Rappel du premier message :

La population de la capitale est très diverse. Dans un quartier, nous pouvons trouver pêle-mêle elfes, humains, orcs, nains, gobelins et elfes noirs. Les trolls et les dragons n'y vont pas évidemment à cause de leur grande taille et de leur esprit particulièrement belliqueux.

Les dragons-fées sont rares également, une bonne colonie s'épanouit dans les lieux discrets et sont autonomes, ils n'ont pas besoin de faire commerce avec les autres espèces. Ce qui n'est pas le cas de Fotafilis, dragon-fée solitaire de son état. Par choix et par nécessité, ce dernier vend ses services de marabout à toutes les espèces de la capitale, sans distinction.

Après toutes ses heures de service, même le marabout le plus infatigable a bien besoin de repos, loin du brouhaha des marchés de la grande ville. Près de là justement se trouve un lac très agréable, apprécié par tous les citadins pour se reposer. Sa surface brillante est magnifique à voir. Le vent vient de temps en temps la rider et agiter les roseaux. Le marabout observe ce spectacle depuis la branche d'un arbre.

IL A AIMÉ ! IL A TROUVÉ ÇA BEAU ! Ça me rend vraiment, vraiment, très, très heureuse ! Je saute sur place, jusqu'à fait un gros câlin au Monsieur dragon-fée.

- Merci !

Sa peau est toute bizarre. Peut-être qu'il n'aime pas les câlins. Maman dit qu'il ne faut pas faire de câlins aux inconnus.

Mais le Monsieur, je le connais un peu ?

Je finis par reculer, même si je suis encore toute excitée parce qu'il a aimé.

- Oh... Eum... Pardon.

En réalité, Fotafilis a eu le temps de se téléporter hors des bras de la petite. Il n'aime pas vraiment les contacts physiques, que ce soit avec les presque-étrangers ou les humanoïdes, même juvéniles et gentils.
"Il n'y a pas de mal. Continuez de vous exercer, c'est très bien."

Mes bras ont serré du vide. Du rien. Visiblement le monsieur dragon n'a pas apprécié du tout. J'ai envie de me cacher et sur le coup, c'est tout ce que je trouve à faire.  

Me sauver en courant, même si le Monsieur-dragon dit que ce n'est pas grave. Mais si ! Sinon il aurait eu un câlin.

- Dé... Désolée...

Je m'éloigne rapidement, même sur je ne cours pas trèes, très vite.

N'a-t-il pas dit que cela ne l'a pas blessé ? Qu'arrive-t-il à cette petite elfe  pour qu'elle fuit ainsi ? La dragon-fée est quelque peu perplexe. Il espère qu'elle ne va pas se faire mal à nouveau alors il la suit en volant.
"Calme-toi. Tout va bien, ne trouves-tu pas ?"

Monsieur Dragon-Fée m'a suivit et je finis par arrêter de courir, puis de marcher.

- C'est que maman, si elle apprend ça, elle va me disputer. Elle ne veut pas que je touche les gens que je ne connais pas sans leur demander la permission. En tout cas, pour des câlins.  

Je gigote un peu de gauche à droite. Je regarde le sol, parce que comme ça, c'est beaucoup moins gênant.

"Je ne le lui en toucherait aucun mot. Il faut que tu régules tes émotions pour ne pas courir n'importe où."
Il a conscience de s'adresser à une juvénile et il espère qu'elle ne prendra pas la mouche.

Monsieur Dragon-fée dit qu'il ne toucherait aucun mot. Parce que des mots ça se touchent ? Il faudrait que je demande à grand frère, il pourrait me le dire, je suis certaine. Les mots qu'il me dit ne font pas beaucoup de sens par exemple. Je me gratte la tête.

- Que je réglisse mes émotions ? Ça veut dire quoi ? Il faut que je mange mes émotions ?

Je ne comprends pas tout à fait.

Le dragon-fée se pose sur une pierre.
"Euh, non, absolument pas. Régir vient de roi pour sign-- vouloir dire : gouverner, contrôler. En bref, ne pas te faire mal et courir sans savoir où aller."

Je pense que je comprends. Contrôler des émotions... Mmh. Réglisser des émotions, il me semble que c'est le mot qu'il a utilisé.

- Ah... D'accord. Et comment je peux ré... réglisser mes émotions ?

Je me gratte la tête, je ne sais pas comment je peux faire ça moi... Peut-être qu'il faudrait que je demande à grand frère ? Sinon peut-être que Monnsieur dragon-fée le sait, lui ?

"Régir."
Comment régir ses émotions laisse le dragon-fée perplexe. Il réalise qu'il n'est pas le mieux placé pour répondre puisqu'il n'a jamais eu de débordements émotionnels.
"Pour se calmer, il faut respirer." dit-il sans être tout à fait certain de son affirmation.

- Ré...gir...

Étrange comme mot. Je ne sais pas si je vais être capable de m'en souvenir. C'est vraiment, vraiment étrange.

Le dragon-fée dit qu'il faut aussi respirer pour se calmer...

- Mais on respire tout le temps, on devrait être toujours calme... Non ?

"Je voulais dire respirer calmement, lentement, en profo-- gonflant bien son ventre."
Parler de respiration profonde pouvait perdre la petite. Des cris interrompent la conversation :
"Au secours, elle a bu la tasse, elle ne respire plus !"
Jamais tranquille...

Ah oui, maintenant je comprends... Je pense. Des fois grand frère veut que je fasse, ça. Je trouve ça toujours bizarre un peu, des fois drôles, surtout quand il se met à faire des bruits avec sa bouche un espèce de "ouhm".

Même pas le temps de répondre qu'on entend quelqu'un crier. Je sursaute, ça me fait peur. Je regarde le dragon-fée.

- On devrait aller voir ?

Je fais quelques pas rapide en direction du bruit. La personne a probablement bu une tasse empoisonnée.

La petite devait s'imaginer des choses car ce n'est pas quelqu'un en train de s'évanouir qui a créé cet émoi mais la vision d'un serpent du lac par un visiteur passager. La créature du lac est assez connue : il s'agit d'une gentille bête. Incapable de parler mais suffisamment gentille et prévenante pour empêcher les jeunes enfants de se noyer dans ces eaux. L'animal éjecte un nuage d'eau devant l'humaine effrayée.

Je m'arrête rapidement. La bête la créature tout ça... Elle est immense ! Vraiment plus, plus grosse que moi en tout cas. Ce... C'est la première fois que je vois ça. Mon grand frère m'en avait déjà parlé... Mais euh voilà. Je cligne plusieurs fois les yeux devant ça, je n'arrive plus du tout à bouger. Quand maman et papa vont savoir que je l'ai vu !

Le petit dragon blanc n'a pas suivi la petite et, voyant qu'elle est passée à autre chose, remonte sur sa branche pour profiter du spectacle à sa manière. Il aurait pu lui dire au revoir tout de même.
"Les jeunes sont si agités, je ne me souviens pas avoir jamais été comme ça.
Et il s'assoupit, rêvent du temps où il était un jeune dragonneau avide de connaître l'extérieur.