j'en ai échangé trois contre une demi-barre de céréale. Les barres de céréale c'est sentimental et les pauvres ils avaient l'air sacrément en manque de vraie bouffe. Et puis c'est pas comme si c'étaient les fromages qui étaient ma vraie source de revenu, faut pas croire.
Ma vie d'après, elle est pleine d'inconnus, elle est pleine de défis, elle est pleine de rencontres. Ma vie d'après, elle est vivante. Elle fait disparaître dans les souvenirs le métro-boulot-apéro de la vie d'avant. Et elle n'est pas si solitaire. Il y a mes potes du camp. Il y a la vétérinaire qui est mignonne mais que je ne sais pas comment approcher. Il y a les gens de passage et leur demi-barre. Et les zombies. Mais pour eux, j'ai un fusil, des munitions et une batte de baseball avec des clous.
Dernière édition par Amorgein le Lun 16 Oct 2017, 21:29, édité 15 fois