Rappel du premier message :

Lumi et Ilma ont laissé leur dirigeable dans un village limitrophe de Moscou. C'est pourtant déjà la campagne ! Et c'est plus proche que leur base finnoise. La pollution c'est bien jolie un jour ou deux mais l'air frais est un besoin qui se fait sentir. Les deux filles sont donc ce que les travailleurs appellent au repos, soit un jour de noble comme les autres avec les soucis administratifs en moins.

Après une visite du village qui a été fort sympathique et un arrêt repas dans une auberge fort accueillante, les filles décident d'aller se promener dans la plaine voir les animaux et se rafraîchir dans la rivière car il fait vraiment chaud ce jour-ci.

C'est dans une plaine qu'elles remarquent, surprise, deux magnifiques juments racées. L'une grise pommelée et une autre encore plus immaculée.
"Ooooh ! Crois-tu qu'on puisse les caresser ? demande Lumi à son amie en finnois.
- Elles appartiennent peut-être à quelqu'un..." répond timidement Ilma.
Mais les filles ont beau cherché, aucun maître ou garde-animal à l'horizon.

Lumi se dit qu'une telle chose est en effet étrange mais n'hésite pas à aller investiguer près des juments.
"Coucou, mes belles ! Jolie journée, n'est-ce pas ?" leur dit-elle en russe car leur maître était sans doute russe aussi.

Sa monture "bouda" et alla seule se rafraichir les pattes dans le cours d'eau. "De Finlande, uhm ? Je n'ai pas encore eu l'idée d'étudier le finnois, navrée" conversa Ineska tout en étalant une nappe modeste au sol, prenant bien soin que son peignoir la cache complètement ; même si elle semblait, du moins en apparence, à l'aise... l'astuce était de faire comme si tout était normal et de ne rien laisser paraître. "Un encas mesdemoiselles ?" proposa-t-elle en se posant les jambes repliés sur le côté, une boite à biscuits sortie de son sac.

"Oh oui ! Si vous insistez."
Lumi et Ilma s’assoient poliment autour de la nappe de la dame. Ilma donne sans doute l'impression de ne pas comprendre le russe, c'est faux. Sa compréhension orale n'est pas parfaite mais elle comprend bien mieux le russe qu'elle ne le parle et elle ne le parlera pas à moins d'être obligée. Elle est plus enclins à employer le langage visuel.
"Je vous trouve très... c'est quoi le mot ? Polie ?"
Lumi voulait dire "cordiale" et "avenante".

La bien-née ne porta pas de jugement sur l'enfant discrète. Elle en savait assez dans son milieu pour ne pas sous-estimer une femme qui se tait, même une jeunette. "Polie conviendrait mais courtoise serait un mot plus appropriée ; pas que je reprenne, voyez-le plutôt comme un conseil entre alliées." Les enfants éduqués attiraient moins l'attention, c'était un fait. "Ce sont des gourmandises que je me suis essayée à faire moi-même, navré par avance si le goût n'est pas fameux" leur proposa-t-elle en ouvrant la boîte et les invitant à piocher dedans.

"Courtoise, c'est peut-être bien ça ! Courtoise."
Ensuite la jeune femme leur propose des sucreries faites maison.
"Oh, mais vous faites aussi la cuisine ! Je croyais que les nobles ne faisaient pas ce genre de choses ! Euh... Mon nom complet est Lumi Koskinen et voici Ilma Orava. Comment vous appelez-vous, ma dame ?"

Noble ? "Avoir des manières n'est pas l'exclusivité de la noblesse. Bien paraître est à la portée de tous, pour peu qu'on en fasse l'effort" disait celle qui faisait courtoise nue sous un peignoir usé en pleine campagne russe, sa jument manquait cruellement de grâce en se couchant à même le fond de la rivière. "Je m'appelle Ineska, et voici Perle. Mais sur ce fait je le reconnais, la cuisine n'est pas dans mes habitudes. C'est plus une occupation qu'un besoin."

Lumi goûte donc les bouchées et ne manque pas d'exprimer son contentement.
"C'est excellent ! Vous êtes très douée !"
Ilma à côté acquiesce pour confirmer ce qu'elle pense de la gourmandise.
"Mais alors... Êtes-vous noble ou non ? J'ai cru que vous l'étiez..."

HRP :

Le compliment était sincère, ce qui lui dessina un sourire plus naturel. S'il restait des biscuits, elle pourrait toujours en passer à Oksana pour lui démontrer ses progrès. "Je vous remercie ; et pour te répondre Lumi, je ne suis pas noble. Je suis née bourgeoise, avec les conventions qui vont avec ce rang. Pas que je m'en plaigne, loin de là." Elle mordit dans une petite galette et grimaça : trop sucrée à son goût encore une fois. "Je pense deviner que vous voyagez beaucoup ?"

Lumi aurait aimé demander la différence entre noble et bourgeois du point de vue d'une intéressée mais l'autre blonde avait le droit de poser ces questions.
"Oui, nous n'avons pas le temps de nous ennuyer ! Même si nous revenons souvent à Moscou parce que c'est le centre des Hommes. Nous volons au dessus des campagnes, des océans, de la Taïga, entre les montagnes. Et vous ?"
Il faut éviter que leur interlocutrice ne demande "pour quel motif ?".

Loupé. Avec un oncle et le mari d'une cousine très proche versés dans les chemins ferroviaires, il fallait s'y attendre. "Êtes-vous plutôt dans le transport de marchandises ou pour les personnes ? Le courrier peut-être ?" C'en était pour la partie pratique. "Vous partez donc si loin pour franchir océans et montagnes ?" Là la partie jeune citadine curieuse.

"Oui, transport de passagers et de courriers. Notre dirigeable n'est pas très grand, nous ne faisons que des voyages de loisir. Et le dirigeable nous permet de voyager où nous voulons quand nous avons assez d'argent, ce qui est difficile ! Et vous, est-ce que vous voyager beaucoup ?"
Oui, Lumi insiste pour détourner la conversation. Il est tout à fait compréhensible qu'elle n'ait pas envie de parler de ses affaires à une néophyte, non ? Même s'il s'agit d'une zootrope.

Deux fois que la question lui revenait, la jeunette ne voulait rien lâcher. "Très peu hélas, ma place est dans les villes. Ces échappées avec Perle sont les seules que je m'octroie." Un petit thermos de thé fut également de la partie mais elle n'avait qu'une seule tasse, ne pensant pas être accompagnée. "Ce dirigeable semble être toute vos vies. Du thé ?"

"C'est notre maison volante comme on dit !"
Lumi sent soudainement la boule de poils dans son sac s'agiter. Hassel a dû se réveiller. Avec une dame zootrope aussi proche de sa jument, il n'y a pas à hésiter. Du moins pas trop longtemps. La finnoise soulève donc l'ouverture de son sac pour révéler l'écureuil-volant.
"Je vous présente Hassel, un écureuil que j'ai recueilli."

Ineska eut un moment de surprise devant le petit animal à fourrure et une chance pour elle qu'à passer autant de temps dans des écuries, les souris autres petits animaux semblables ne l'effrayaient plus -mais de là à dire qu'elle les appréciait, ne poussons. "Enchantée, Hassel... est-il un véritable animal ? Je ne pense pas en avoir vu auparavant, qu'est-ce ?"

"Je n'attaque pas les écureuils sous forme de chouette. Hormis galoper la campagne, il n'y a rien que je fasse d'autre en cheval ; même la rencontre avec ma jument s'est faite le plus banalement du monde." Elle but une gorgée de son thé tiédit alors que ladite jument grignotait les herbes les plus vertes au bord de l'eau, les jambes encore en partie sous la surface. "Je montais sa mère autrefois et j'étais là à sa naissance."

"J'espère que la Milice ne vous tombera jamais dessus. C'est une chance de maîtriser sa transformation aussi bien ! Il est dommage que ces derniers soient traqués comme des bêtes dangereuses."
Là, Lumi va tâter les convictions de la jeune femme. Elle ne redoute pas de surprise mais si Rikku savait ce qu'elle comptait faire, il lui lancerait une réprimande.

"La Milice ne tombe pas que sur le dos des zootropes en ville ; la seule chance que j'ai eu étais d'avoir pu la travailler. Être moi-même cavalière a dû aider, j'ai appris à monter à cheval peu de temps après savoir marcher." Bien sûre qu'elle savait la peur qu'inspirait la Milice, elle-même craignait que son ami d'enfance -milicien gradé- l'apprenne un jour. "Je prierai également qu'il ne vous arrive rien" conclua Ineska, en omettant son avis sur la traque des zootropes.

En effet mais une transformation involontaire d'un zootrope au milieu de la rue est toujours fatale, il est donc impératif d'aider les zootropes à se défendre.
"Merci, nous prierons pour vous. Comment se fait-il que vous ayez appris à chevaucher ? La voiture mécanique tende à remplacer de plus en plus les calèches à Moscou."

"Je pourrai vous dire qu'il s'agit d'une occupation de riches mais hors dans mon cas, il est question d'une affaire familiale. Le côté maternelle avait un élevage autrefois, même s'il ne reste plus guère de bêtes pour le perdurer" expliqua-t-elle sommairement. "Ce sont des chevaux magnifiquement doués pour la course ou l'attelage, bien que je préfère le dressage. De vrais amours intelligents et dociles." Et avec leur petit caractère mais ce devait venir que de Perle, sa mère Cristal était bien plus placide.

Ilma semble aussi émue que Lumi. "Vous êtes heureuse, je suis contente pour vous ! Du point de vue du Vatican, nous sommes comme des criminelles, aussi bien ceux capables de se transformer que leurs alliés."
Et Lumi pense tout particulièrement à Ilma en disant cela. Il est vrai que cette dernière n'est pas zootrope, contrairement à sa mère et à sa meilleure amie.

"Je le sais bien..." lui confia la blonde alors que sa monture revenait à elles, s'ébrouant un peu plus loin avant de se coucher sur une touffe d'herbes près de la nappe. "Mon propre père n’hésiterait pas une seule seconde à me dénoncer s'il l’apprenait et retirerait mon nom de toutes nos archives familiales." Elle eut une mine pensive mais n'était pas réellement attristée par cet état de fait. "Je préfère au maximum éviter de mêler mes proches à tout ceci, j'imagine qu'il en est de même pour vous."

"Tout à fait !"
Totalement faux, le camp de rebelles prend tout le monde car tout le monde peut être persécuté.
"Mais plus sérieusement, nous essayons d'aider tout le monde, pas seulement les proches. Certains sont isolés et la religion elle-même nous dit d'aider les autres."
Alors pourquoi les gens sont-ils si égoïstes et malveillants ?

Le sourire qu'eut Ineska était de ceux qui avaient compris quelque chose qu'ils n'auraient pas dû. "'Nous essayons d'aider tout le monde...', uhm...?" répéta-t-elle plus lentement.

Lumi se lève, le visage sérieux.
"Oui, je vous demanderais de garder le secret sur ma zootropie et si vous avez besoin d'aide, vous pouvez toujours me contacter. Notre porte est toujours ouverte."
La jeune fille étudie le vent.

"Le nom de votre dirigeable me sera plus utile qu'une adresse" lui rappela-t-elle, son thé terminé et quelques biscuits sauvés. "Qu'y a-t-il ?" s'inquiéta Ineska devant l'attitude de l'enfant.