Nano. RolePlay

Rappel du premier message :




Encore une tournée de distribution de lettres à destination d'une petite ville rurale cette fois-ci. Le bâtard - c'est ainsi qu'elle appelle son agaçant collègue - a le don de lui donner de sérieux maux de tête, il l'avait obligée à le remplacer pour la liaison courrier Tomsk - Moscou. L'espace d'un instant, elle avait même souhaité qu'il se couvre soudainement de plumes ou de poils, c'est dire son énervement !

Son  irritabilité ne décrût qu'après  quelques dizaines de minutes de vol, le temps de retrouver la sensation du vent  qui fouette le visage et défrise la crinière. Et le reste du vol se déroule dans un esprit plus serein. Sans pigeons pour lui gâcher la vue des nuages et du ciel azuréen.

Elle survole enfin la ville de Tomsk en effectuant des cercles concentrique au-dessus des minuscule bâtiments, elle cherchait à repérer l'aérodrome ou un champ bien dégagé pour se poser. Nul doute que les habitants ont entendu le vrombissement de son coucou, son Mouton à cette altitude. Repérant enfin un endroit adéquat, elle débuta les manoeuvres pour se poser.

Il se trouve que ces deux gamins ont assistés à l'atterrissage de mon avion et se sont portés volontaires pour me servir de guide pendant ma distribution de lettres. , répond Eir qui ne se laisse pas troubler par le ton pressé de Mr. Glazdov. Avec amusement, la pilote remarque l'incapacité d'Annoushka à gronder correctement le chien berger. Cette sauvageonne insiste pour un tour en avion., glisse-t-elle enfin au quinquagénaire pour tester sa réaction.

"Une sauvageonne en effet." gronda M. Glazdov en la fusillant du regard. Accrochée au cou de Sobaka, avec la fourrure qui mangeait la moitié de son visage, Anoushka lui adressa de grands yeux innocents. "J'ai gagné un pari en étant polie." se défendit-elle avec une moue. "C'pas bien de mentir, M'dame." Elle savait qu'elle était parfois une sauvageonne mais là, elle ne l'avait pas été ! Un peu bout en train, peut-être, mais polie ! Sa moue disparue dans les poils de Sobaka alors qu'elle gonflait les joues pour retenir des larmes de frustration. Boula et Doula auraient compris, eux !

Le quinquagénaire approuve le portrait qu'elle fait de la petite Anoushka. Elle aura beau le nier en affirmant être polie, elle l'est pour oser les paris ! Mais quel pari, voyons, ne sais-tu pas  que ça ne se fait pas de changer l'histoire ? Il n'y pas eu de pari sur le fait d'être polie !

Les yeux de l'enfant étaient loin d'être impressionnés. Anoushka renifla en tournant la tête d'un air boudeur. Qu'importe que le père Glazdov la regarde - il ne l'aimait déjà pas ! - elle s'éloigna avec son chien afin de montrer sa déception et sa rancoeur devant les mensonges flagrants des adultes. Et leur idiotie. Elle n'avait pas dit qu'elle avait gagné le pari d'être polie mais qu'elle avait un pari en étant polie. Andrei trottina vers elle d'un air inquiet et elle leva des yeux d'étoiles fanées. "Pour une fois que j'ai bien conjugué." se plaignit-elle avec quelques larmes frustrées au coin des yeux.

La pilote ne comprend pas bien en quoi la petite avait gagné un pari en étant polie, puisqu'il n'y avait jamais eu d'accord oral là-dessus entre elles. Le seul pari qu'il y a eu aujourd'hui concernait sa capacité à écrire le nom d'Anoushka avec la fumée produite par son avion.

Anoushka attendait une réaction à son comportement... mais ce n'était pas l'indifférence. Même le père Glazdov ne s'occupait pas de la gronder pour son impolitesse (mensonge !!). Alors elle resta collée à Sobaka en gonflant les joues comme un écureuil mécontent, se languissant de la douceur de Boula et de la grosse main de Doula sur sa tête. "Toi, au moins, t'es là." chuchota-t-elle à Sobaka dont la langue pendouillait de bonheur. Andrei serra ses épaules contre lui, et tourna la tête pour juger la pilote du regard.

Aucune lueur d'étoiles à l'horizon pour lui donner un quelconque indices sur les motifs du comportement de la jeune fille. Elle l'a même accusée de mentir ! Que je m'étouffe avec une tasse de thé si  je comprends pourquoi  je mentirai ! Il n'y a pas eu de pari sur le fait d'être polie. Elle se passe les mains dans les cheveux. Et j'ai écrit correctement ton nom dans le ciel, tu as oubliée ? Cette fille est comme un petit chat sauvage !

Anoushka la fixa avec de grands yeux estomaqués puis se tourna vers Andrei. "J'ai mal dit ?" demanda-t-elle d'une petite voix, serrant ses petits poings de poupée. Son ami secoua la tête. "Non." Il se tourna vers la pilote. "Madame, Anoushka disait qu'elle a été polie en faisant le pari, pas qu'elle a gagné le pari pour avoir été polie." lui expliqua-t-il avec le ton posé d'un gamin bien élevé - comme dirait M. Glazdov. Anoushka hocha vivement la tête, sans lâcher son chien.

Elle se sent stupide maintenant qu'un enfant lui a expliqué la nuance.  En comparaison d'Anoushka, Andreï ressemble plus à un adulte miniature avec sa maturité et son intelligence.  Ah. Désolée petite, j'ai mal compris ce que tu voulais dire. Elle ne lui demande pas ce qu'elle souhaiterait en guise d'excuse - car c'était évident - un tour en avion !

Ce qui était bien dans l'enfance, c'était qu'il n'y avait peu de grands malheurs. Anoushka en avait vécu un, perdre ses parents, un malheur qui la suivait encore et la rendait par moments triste. Mais les petits malheurs étaient faciles à oublier. Alors elle sourit, rayonnante comme un soleil au zénith, et pardonna Eir aussi facilement qu'elle s'était fâchée ; sans rien demander en retour. "Vous voyez, M. Glazdov, je peux être polie !" La chose lui semblait chère. Car elle voulait que le père d'Andrei l'aime, après tout, elle était sensée épouser son 'moureux, non ? L'homme soupira en souriant doucement, vaincu par sa bouille.

Eir est toujours impressionnée par la facilité des enfants à passer autre chose, bien des adultes ont du mal à le faire. La petite sourit tel une rose s'ouvrant au printemps, c'est un de ces sourires à la fois éphémères et éternels qui se grave dans le coeur ; le quinquagénaire s'en trouve d'ailleurs conquis par cette face éblouissante.

L'éblouissement du père Glazdov fut brève mais notable. Anoushka en bailla presque bouche béante, cherchant confirmation auprès d'Andrei. Elle se serait cru dans un conte! Mais son ami ne fit que sourire un petit pouffement, qui s'accentua lorsque son père se renfrogna dès qu'il remarqua son expression. "Il faut s'occuper de ce chien." marmonna-t-il en tendant la main vers le collier de Sobaka. Mais le gros chien s'enroula d'un air protecteur autour de sa petite maîtresse... et grogna sur l'homme. Sourd et menaçant. Un avertissement. L'homme le fixa avec des yeux éberlués. Et le rire d'Anoushka brisa la tension. "Il me prend pour un mouton !"

C'est un brave chien, peut-être te prend-t-il pour un des nombreux nuages qui peuplent le ciel ? , dit Eir toute sourire, qui a trouvé quelque chose de gentil à dire à la petite fille. Elle n'est pas effrayée par la taille de l'animal ou son grondement qui n'est pas dirigée contre elle. Puis-je le caresser ? Une règle élémentaire avant de toucher un chien qu'elle a bien apprise de ses parents : toujours demander la permission du maître de l'animal.

Anoushka regarda son chien qui semblait toujours méfiant et secoua la tête d'un air grave. "Non. Sobaka est en mode protecteur, là. Je suis son mouton-famille, faut pas toucher." Elle agita un doigt autoritaire vers Eir. "Faut JAMAIS traverser un troupeau de moutons avec un chien de berger de protection, z'avez ? Un comme Soba, il peut tuer un ours tout seul !" Et les loups aussi, mais Sobaka aimait sa louve depuis le premier jour.

Anoushka regarda son chien qui semblait toujours méfiant et secoua la tête d'un air grave. "Non. Sobaka est en mode protecteur, là. Je suis son mouton-famille, faut pas toucher." Elle agita un doigt autoritaire vers Eir. "Faut JAMAIS traverser un troupeau de moutons avec un chien de berger de protection, z'avez ? Un comme Soba, il peut tuer un ours tout seul !" Et les loups aussi, mais Sobaka aimait sa louve depuis le premier jour.

Ayant appris quelque chose au sujet de ces impressionnants mastodontes qui gardent fidèlement les troupeaux de bergers,  Eir s'estime heureuse de ne pas être un ours ou un loup. C'est impressionnant.  Tout comme sa fidélité à sa maîtresse-mouton., complimente la pilote avec humour, l'animal sans le toucher.

Andrei et son père froncèrent les sourcils à cette appellation. Anoushka aussi mais elle pensait plutôt qu'elle n'était pas un mouton, tout au contraire. "Une maîtresse-bergère." corrigea le Père Glazdov en s'avançant pour poser une main possessive/protectrice sur son fils. Anoushka fut étonnée de voir son autre main s'approcher de son épaule, oublieuse du chien. Mais elle fit taire Sobaka quand il voulut grogner. "Il va être l'heure de rentrer. Merci pour la lettre." Cela sonnait comme un renvoi.

Se sentant désormais non désirée, Eir estime que la meilleure stratégie est de se replier à la poste pour donner le courrier puis de se dégotter un hôtel pour se reposer un peu. De rien, c'est mon travail, je vous souhaite une bonne journée, j'ai encore des lettres à poster ! Elle s'en va tout ce qu'elle vient de penser en y ajoutant une chose importante de la liste : voir les caves de Tomsk pour en tirer une bouteille ou grâce à l'argent du pari.

Anoushka n'avait pas sciemment prévue de fausser compagnie à Andrei et à son père. Doula et Boula lui manquaient juste et elle avait voulu être seule avec Sobaka pour pleurer non, bouder - elle n'était plus un bébé, elle ne pleurerait pas ! - sans inquiéter son ami. Ses pas l'avaient en suite inconsciemment menée vers l'avion d'Eir et...

Et sa curiosité naturelle avait frappé. Promis ! Elle voulait ressortir après ! Mais Sobaka l'avait suivie dans la soute et la porte s'était refermée sur eux et elle n'arrivait plus à l'ouvrir !

La poste n'avait pas beaucoup de lettres pour la destination de Moscou visiblement, aussi, la pilote ne revint qu'avec qu'une besace légèrement chargée. Elle se dispensa d'ouvrir la soute pour y mettre les lettres et passa directement aux vérifications de l'appareil et de la jauge carburant  puis lança le moteur. Tout était OK.  Le vol après quelques heures se déroule sans incident à part la dépense anormale de carburant. Comme s'il y avait un poids supplémentaire...

Elle était terrorisée. Et excitée. Et terrifiée. Et totalement euphorique.

Elle volait !!!

L'avion avait décollé avec elle et Sobaka à l'intérieur. Elle avait bien essayé de taper sur la porte mais Madame Eir n'avait pas dû l'entendre puis après, elle avait eu trop peur d'être grondée. Elle ne l'avait pas fait exprès. Andrei allait être affolé. Et Doula ! Et Boula ! Et le Père Glazdov qui allait être tellement fâché contre elle. La laisserait-il revoir Andrei ?

C'était des questions pour son retour.

Pour l'instant, elle VOLAIT !!!!!