Le soleil était haut dans le ciel et il commençait à faire chaud : le moment idéal. Celui où les zombies, un peu engourdis par la chaleur, se font moins vifs.
Unknown s'était portée volontaire pour accompagner le Dr Todd à la recherche de médicaments. Elle avait besoin de se dégourdir les jambes et cette expédition était parfaite. Il était un peu bizarre ce doc mais quand on y réfléchissait un peu, tout le monde l'était un peu. Le monde étant ce qu'il était, pouvait-on vraiment parler de normalité ? Les zombies étaient devenus la normalité. Après tout, ils représentaient à eux seuls la plus grande partie de la population.

Bref. Escorté de quatre personnes (dont elle), le Docteur Todd avait été autorisé a quitté le camp pour refaire son stock de médocs. La belle affaire ! Les pharmacies et les hôpitaux ayant été dévalisés depuis longtemps, la tâche consistait surtout à fouiller un maximum de maisons et d'appartements pour dégotter les laissés-pour-compte. Avec les risques que ça comportait bien sûr ; ces habitations étaient rarement vides.

D'ailleurs, à l'instant où je vous parle, notre équipée se trouve devant une maison de banlieue relativement épargnée - en tout cas en apparence.
- On commence là ? demanda Unknown en jetant machinalement son marteau sur son épaule.

Alors là comptes sur moi ! répondit Unknown avec un sourire en coin. Non pas qu'elle n'aimât pas dézinguer ces trucs mais dans la mesure du possible, elle préférait laisser les autres mourir pour lui sauver la vie. Quoique laisser mourir un doc n'était pas un bon calcul mais là, ils étaient cinq. Allez, ça va le faire ! lança-t-elle, pleine d'entrain, en se dirigeant vers le perron.

Ooookay okay... Unknown arme son marteau et regarde avec écœurement les trois voraces entrain de prendre leur déjeuner. Bon, ben vu que la ruelle n'est pas très large, ça devrait pas être trop compliqué. L'un des types qui les accompagnent avance sur la gauche pour en prendre un à revers. Mais c'est compter sans leur odorat. Arpès vous, dit-elle en faisant une référence exagérée à l'intention du docteur.

Unknown les regarde faire. A quatre contre trois zombies, ça va le faire, pas vrai ?! D'ailleurs, il faut quelqu'un pour faire le guet, des fois qu'il en viendrait d'autres. Du coup, elle jette un œil sur leurs arrières et plus avant dans la ruelle, puis elle inspecte les murs de chaque côté ; pas de fenêtre. En revanche, il y a une échelle de secours et sur l'échelle de secours... Oh bon sang, deux autres au-dessus ! crie-t-elle à ses compagnons.

Ok, bon, pas de panique. L'image d'un batteur s'imprime dans son esprit et elle s'imagine sur un terrain de baseball. Jambes fléchies, poings serrés sur le manche de son marteau, le regard fixé sur la balle tête du zombie. Avant qu'il ne se jette sur elle, Unknown pivote d'un très beau mouvement de hanche, tend les bras et fracasse la mâchoire du mort-vivant.
Bon. Il est pas mort, enfin pas mort-mort. Mais il ne peut plus mordre, pour sûr, et elle est assez fière la demoiselle.

Unknown profite du recul pour envoyer un second coup ; cette fois, comme pour enfoncer un clou. BAM ! Un vrai charpentier ! Sauf que la satisfaction est de courte durée, éprouvée par la morsure sanguinolante. Et elle n'a pas de pitié pour les infectés. Elle s'avance, menaçante, mais Attends ! crie un type. Elle a été mordue, répond Unknown comme si ça valait tous les arguments du monde... Minute. Ça vaut tous les arguments du monde !

Mmmm, bougonne Unknown. Choisir sa mort est un luxe dans ce monde en sursit et la jeune femme n'a pas pour habitude de laisser réfléchir les mordu-depuis-peu. Quand ils réfléchissent trop, ils finissent toujours on-ne-sait-comment par se dire que pour eux, ce sera différent. Sauf que non, ils se transforment toujours. Elle considére un instant la blonde qui pleurt tout ce qu'elle peut et ajoute : L'important c'est que ça aille vite, nan ?

Le TOMP du silencieux résonne curieusement dans la ruelle et le corps s'affale mollement au sol. Fini. Aussi simple que ça. Unknown n'est pas particulièrement sensible mais elle n'aime pas regarder les gens se donner la mort. Appelez ça de la pudeur. En tout cas, y a pas à dire, 'parle bien le Doc...
Afin de se montrer aussi insensible que possible, elle enchaîne direct : Bon, on a des médocs à dégotter.

Sauf que la pharmacie, elle est pire qu'une épave de bateau en plein Manhattan. Un vrai carnage. Y a des étagères vides tellement en travers des allées qu'on se demande si un ouragan est passé, mais juste à l'intérieur, 'voyez. Hé ben mon vieux ! Je sais pas c'qu'on va trouver là-dedans mais ch'uis pas sûre que ce soit ce qu'on cherche ! Motivée, cependant, elle enjambe le comptoir éventré et commence les fouilles archéologiques...

Unknown l'écoute à peine. Mmm-mmh, répond-t-elle dans un premier temps. Elle, tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle cherche un truc encore viable. Pas une boîte intact, ce serait trop beau, mais au moins des machins pas utilisés ou des bidules pas périmés. Bref, On cherche des médocs, doc ! lance-t-elle à Abe en lui adressant un grand sourire et un clin d'œil.

Unkown avait trouvé un rouleau de bandage à peu près propre et deux seringues encore intactes. En fourra ses trouvailles dans son sac et approuva le doc d'un signe de tête. Je suis toujours étonnée de trouver des trucs pareils après deux ans d'infection. On a de la chance aujourd'hui, on dirait ! (Ne surtout pas penser à la pauvresse qu'ils avaient perdu une heure plus tôt... ¬¬) Let's go!

Unknown le suit sans difficulté ; marcher vite est devenu une seconde nature. Le mouvement, c'est la vie. Au détour d'une grande avenue, la clinique se profile. Mais c'était peut-être pas une bonne idée de viser l'entrée principale. Il y a des zombies plein le parking. Ils sont assez loin pour ne pas les avoir repéré mais pénétrer par là est exclu... On devrait faire le tour. Doit bien y avoir d'autres entrées.

Unknown hoche du chef et, courbée en deux, se dirige rapidement sur la porte désignée. Elle jette un œil à l'intérieur par la petite fenêtre grillagée. Vide, murmure-t-elle. Puis elle teste la poignée qui tourne sans un son. Bon, ben je prends ça pour une invitation. Même si au fond, ça ressemble plus à un traquenard et qu'elle donnerait tout pour partir en sens inverse. En route la troupe !