Rappel du premier message :

Prologue : L'arrivee

La vaste salle est sombre. Le parquet du sol rappelle un gruyère oublié au fond d'un appentis, les larges tentures du plafond seront bientôt battues à plates coutures par les toiles d'araignées et les immenses verrières sont recouverte d'une poussière antédiluvienne. C'est justement dans cette poussière qu'arrivent nos invités. Certains toussent, d'autre éternues, mais tous sans exception font un petit nuage à leur atterrissage. Si la désorientation marque la plupart d'entre eux, une chose attire les regards. La seule source de lumière de la pièce. Une personne, qui semble briller d'une légère aura dans cette pénombre absolue. Cette personne est floue, et aucun spectateur ne la voit de la même manière. Pour l'un c'est une femme, pour l'autre un enfant, pour le suivant un dragon miniature, mais ils ont tous deux points communs. Aux yeux de chaque invité, cette personne luminescente le regarde.... Et possède l'aspect d'un être perdu, cher à son cœur. Un fantôme du passé.

Salut à toi mon ami(e)!

La voix résonne dans la pièce comme le chœur d'une centaine d'âmes enchantées. Si tous voient une forme différente, tous entendent la même voix, celles de toutes les formes. Cependant, dans la musique de ces paroles accordées ressort toujours le phrasé de l'être aimé, comme s'il se faisait un peu plus remarquer que les autres dans la foule.

Ces derniers temps je t'ai pas mal regardé. Je te voyais t'ennuyer, t'amuser, te morfondre ou t'énamourer. Je te voyais seul(e) ou bien accompagné(e)! Je ne suis pas vraiment là pour juger ta vie, mais je pense que tu t'en est plutôt bien sorti... CEPENDANT!

La voix résonne autour de ce mot comme le tonnerre d'une annonce de dernière minute pas du tout scriptée pour être impressionnante et importante.

Je t'ai vu solitaire ce soir! Je t'ai vu rester seul(e) lors de ce magnifique soir de Noël! Et cela m'était intolérable. C'est pourquoi (après quelques dizaine de milliers de nanosecondes de réflexion et de délibérations intenses avec moi-même)! J'ai décidé de venir ajouter un petit peu de magie!

Sur ces mots, l'esprit se met à tourner sur lui-même, des paillettes lumineuses commençant à jaillir de ses bras (ou appendices équivalents) et à envahir la pièce dans une tornade colorée.

Bon. Même dans un songe, on ne refuse pas de la nourriture quand on est réduit à la chasse et à la cueillette pour se nourrir. Puffífl craille à ses yeux puis volète d'un coup sur la table à la recherche de poissons. Leif n'arrive à l'attraper qu'après qu'il ait volé une grosse becquée.

Enfin peut-il s'asseoir et remplir son assiette... de tout sauf de viande. Vivre de la chasse, ça donne envie de manger un peu plus diversifié. Même si c'est une hallucination... bah, il restera le contentement d'avoir cru manger. Il l'espère.

Quant à la question de cette drôle de créature... Par les dieux, que dire ! Il ne se souvient même pas des noms des autres hurluberlus. Il a joué au boule de neige en équipe avec un trollogre. Une boîte magique a créé l'écharpe qu'il porte. Et tout a commencé par un spectre de grand-mère devenu un poulpe devenu le Père Noël de Coca Cola mixé à un géant devenu une tête enflammé.

Donc : il fera bien plus gaffe aux champignons la prochaine fois.

"Best trip ever, je m'en souviendrais (ou pas) et s'était une introspection plus agréable que celle dont j'ai le droit le plus souvent... sauf le passage souvenir hein."

Se posant à table, Ash picora surtout des plats bizarres qu'elle ne connaissait pas, étonnée tout de même d'en ressentir le goût (la clope OK mais le truc vert gélatineux qui se balançait et tremblait dès qu'elle tapotait l'assiette ?).

"J'me doute qu'il faudra que je vous retrouve une autre fois sauf Ryot, quand je serais réveillée." En tout cas, elle n'avait pas hâte que ce moment arrive. Elle était... bien là.

Il fait trop de philosophie, le mutant. Et le coup du souvenir en début de soirée, c'était moyen moyen. Outre le fait qu'elle comprend vraiment pas pourquoi on lui fait faire tout ça — c'est quoi le plan, à la base ? D qui  se renseigne sur elle ? Hein ? T'es un pote du violet ? Avoue hein, pas la peine de te cacher derrière des simulations chelou. Tu veux quoi ? —, c'était pas si mal.

La bataille de boules de neige, par exemple, c'était marrant. Et le manteau est cool — je peux l'avoir en vrai ? C'te plaît, mec. Ce serait sympa. Tu veux quoi, en échange ?

Elle a rien à dire à voix haute (elle a la bouche pleine, t'façon, tout le monde sait que c'est pas poli de parler la bouche pleine). S'il y a quelqu'un dans sa tête like right now, c'est sûr qu'il entend tout ça anyway. And more — surtout dis-lui bien que je me suis marrer, ça lui fera les pieds.

C'était ok, répond Ryot tout simplement.

Il a spotté une boîte de conserve (si si) de mac'n'cheese à l'autre bout de la table. C'est encore pire que le mac'n'cheese en poudre qu'il mangeait normalement... mais aussi terriblement délicieux. Après tous ces efforts (s'exprimer, bouger, faire des poème, être parmi de gens (= surtout ça)), il méritait quand même un petit moment de répit, non ?

Il pose son NewBras sur la table et ordonne ses NewDoigts à tenir la conserve. Puis, de son bras fonctionnel... VLAM. Il enfonce son couteau dedans pour l'ouvrir. Le macaroni garde sa forme circulaire quand il retourne le récipient sur son assiette. Ca a l'apparence d'un mauvais pâté de chat. Gluant et parfumé (ça veut dire que ça pue). C'est... parfait.

Maintenant c'est mieux.

Il attrape encore son NewBras et fait un pouce en l'air général.

Ce qu'il a pensé de cette soirée ? Bah, après tout ça, c'est le pire noël de sa vie après celui du charbon, oui ! Être obligé de cotoyer des inconnus, d'être gentil avec eux sous la menace de monstres bizarres. Pire. Soirée. De. Sa. Vie.
Il n'a qu'une envie : retrouver Fumée et surtout le monde NORMAL !

Epilogue : le depart

Alors que la dernière phrase du dernier convive se termine dans la pièce, celle-ci se met à tourner sur elle-même, d'abord doucement, puis de plus en plus vite avec des étincelles lumineuses courant de tout coté, comme des éclairs. Lorsque la rotation prend fin, chacun est retourné à son point de départ, légèrement désorienté. L'orc est de nouveau dans son lit, la mutante dans son monde réel si familier, le manchot dans son si... douillet? chez-lui, le demi-norvégien auprès de son cheval drôlement coiffé, l'artilleuse dans son périlleux canapé et le milicien dans l'étable qu'il avait quitté un peu plus tôt.

Chacun avec en lui le souvenir, plutôt flou, de cette soirée si magique et si surprenante. Un peu comme un rêve surprenant. Ils ne le savent pas encore, mais dans un avenir proche, peut-être qu'il trouveraient, dans un magasin en promotion, ou accidentellement tombé dans leur boite au lettre, des objets étrangement proches de ceux qui leurs avaient été offerts dans ce rêve étrange. Une phrase leur trotte en revanche dans la tête, comme la citation gratuite d'un auteur paresseux qui ne sait comment l'amener. "On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux"

C'est avec un grognement que Leif se redresse. Au pied de son arbre-cabane, dans son monde apocalyptique. Avec Krákagrár qui chatouille son visage des vibrisses de son menton. La douce main de Hind effleure ses mèches d'une petite brise inquiète. "Je vais bien." croasse Leif. Un craillement lui fit écho et il sourit en apercevant que le macareux est bien là aussi.

Il met l'assiette de champignons de côté, ne voulant pas les retenter. Ses yeux se perdent sur sa montre mais il ne semble pas avoir perdu trop de temps. Pas d'inquiétude à avoir pour les zombards alors. "J'ai fait un drôle de rêve, Krak. Il y avait même un trollogre."

Le cheval piaffe et se couche à ses côtés pour mâchouiller ses cheveux. Il sent toujours la main de Hind jouer avec le vent dans ses mèches. Le petit elfe dans sa poche ronfle, il en sent les vibrations. Le macareux s'est lové contre son flanc.

Leif sourit. Ces spectres disaient n'importe quoi : il n'a jamais été seul en cette soirée.

Le délicieux macaroni sur sa fourchette. La fourchette en approche. Le premier morceau qui touche le bout de sa langue eeeet... et... et puis rien. Ryot a encore le bras en l'air, fourchette invisible en main, mais son délicieux repas a disparu. Il mâche le vide, déçu. Au moins son bras est de retour. C'est pas le bon, mais c'est un bras qu'il connait (et qui est bien attaché à son épaule au passage).

Faut vraiment qu'il arrête de boire n'importe quoi avant ses siestas. Ca fait peur les rêves lucides.

Et c'est toujours décevant.

Maksim reprend ses esprits brumeux dans la chaleur de l'étable, le nez de Fumée au dessus de lui, sans doute vaguement inquiet. Le milicien retrouve avec plaisir la sensation de la paille NORMALE sans personne pour lui dire ce qu'il doit faire comme s'il avait cinq ans.
Il se relève et, avec toute la force de son esprit, pense à tout autre chose que ce rêve étrange. Même si la brunette était plutôt sympa (pas trop chieuse c'est à dire).

Le canapé à l'article de la mort émit un grincement quand la rousse s'étira, sa gueule de bois encore gérable. "Chelou ce rêve" baragouina-t-elle en remarquant que son humeur aussi s'était amélioré.

Elle se souvenait vaguement de visages inconnus ; un type vert avec des crocs saillants, un rouquin sexy dans un pull ridicule avec un piaf assortit, une brunette plutôt fun et un gamin ronchon qui fallait vraiment qu'il tire un coup pour aller mieux. Ah et... "Oh putain j'ai rêvé de Ryot !!"

Sueur froide. Y'avait un message caché là aussi ??

Sautant sur ses pieds, Ash s'enroula dans une veste relativement en bon état (une impression bizarre qu'il faisait froid dehors, réminiscence de son rêve sûrement) pour rejoindre Lito MAIN-TE-NANT !! Son pote mécano restait tout de même un meilleur coup que Ryot et lui était bien réel.

July est assise dans son canapé. Y a un café froid sur la table basse et son téléphone posé à côté. Dans sa main, un magazine ennuyeux au possible qu'elle n'a acheté que pour être au fait des trucs en vogue. Boooooring. La preuve, elle a roupillé comme une enclume. kaythxbye.

Putain, sans déconner...

Elle jette le magazine et se lève pour réchauffer son café.

Quelques jours plus tard, au détour d'une friperie — fournisseur officiel de sa garde-robe super stylé —, elle tombera sur un manteau plutôt marrant. Original. Avec des trucs et des machins dessus. Ça lui rappellera vaguement quelque chose. En passant en caisse, elle repensera brièvement au Petit Prince. Pourquoi ce bouquin, d'ailleurs... ?

Bref. Elle rentrera chez elle avec un manteau qu'elle ne portera probablement pas avant de quitter NY, pour changer de peau à nouveau.
À moins que...

Wait and see

Mäagur se retrouve dans sa chambre, l'air un peu bête. Les inconnus ont disparut, les fantômes passé, présent et futur aussi. Il pensa alors qu'il ferait mieux d'aller au lit. Mais ces inconnus, lui avaient fait du bien au moral. Comme quoi, parfois les rencontres impromptues étaient bien satisfaisantes.