Nano. RolePlay

Bien sûr quand on est un orc, on a le sang chaud, et quand on est un orc qui a bu un coup dans la taverne du coin... Disons qu'il aurait été plus approprié de ne pas venir chercher des noises à Asbjorn ce soir-là.

Nombre de coups avaient été échangés, et finalement il ne s'était pas trop mal rendu vu qu'il était le dernier à tenir debout. (sans doute cela tenait-il au fait qu'il métabolisait moins rapidement l'alcool que ses adversaires et était de ce fait moins sensibles à leurs coups). Il était seul, et quand il n'y a plus eu de personnes à tataner il était reparti sans se poser de question existentielles.

Malheureusement les effets de l'alcool finissent toujours par se dissiper. C'était sans doute ce qu'il avait oublié, aussi après ses exploits guerriers il ne réussit pas à regagner sa taverne et s'écroula dans une ruelle déserte. Ma foi, ce lit est aussi inconfortable qu'un autre, pensa-t-il alors que la douleur venait de le saisir aux côtes. Peut-être irait-il mieux au réveil, ou alors il serait mort, en tous les cas il n'aurait plus mal.

Xaerys aussi se sentait malade. Il avait mal aux pieds à force de marcher - quelle idée d'avoir refusé une monture car il sentait le cheval fatigué ? - et souhaitait rêvait d'un bain chaud. Seulement, une douleur lui vrillait maintenant les tempes au point de le rendre nauséeux : quelqu'un était sacrément blessé dans le coin et il ne pourra profiter de son bain tant qu'il n'aura pas remis sur pied le quidam mourant. ...... Mourant qui se présentait être un orc plutôt agréable à regarder....

Mourir c'est pour les elfes. C'est sans doute la thèse qu'aurait défendu à corps et à cris l'orc s'il en avait été capable. Seulement dans certaines circonstances, un orc sait fermer sa gueule. Être en train de mourir devait en faire partie, assez étrangement.

Pourtant il n'était pas plus mort en ouvrant les yeux qu'en les fermants ; confortablement installée en tenue d'Adam dans un lit moelleux, il se demanda ce qu'il pouvait bien foutre ici. P't'être qu'il était réellement mort ?

Si on demandait son avis au concerner, chantonner un air niais était plus un truc d'elfe que de mourir bêtement dans une rue déserte. Le roux revenait des cuisines, une fringale de dragon après les soins sommaires l'ayant obligé à embêter la cuisinière bien après son service. "... on peut cueillir des salades et après on peut les manger. Les écureuils et les lapins, les poney et les cerfs, font la ronde autour des sapins parce que la forêt c'est super. Lalala la la la la..." marmonait le chanteur du dimanche en rentrant dans la chambre, un plateau bien chargé dans les bras.

Pas vraiment habitué à dormir dans un lit, Asbjorn avait conclu qu'il devait être mort, l'édredon de plumes était trop confortable pour qui n'avait connu que de rêches couvertures depuis longtemps. Il grogna une première fois quand quelqu'un eut la mauvaise idée de se mettre à chantonner au loin, et une deuxième fois quand la porte de la chambre grinça. Avec la délicatesse d'un princesse il se retourna dans la direction opposée et lâcha un : "Encore cinq minutes, mam' !"

Mam' ?? Xae cligna des yeux, étonné de cette nouvelle appellation avant de comprendre que l'autre dormait encore à moitié. "Heu... vous êtes réveillé messire ?" tenta-t-il comme un idiot figé avec son plateau dans les mains.

Messire ? Quel doux chant à ses oreilles, définitivement il devait être mort. C'était clairement moins désagréable que ce qu'on disait. Enfin il daigna se redresser pour faire face à son interlocuteur et fut surpris de découvrir un elfe.

"Euh, ouai. T'es qui ?"

Pour avoir grandi avec un elfe, il savait les différencier contrairement à nombre d'orcs, et celui-là il ne le connaissait pas !

"Xaerys Stäneyrian" sourit-il allégrement, aussi éblouissant qu'un rayon de soleil. "Je suis soulagé de vous voir enfin de retour parmi nous, j'ai eu craint être arrivé trop tard pour vous soigner. Comment allez-vous ? Avez-vous soif ? Faim ?"

Nom-à-coucher-dehors (qui paradoxalement l'avait empêché de dormir dehors) avait posé beaucoup trop de questions pour qu'un orc mal réveillé ne les retienne toutes. Un grognement de son ventre répondit à l'appel du plateau gardien de victuailles répondit à l'une de ses questions, et un grognement quand il essaya de se lever à une autre.

"Asbjorn,enchanté !" dit-il en se rappelant que sa mère l'avait bien éduqué !

"Non non Sir Asbjorn, vous devez rester couché ! Je n'ai pas encore fini de vous rétablir totalement" paniqua l'elfe en déposant son leur repas sur une petite table cosy (avec une nappe et tout !). "Seriez-vous d'avis que je... heu... je vous aide à vous nourrir ?" C'était plus simple de s'occuper de l'orc quand il était encore inconscient.

Le nourir ? Mort ou vif la proposition valait tous les coups qu'il avait pris ! Et puis se faire appeler dire, c'était pas déplaisant. P't'être qu'il le confondait avec quelqu'un d'autre ? Mais quand il s'en rendrait compte l'orc aurait déjà le ventre plein !

"Et bien nourris-moi, puisque tu le proposes !"

Il avait essayé de se souvenir du prénom de l'elfe, mais impossible...

Xaerys était bien trop gentil pour son propre bien - et celui de son patient - et ne voyait pas où il se faisait avoir. Gentiment, donc, il se posa à côté du lit et découpa en carrés une des tartines jambon-fromage qu'il avait ramené. "Uhm... vous... vous pouvez tendre la main, s'il vous plaît ?" hésita-t-il en voulant déposer un des carrés dans la paume de l'alité, si la douleur était assez tenue pour autoriser le mouvement.

Si l'elfe était trop gentil, l'orc se gardait bien de lui faire remarquer. Ravis au dernier point de se faire ainsi dorloter il tendit une de ses pâtes d'orc dégrossi, et cette fois ne grimaça pas, il avait compris que le plus important dans l'art d'être un bon patient résidait dans la lenteur. Il ne fit cette fois-ci pas de faux mouvements. Il put porter la tasse à ses lèvres.

"Où sommes nous ?"

Enfin un qui comprenait qu'il était mieux de se ménager, pourvu que le raisonnement perdure. "Dans une auberge d'Isotier." Et d'un certain standing à priori, pas le genre de boui-boui du port. "Si vous me permettez mon audace, pourrais-je savoir comment vous vous êtes retrouvé dans cette situation Sir Absjorn ? Vos blessures sont plutôt graves et... heu..." hésita l'elfe gêné. "Je suis désolé de ne pas pu avoir mieux fait avant votre réveil."

Comment ? Très bonne question. L'orc fronça les sourcils et manqua de se faire une entorse aux neurones en tentant de se souvenir. Il dut se rendre à l'évidence :

"J'ai dû trop boire et me battre. Pas forcément dans cet ordre-là, cela-dit."

Xaerys eut un soupire. "Je vois" se contenta-t-il de répondre en continuant de nourrir son patient. "Après le repas, j'aimerai continuer les soins. Maintenant que vous êtes réveillé, la douleur sera problématique." Et il avait encore beaucoup à faire ! Ah et lui aussi devrait manger, il était allé aux cuisine pour reprendre des forces à la base.

"Ne t'inquiète pas, je suis plutôt costaud !"

La crédibilité de ces paroles n'est pas bien élevée quand on a retrouvé celui qui les prononce quelques heures plus tôt inconscient sur le sol d'une ruelle... Mais l'orc prétendra que c'est à cause du sang perdu. D'ailleurs le voilà en train de bander ses biceps pour montrer combien il est costaud.

C'était lui ou il faisait soudainement plus chaud dans cette chambre. Le roux se racla la gorge avec un "je ne... conteste pas" un peu/beaucoup gêné et le regard fuyant (avec un grand merci pour sa peau sombre, ça masque mieux les rougeurs). "Si vous aurez, uhm, fini de manger, rallongez-vous.... ... .... S'il vous plaît."

"Non mais ça va tu sais ! Je peux me lever !"

Et en bon orc qu'il était il joignit l'action à la parole et se ramassa sur le pauvre elfe qui n'avait rien demandé... Créant un cliché mile fois revisité.

Ça y était, l'orc avait perdu son médecin. C'était un trait culturel le manque de pudeur ? En tout cas, Xaerys se retrouvait coincé sous une montagne de muscles verts et saillants et... heu.... autre chose qui restait fort heureusement bien au repos (ce qui n'allait pas être éternellement son cas, Absjörn lui faisait un sacré effet). "Je... heu... vous allez bien ? piailla l'elfe d'une petite voie aiguë, ne sachant pas où poser ses mains et surtout - surtout ! - ne pas regarder ces belles fesses rondes et rebondies. Le plafond c'était bien, une bonne alternative, et ce lustre était de toute beauté.

"Très bien."

Ceci était bien entendu de la vantardise mal placé, il s'était ramassé et si son égo n'en était pas sorti indemne, c'était le cas de son front. Il se redressa, se rendant compte que ses avant-bras le faisaient aussi souffrir.

"Dis-moi, dans mon dernier souvenir j'avais des vêtements, une idée de où ils sont passés ?" changer de sujet était une nécessité.

Changer de sujet d'accord mais fallait mieux opter pour un terrain plus neutre. "Jelesaienlevésilsétaienttâchésdesang"* lâcha Xaerys d'une traite, se souvenant parfaitement de sa gène en dénudant son patient. Surtout que maintenant, il était là, allongé sur le sol, avec le jeune orc le surplombant... pourvu qu'il ne retombe pas, il en était à implorer ses ancêtres. "Mais j'ai p-prévu une tunique de rechange, avec vos affaires. Vos v-vêtements seront prêts de-demain m'a-t-on assuré."

*"Je les ai enlevés, ils étaient tâchés de sang"

"Ah d'accord. Merci."

Il est pas bien malin l'orc, mais il sait quand on lui fait une fleur, alors il peut quand même dire merci. Faire la lessive, toucher du savon... C'est long et ennuyeux... En attendant il faudrait peut être qu'il se relève pour de bon et dégage l'elfe. Seulement ses bras refusent de lui répondre. Il a même envie de s'écrouler sur place et de s'endormir.

"Tu fais quoi dans la vie ?" dit-il essayant clairement de gagner du temps.

La réponse qui s'imposa à son esprit ressemblait fortement à "je vais mourir de la plus merveilleuse des façons qui soient" si Absjörn restait à le surplomber comme ça. C'est que ça tenait chaud, un homme de son gabarit. "Je suis gué... " (gay xD /SBAF/) déglutissa-t-il. "Je suis guérisseur itinérant. Je v-voyage où mes talents sont u-utiles. Vous avez eux de la chance d'être t-tombé sur moi. Enfin... par tomber je veux dire... heu... dans la rue, vous voyez ?" Mais qu'il se taise ; par les étoiles dorées de toutes les constellations connues, qu'il se taise !

L'orc n'arrivait pas à saisir tous les jeux de mots à disposition, et c'était bien dommage. Il était bien trop occupé à bander... ses muscles pour se sortir du traquenard dans lequel il s'était fourré. Dans un effort de volonté il réussit enfin à rouler sur le côté à côté de l'elfe.

"En effet j'ai eu de la chance de tomber sur toi !"