Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



Ce qui était magique avec ma famille (on se doute que quand j’utilise cet adjectif, c’est déjà mal parti), c’était que même en ne les voyant pas pendant des décennies et en étant à mille lieues d’eux, ils arrivaient à me surprendre. C’est con, j'aime pas des surprises. Ni les gosses. Et voilà que, surprise, je me retrouvais face à la mioche du Morpion (plus si gosse que ça, lui, faut croire). Ah, et ce même Morpion avait failli se faire éventrer par son dernier patron. C’est malin. La dernière fois il avait eu la présence d’esprit de prendre les devants.

Résultat des courses… ben c’était jusqu’à nouvel ordre moi qui écopait de la mioche. Pourtant même dans les Enfers personne aurait essayé de me faire garder des mômes. J’aurais probablement pu la planter là — d’autant plus qu’elle n’avait pas l’air d’être une chouineuse, c’était déjà ça — mais ben… appelez ça comme vous voulez, sens du devoir, honneur ou autre connerie dans le genre, je préférais voir si cette môme savait se débrouiller avant de la lâcher seule dans la nature. On sait jamais, au cas où c’était une des moins dégénérés de la famille, ça serait con qu’elle crève bêtement.

Nous voilà donc sur la route pour Isotier, dans la joie et la bonne humeur. Ou pas. Faut pas pousser quand même. D’ailleurs, ça faisait bizarre de me dire que j’allais faire plus qu’un bref bout de chemin avec quelqu’un. Ca m’était plus arrivé depuis la mort de Vraneï.

"Je ne le force à rien. Il devait mourir d'envie de courir le plus loin possible." Mais Than a beau raffoler de la vitesse, elle ne veut pas crever son animal si récemment acquis, alors elle tire sur les rennes pour le faire ralentir un peu. Tabac n'écoute pas au début mais Than insiste. "Freine !" Tabac cède enfin et ralentit l'allure jusqu'à adopter un galop plus proche du trot. "Bien !"

Evidemment qu’il voulait courir. C’était un étalon de quatre ans, tu t’attendais à quoi, gamine ? Mais il ne prenait apparemment pas le mors aux dents, tant mieux. « Le jour où un cheval de son âge s’arrête ou ralentit de lui-même alors qu’un autre cheval galope à côté de lui, inquiète-toi pour sa santé. » Entre l'instinct de troupeau et l'envie de faire la course, il aurait normalement plutôt tendance à accélérer si on lui laissait le choix.

Than ne connaît pas beaucoup les chevaux mais elle sait qu'un jeune est plus fougueux qu'un vieux et elle estime que si un animal est trop bête pour négliger sa santé et ses limites, il mérite de mourir. Toutefois, ce cheval lui appartient désormais et lui a coûté cher, elle doit poser ses limites comme Errik le faisait avec elle. Le temps passe, Isotier se rapproche doucement. La ville est enfin visible !

Maintenant que la ville se profilait à l’horizon, la question du gîte se posait. J’avais bien une adresse fiable, mais ça faisait un moment que j’étais plus passée par cette ville. « Je connais une auberge où on pourra laisser nos chevaux, à moins que le tenancier soit mort de vieillesse depuis le temps. » C’est que ça mourait vite, les humains.

Il leur faudra être discrètes si elles veulent réussir leur coup : trouver Thorne et lui faire payer la mise à prix de la tête de son père ! Yenlu les suit toujours, cachée derrière les arbres. "Parfait ! Nous pourrons commencer les recherches ensuite !" La nuit ne fait pas peur à un elfe noir, c'est son milieu naturel.

La ville avait changé depuis mon dernier séjour, mais je retrouvai facilement l’auberge où j’avais logé. Avant de mettre nos bestiaux à l’écurie, je voulais m’assurer que le tenancier n’avait pas changé. Je mis pied à terre et attachai mon cheval, puis entrai dans l’auberge sans vérifier si la gamine me suivait. « Ca fait un bail, capitaine. » Il avait la voix plus enrouée que dans mon souvenir et une tête de vieillard, mais sinon il avait toujours l’air vaillant. « Tu as deux chambres libres ? » « J’ai ça. Tu es déjà sur un coup, ou si j’ai des propositions je te les transmets ? » Je haussai les épaules. « Donne toujours, j’aviserai. »

HRP:

Than observe sa tante s'occuper sans plus de considération pour son cheval. Heureusement, Tabac aura un traitement différent. Une chasseresse ne peut pas traiter les animaux comme des bêtes insensibles et stupides, pas quand elle connaît aussi bien le fort intérieur de son animal de lien. Elle rencontre le tenancier, un vieil humain. Celui s’apprête à lui proposer des "coups" et les oreilles de Than sont curieuses.

« Il y a un demi-elfe qui cherche des fines lames pour régler des affaires avec un gang rival. » Mouais, ça sentait le plan foireux à plein nez s’il était pas cap’ de régler ces affaires sans aide externe. « Pas intéressée. » Il haussa les épaules et se tourna pour prendre deux clefs sur le tableau derrière lui. « Combien de nuits ? » « Une semaine, potentiellement renouvelable. Et l’écurie pour deux chevaux. » Des pièces changèrent de main et je passai sa clef à la gamine. « On s’occupe des chevaux puis on s’installe. » Et puis on partait en chasse, mais pas de raison de le clamer à tort et à travers.

HRP:

Than réalise que sa tante ne néglige pas son animal, juste qu'elle préfère payer avant. Than aurait naturellement fait l'inverse : s'installer à l'écurie et prévenir de sa présence ensuite. Elle ne raffole pas particulièrement des départs inopinés, elle est juste comme ça. Elle précède donc sa tante vers l'écurie avec tabac à ses côtés.

J’aurais pu confier mon cheval à un palefrenier, mais je ne faisais pas confiance à un étranger pour s’en occuper. Ma monture, comme mon matériel, personne n’y touche à part moi. Entre deux coups de brosse, je gardais un oeil sur la gamine et son gamin de canasson histoire de m’assurer que ni l’un ni l’autre ne faisait n’importe quoi.

Tabac fait tout un cirque une fois dans l'écurie. Il dénude les dents pour sentir l'atmosphère et roule des yeux aux aguets du moindre élément. À croire qu'il n'a jamais vu d'écurie de sa vie. Pourtant, il ne s'arrête pas là et gigote tout en tapant du sabot antérieur sur le sol. Than n'est pas aussi à l'affût que ça, ses oreilles écoutent l'écurie sans qu'elle n'ait à le faire consciemment. "Stop ! Calme-toi !" Un peu de discrétion, tudieu !

C’était presque amusant de voir les autres chevaux dans l’écurie regarder ce fanfaron sans réagir. Bon, il finirait bien par se calmer. Mais pour le moment, son raffut m’arrangeait : des oreilles indiscrètes auraient d’autant plus de mal à trainer dans le coin. « On va commencer par les docs, rien qu’en écoutant ce qui s’y dit on chopera peut-être une piste. »

Une fois Tabac dans son box, Than s'approcha de sa tante et acquiesça à son idée de commencer par les docs. L'elfette rabat sa capuche sur ses cheveux blancs et ses longues oreilles. Son arc est placé sous son manteau, ni vu, ni connu, prêt à ressortir en cas d'urgence et Yenlu est dehors, dans l'ombre d'un toit.

De mon côté, je ne m’embêtai pas à me faire moins reconnaissable. Quand bien même on me reconnaîtrait, ça ne serait pas plus mal. Ca forcerait peut-être à des ennemis du Morpion à sortir du bois (ou au contraire ils se crameraient en essayant de se barrer en douce). « Tu as de l’expérience en combat de rue ? » Pas que je compte spécialement me battre, mais autant être préparée à tout.

L'image de tesson de bouteille volant en éclats revient à la mémoire de Than. "Si moi, j'ai l'expérience du combat de rue ? Bien sûr ! Je sais très bien qu'il n'y a pas de règles, encore moins pour les contrebandiers que nous allons nettoyer." L'air marin d'Isotier parvient au nez de Than. Elle n'imaginait pas un retour à la maison si rapide, avec sa tante !

Connaître les règles (ou leur absence) ne garantissait pas ses compétences en combat, mais je verrais bien si la situation se présentait. Je n’avais de toute façon pas prévu de déclencher quoi que ce soit… pour le moment. « T’as une idée du nom du bateau du pirate ? » Tant qu’à faire, autant voir s’il était amarré au port ou s’il était en mer pour le moment.

« Le coup de l’emprunt marcherait probablement très bien pour des inconnus, mais même si les vies-courtes ont mauvaise mémoire, je préfère pas partir du principe que personne se souvient de moi dans la ville. Mais si tu veux essayer cette tactique, on peut toujours se séparer et se retrouver plus tard pour recouper nos infos. » Avantage : on couvrirait plus de terrain plus rapidement; inconvénient : je pourrais pas garder un oeil sur la gamine.

"Et quelle est ta tactique à toi, hum ?" demande Than en doutant fortement que Larae ait un meilleur plan que "j'interroge et je menace". Mais sinon, l'elfette ne voit aucun problème à se séparer pour couvrir plus de terrain.

Il y avait pas une note de scepticisme dans sa voix ? « Déjà, vérifier si son bateau est à quai et ouvrir les oreilles sur les docks. S’ils ont pas pris leur retraite ou crevé depuis le temps, je devrais avoir des contacts pour des renseignements plus précis. » Et sinon, ça serait l’impro. Il y avait toujours une part d’imprévu quand on revenait dans une ville où on avait plus mis les pieds depuis de nombreuses années.

Surveiller les docks n'est pas une mauvaise idée non plus. Pas mal la tantine ! "Il est possible qu'il ait changé mais faisons ça ! Séparons-nous et recoupons nos informations à l'auberge ou ailleurs."

Plus qu’à espérer que la gamine savait réellement se défendre si jamais elle tombait sur un os. « On se retrouve à l’auberge début de soirée. Attends-toi à ce que des gorilles te tombent dessus si tu laisses trainer le nom de Niraen avec un pirate qui veut sa peau. » Peut-être que j’énonçais l’évidence, mais on n’était jamais trop prudent avec les gosses nés de ce côté-ci de la Brèche. Leur instinct de survie laissait parfois à désirer.

"Le nom en N ne franchira pas mes lèvres ce soir !" lance Than avec aplomb. "À ce soir, chère tante ? Tantine ?" demande-t-elle avec taquinerie et insolence selon le point de vue.

« Pousse pas trop non plus, gamine. » Aucun sourire pour adoucir ma réplique, et pas grand-chose comme expression faciale tout court. Si elle s’imaginait que des liens familiaux lui donneraient droit à des passe-droits, elle se fourrait le doigt dans l’oeil. Après, le simple fait que j’aie cette conversation avec elle et que nos chemins ne se soient pas séparés immédiatement après notre rencontre était déjà hors de mes habitudes en soi, donc faut croire qu’elle avait quand même droit à quelques passe-droits.

Pfft ! Than rit sous cape tandis qu'elle s'éloigne de sa tendre tante. Elle partit donc vers les boutiques de prêts sur gages. Elle reconnaît les rues et pense à sa mère qui l'y a élevée pendant huit années. Elle s'arrête dans une ruelle pour observer la mine des visiteurs d'une de ces fameuses boutiques, cherchant les plus abbatus.