C’est l’grand jour. Ouais. C’est aujourd’hui. Aujourd’hui qu’tu vas montrer à tous ce que t’as dans le ventre. Petite peut-être. Mais t’en as dans les tripes, t’es prête à lever les bras et hurler de toutes tes forces, avant de retomber brusquement sur ton adversaire du jour. ‘Fin, si on peut appeler ça un adversaire, évidemment. Aux yeux du public qui hurle et qui scande habituellement ton nom, ça l’est. Mais à tes yeux, c’est qu’un partenaire, et souvent même un acolyte, un ami. Mais donc.

C’est aujourd’hui. Le show le plus important de l’année. Mettant en scène la future championne du monde de lutte – toi. Et tôt le matin, tu t’es réveillée sur fond d’une musique bien connue dans l’animation japonaise – celle que tu aimes tant – un opening de Naruto Shippuden – le premier. Et tu te presses. Petit déjeuner pris dans une rapidité extrême, préparatifs rapidement faits. Et finalement…

« Merde ! Elle est où ?! »

Tu peux pas y aller sans ça.

« Mais putain ! Où je l’ai foutue ?! » Déjà la panique commence à grimper, dans ton petit coeur qui n’était pas prêt à autant de panique d’un coup. « Non, non, non ! Te fous pas de ma gueule ! » Et les recherches continuent.

Championne de lutte, mais que serait une championne digne de ce nom… Sans sa ceinture ? Eh ouais Risa. Tu l’as perdue. T’es vraiment un boulet des fois. Tu l’avais pas mise dans un endroit exprès pour t’en souvenir ? Ah, putain, t’aurais pas dû la bouger de ta table de chevet. Tu l’as foutue dans un endroit où t’étais sûre de la retrouver. Et au final, tu la retrouves pas. Et plus les secondes passent, plus les minutes – qui te paraissent une éternité – tu paniques et cherches dans chacun des recoins de ton appartement, qui n’est pourtant pas si grand.

Une malle ouverte, tu jettes littéralement l’entièreté de son contenu par terre pour fouiller au plus profond de cette caisse en métal, mais… Pas moyen. Elle n’est pas là-dedans non plus. Cette ceinture en or que tu as gagnée à la sueur de ton front.

« Putain ! Putain putain putain putain ! » Tu jures, comme à ton habitude. Petite fille incapable de garder son calme dans une situation de crise. Tu te redresses et un coup de poing part dans le mur.

« Putain ! » Et tu cries. Tu t’énerves contre toi-même. Tu rages, tu t’emballes finalement. Et tu te retournes, avant de repartir dans une session de recherches intensives. Mais l’heure passe. Et le moment du départ s’approche à grands pas, Risa. Il va clairement falloir que tu la retrouves, et au plus vite.

Vite, cherche plus, cherche loin ! Et réfléchis dans ta petite tête. Tu te plantes en plein milieu de l’appartement – désormais dans un immense désordre, à force de recherches – et tu penses, fermant les yeux en essayant de te remémorer ce que tu as fait la veille. Tu l’as attrapée. Tu l’as déplacée, tu l’as posée sur ta table de chevet. Tes yeux se rouvrent et tu regardes.

Elle n’y est pas. Et tu pestes à nouveau contre toi-même. Comment t’as pu perdre quelque chose d’aussi important que ça ? T’étais sûre de l’avoir bien rangée, pourtant…

…

Et si…

Tu te retournes et t’approches de ton lit. Il n’y a qu’un seul endroit où t’as pas regardé, hein ? Tu soulèves ton oreiller.

…

Tu soulèves ton oreiller.

…

T’es conne.

Et là tu te sens terriblement stupide. Elle n’était pas vraiment perdue, au final. T’as juste pas pensé à chercher au bon endroit. Alors tu saisis rapidement l’accessoire avant de la poser sur ton épaule, tapotant rapidement sur l’écran de ton téléphone avant de l’apporter contre ton oreille, avec un sourire satisfait.

« Je l’ai retrouvée ! J’arrive de suite. »

Et tu pousses brusquement la porte de l’appartement, en direction de ton futur show.

Et tu te rapproches encore du jour où tu seras championne du monde.