Nano. RolePlay

Comme souvent les journées de la classe sont rythmées par les fêtes extérieures. Pour Halloween, maitresse a fait dessiner des citrouilles et des fantômes. Pour noël tout le monde a fait sa lettre au papa noël, et découpé dans de jolis catalogues (qui ne polluent pas du tout les boites aux lettres) les cadeaux désirés en prétendant avoir été très sages ! Maintenant vient la saint Valentin, et tout le monde découpe des cœurs partout et écrit des poèmes de l’écriture la plus lisible à sa disposition.

Lyra n’échappe pas à la règle. Elle a choisi une très jolie feuille cartonnée qu’elle a découpée en forme de cœur et a mis plein de brillants sur le bord pour donner un joli effet. Quand quelqu’un essaie de regarder ce qu’elle fait, elle lance un :

« Ne copie pas ! » pour cacher le nom du destinataire, au destinataire justement.

Elle fronce les sourcils, le pire a été évité mais elle n'apprécie pas le ton moqueur de celui à qui elle adressait la lettre. Elle est bien loin de savoir que les enfants ne sachant pas exprimer leurs sentiments embêtent souvent l'élue de leur coeur... Si elle avait eu accès à autre-chose que la bible dans son enfance, elle aurait peut-être pu tenter un trait d'esprit insinuant que le batracien avait encore une chance de devenir un prince charmant, lui. A défaut elle ne peut que répondre.

"c'est celui qui dit qui est !"

"Tu peux pas faire mieux que moi, tu es un... garçon !" lance-t-elle presque comme une insulte.

Vive le patriarcat et les stéréotypes, bien entendu qu'une fille écrit mieux qu'un garçon, elle est plus appliquée, moins dissipée en cours, mais plus tard elle sera payée 20% de moins. Oublié il faut l'avouer le coup de coeur, maintenant la petite fille est vexée et sur la défensive !

"Mais je ne veux pas embrasser Barnabey ! Pourquoi je ferais ça ? T'es pas bien dans ta tête !"

Clairement à l'heure actuelle il ne devait pas être bien avec lui même. Ce n'était qu'un début un de leur camarade cookievore après les avoir entendu se chamailler s'avança et chipa la carte qu'était en train de décorer la pauvre Lyra et se mit à rire après l'avoir survolé (en fronçant ses sourcils) du regard.

"LYRA AIME DAHL !" se mit-il à crier en riant dans la classe.

C'était un peu la fin du monde dans la tête de Lyra, mais une chose était certaine.

"ARRÊTEZ DE VOUS BATTRE OU J'APPELLE LA MAITRESSE !"

Car ne pas frapper ses petits camarades était chose importante... ou alors il fallait le faire dans la plus grande discrétion.

Si vous n'aviez jamais vu une enfant de cinq ans blasée, il est temps de remédier à cet état de faits.

"Rufio a volé ma lettre, Dahl la lui a reprise et Rufio s'est mis à pleurer comme un bébé au lieu de demander pardon."

Ce qui est chouette quand on est la fille sage de la classe c'est que la maitresse ne remet que rarement en question ses dires.

"C'est vrai ce que raconte Lyra ?" demande la maitresse aux deux garçons.

"Dahl m'a défendu parce que tu étais méchant !"

L'enfant ne perd pas son calme ou ses moyens, ce serait trop injuste que Dahl soit puni à cause de Rufio. A l'autre bout de la classe on entend d'autres pleurs montés. La maitresse ne réfléchit pas vraiment :

"Tous les 3 au coin en attendant que je revienne !"

Lyra ouvre de grands yeux de merlan frit :

"MAIS MAITRESSE !" elle s'indigne, elle est prête à foutre en l'air toute la classe pour faire face à cette injustice, mais la maitresse ne répond pas et se détourne juste en disant :

"AU COIN !"