Rappel du premier message :



Fedor venait de passer un certain temps pour s'habiller. Il avait rendez-vous dans les cuisines de la belle Ineska. Il ne tenait pas à faire mauvaise impression sur les gens qu'il risquait de rencontrer. Bien sûr il préférait largement ne rencontrer personne d'autre que la jolie blonde. Mais il ne comptait pas parier dessus non plus. C'est donc vêtu d'un des costumes offert par Roman qu'il se rendit dans les quartiers chics de Moscou. Quelque soit sa tenue il attirait le regard à cause de sa taille, mais pour une fois il n'avait pas de raison de cacher son physique et marchait fier. Ce n'était pas la démarche d'un homme du monde, c'était celle d'un homme décidé, sans doute un brin trop rapide pour être digne. La démarche d'un soldat, preste, efficace, avec un brin d'engagement.

Lorsqu'il arriva devant la bâtisse il hésita un brin sur la conduite à tenir, puis il se décida et prit la direction de l'écurie. Le cheval était là, et il avait une pomme pour lui. "Salut toi."

Ooooooh maintenant la gouvernante en était sûre ! Elle n'était pas née de la dernière pluie et Madame serait ravie de la nouvelle. "Eva vient, nous allons préparer la salle à manger comme il se doit" entraîna-t-elle la jeunette en répondant au clin d’œil du grand gaillard. "Et bien... quel manque flagrant de subtilité..." souligna la blonde. "Uhm... me servir donc ?" Retour du sourire. "Et si vous tendiez les mains vers... - elle se mordit la lèvre - la plaque de cuisson pour les madeleines, il est en haut de ce placard."

"Je n'ai rien remarqué." signale jsute Fedor au sujet du manque de subtilité. "Mes mains peuvent aussi se tendre dans cette direction en effet." confirma Fedor avant de chercher et trouver la plaque de cuisson pour les madeleines. Il est grand et n'a pas de mal à atteindre le haut du placard. Il dépose la plaque sur un plan de travail. "Ce n'était pas trop compliqué." dit-il un poil tranquillisé. Il ne connait pas grand chose au vocabulaire compliqué de la cuisine. Sauf celui très spécifique des cuistots de l'armée.

Ineska se redressa à bout de bras pour rester debout devant le plan de travail sans (trop) s'appuyer sur sa cheville. "Le reste des ingrédients est à ma portée mais peut-être souhaitez-vous manier le fouet ? Je risque de manquer de vigueur." Le faisait-elle exprès ? Uhm... un chouia. "Sucre et œufs, je vais faire les dosages" attrapa-t-elle un saladier rescapé.

"Le fouet ?" demanda Fedor prit de court. Comment une lanière de cuir faite pour blesser pouvait servir en cuisine. En regardant autour de lui il ne trouva rien de similaire, certainement en plus petit. "Si jamais vous m'expliquer comment le manier, je suis sûr de rapidement devenir un expert. Mais dans un premier temps ... il faut m'aider à identifier cet instrument." expliqua le grand bonhomme.

Son expression étonnée à cette instant était magnifique, lui donnant un aperçu de son visage quand cette maîtrise de soit se fissurait. "L'étrange objet qui devrait être à votre gauche, les fils de fer repliés dans un même manche. Je pourrais vous montrer le mouvement de base." Une chance qu'il n'y avait pas d’œufs à monter en neige. "Cela permet de mélanger plus efficacement sans créer de grumeaux dans la pâte."

Il récupère le fouet et analyse l'instrument, il comprend vaguement le concept. Il va falloir remuer la pate. "Je suis armé." commente-t-il en regardant la jeune femme. "Ne faîtes pas de bêtise ou bien je sévis." Il tient fièrement le fouet qui parait minuscule dans ses mains et encore plus minuscule quand on prend un pas de recul pour regarder le grand bonhomme.

"Ais-je l'air de faire des bêtises ?" Son propre tablier couvert de farine et de flan cru, une trace encore visible sur sa joue, on était loin de la bourgeoise guindée... même si son port de tête droit et ses manières restaient. Le cassage des œufs dans le saladier se fit non sans repêche de quelques morceaux de coquilles mais rien de catastrophique. "Pour battre les œufs avec un fouet, il suffit de faire de petits mouvements circulaires avec le poignet, comme ça" lui montra-elle la main vide.

"Ce n'est pas un air. C'est une réalité je dirais." il se place à côté d'elle et écoute la jeune femme inexpérimentée ou maladroite. Certainement les deux. Lui expliquer comment battre les oeufs. Le concept est simple et il commence son office. Il s'aperçoit rapidement que le mouvement est spécial, il fait travailler ses muscles d'une façon peu habituelle. "C'est plus physique que je ne le pensais." Sans que ce soit insurmontable bien sur.

Il parlait du flan brûlé n'est-ce pas ? Oui, il parlait sûrement du flan. "Il y a une raison pour laquelle je vous ai demandé de le faire" eut-elle un sourire innocent. Il y avait quelque chose d'assez... séduisant à voir Fedor en cuisine, à manier le fouet, même si Ineska ne saurait dire en quoi. Uhm... peut-elle devrait-t-elle trouver une recette avec des blancs en neige la prochaine fois... C'était hypnotisant regarder en tout cas.

"Parce que vous préférez laisser les travaux les plus physiques aux autres ? C'est pareil dans tous les domaines ?" qu'il demande avec un sourire en coin. En tout cas il continue à mélanger avec assiduité. "Il faut continuer longtemps ?" demande-t-il. C'est pas que cela lui pose le moindre soucis, c'est juste qu'il se demande si trop en faire ne risque pas d'être une mauvaise idée. Le beurre se fait comme ça s'il se souvient bien.

"Uh ?" revint-elle de ses rêveries (la veste rouge lui allait décidément mieux). "Uniquement quand je suis alitée et encore, je continue de m'occuper entièrement de Perle. Cessez un instant." Le saladier au calme, elle rajouta la bonne dose de sucre et continua d'étudier la recette. "Vous pouvez reprendre jusqu'à ce que les grains se soient complètement dissous" l'informa Ineska alors qu'elle clopinait vers les casseroles et la cuisinière, le beurre en main.

Il reprend tranquillement son combat contre ... la mixture. C'est simple si on compare à ces activités diverses et variées au sein de la LR. Quoique dernièrement il passe plus de temps à apprendre la médecine qu'autre chose. De toute façon les opérations discrètes ne sont pas vraiment sa tasse de thé. Le calme de cette cuisine est reposant et il se laisse aller à être moins vigilant. Ce qui est rare chez lui. Etrange comme cela le change quand ses yeux ne sont pas sans cesse entrain d'explorer les environs. Il a l'air pensif.

C'était peut-être ça, une vie paisible avec quelqu'un... la blonde aussi trouvait la situation étrangement apaisante, elle qui luttait le plus souvent pour sa liberté et son image. "Comment fonctionne cette chose déjà ?" gromme-t-elle aux plaques de cuisson. Peut-être qu'au niveau technologies, sa cousine était plus débrouillarde qu'elle, elle l'amettait... même Eva savait s'en servir ! Quand une grande flamme s'alluma, Ineska se contenta d'un simple "ah voilà" avant de réduire le feu.

La tête baissée sur son labeur, Fedor se posait des questions à lui même."Peut-être qu'il faudrait que je prépare un sceau d'eau... juste au cas ou." murmura Fedor dans sa barbe de manière néanmoins parfaitement intelligible. "L'expérience du front va te servir une fois de plus." continu a-t-il sur le même ton. Finalement il releva les yeux. "Bravo." dit-il d'un ton enjoué et parfaitement moqueur.

La belle prit une pose victorieuse, comme si elle venait de résoudre le plus grand mystère de ce siècle."Merci bien. Et le sceau est déjà prêt" désigna-t-elle l'air de rien l'évier où effectivement toutes les précautions avaient déjà été prises par la gouvernante (elle connaissait sa maîtresse). "Uliana travaillait dans une caserne avant d'être engagée ici au mariage de mes parents, elle n'aime pas trop les "prises de risques inutiles" comme elle dit. Balivernes, je ne suis pas si incompétente." Et ne parlons pas du flan brûlé....

"Est-ce ouvert à débat. J'aurais quelques arguments pour aider la cause d'Uliana." précise Fedor amusé. "Même si nous nous dirigeons lentement vers des madenaines qui pourraient être comestibles."il le souhaite en tout cas parce qu'il va devoir les goûter et il préférerait que ces dernières soient bonnes. "Il n'empêche que votre servante est une femme sage." et pleine de tact, entrainer la jeune servante loin d'eux était une délicate attention. Fedor se rapprocha de la jeune femme et regarda au dessus de son épaule pour voir ce qu'elle faisait. Evidemment il était proche d'elle.

Du beurre fondait lentement à feu doux dans la casserole, rien d'alarmant jusque là. "Des arguments, uhm ? J'aimerai beaucoup les entendre." Ineska baissa la plaque plus encore et devait poursuivre le mélange mais... le large torse derrière elle était plus tentant. La blonde s'y reposa, en confiance, se sachant assez légère pour ne pas incommoder Fedor. "Ma cheville..." eut-elle comme fausse excuse. "Merci, la douleur me reprend si je reste debout trop longtemps."

Il la laisse se poser contre lui, c'était un peu le but de son déplacement après tout. Trouver une occasion de se rapprocher de la belle. "Le flan déjà. Nous n'en parlons pas assez de ce pauvre dessert mutilé et laissé à l'abandon suite à une cuisson qui a failli enflammer la cuisine." Si elle voulait des arguments il en avait. "Mais je suis sûr que la douleur diminue votre concentration et donc votre efficacité. Reposez vous autant que de nécessaire, nous ne voudrions pas un nouvelle échec pour les .... pâtisseries françaises." il esquive finalement la difficulté pour le moment.

"J'imagine qu'il n'y pas moyen de vous faire oublier ce flan" roula-t-elle la tête contre lui pour le regarder les yeux dans les yeux. "Je reconnais qu'il est plus prudent de vous laisser en charge la cuisson des ma-de-lei-nes." Le mot était accentué, ses lèvres se tordant pour mieux prononcer les syllabes. "Essayez" l'avait-elle démasqué.

"Bien sur que si. Il existe des méthodes pour me faire oublier beaucoup de chose." sourit-il légèrement malicieux. Il doute simplement qu'elle désire les mettre en œuvre dans l'immédiat. C'est une femme qui a reçu une bonne éducation, elle ne doit pas être expérimentée dans certains domaines. Enfin c'est ce qu'il pense. "Ma-de-line" dit-il obéissant.

Elle eut un léger rire. "J'imagine que ce ne sont pas les mêmes pour nous deux, je ne vous vois pas passionné d'équitation ou de bilans financiers." Au nouvel échec de prononciation, elle se retourna et posa ses mains sur son torse, le visage bien haut. "Ma... de... leine..." murmura-t-elle presque. "Vous allez y arriver, j'ai foi. Lisez mes lèvres : ma-de-lei-ne."

"Non en effet ce n'est pas ce qui me passionne. Je suis un homme simple." et comme tous les hommes le sexe est important. Lorsqu'elle se tourne et pose ses mains délicates sur son torse puissant il est au ange l'espace d'une seconde.
"Ma-de-lei-ne." prononce-t-il en faisant bien attention aux lèvres de la belle. Jolies lèvres pour le coup. Il se penche légèrement pour les regarder de plus prêt. Les regarder....

Oubliée la casserole sur le feu ou le repas à venir, le temps s'était figé sur ce visage séduisant qui se penchait vers elle... un peu plus... "Inessa, ne fais-tu rien brûler cette f- Oh, mes excuses." La voix de Larissa lui fit comme un électrochoc et c'était les joues rouges qu'elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. "T-tout va pour le mieux M-Mère." Ô Seigneur que c'était gênant ! Et sa mère qui souriait simplement en la regardant fixer le sol comme une petite fille prise sur le fait à voler dans le bocal à biscuits.

Fedor sentait que le moment était potentiellement important et espérait que la distance entre eux allait diminuer pour devenir nulle. C'est à ce moment qu'une voix inconnue rompit le charme. La jeune femme belle et conquérante venait subitement de se transformer en adolescente prise sur le fait. C'était.... hilarant et Fedor du se concentrer pour ne pas éclater de rire. Seul un sourire très amusé vint traverser son visage de part et d'autre. Puis il réagit, "Mère"... diantre. Il se tourna vers la nouvelle venue et baissa doucement la tête en guise de salut. "Madame." dit-il d'un ton docte et posé. Ce n'était pas conforme à l'étiquette.

Ineska avait beaucoup hérité de sa mère, ses cheveux blonds, son visage et le port noble. Ainsi que le bleu de son œil droit. "Vous devez être le fameux Fedor Voliakov dont ma fille m'a tant parlée, je suis enchantée de vous rencontrer ; je suis Larissa Tselikovskaïa, maîtresse de cette maison. Encore merci de l'avoir aidée suite à cette mauvaise chute en ville." Ladite fille était revenue à ses gâteaux, retirant le beurre du feu et mélangeait le reste avec les œufs battus. Tout ce qui pouvait lui permettre d'éviter de croiser le regard amusé de sa mère.