J'avais eu cette invitation pour un brunch en Roumanie et, ouais, ça faisait loin de New York, mais quand le séjour est tous frais compris, on pinaille pas ma bonne dame. J'ai toujours rêvé de visiter l'Europe.

Après un voyage sacrément confortable en avion - serviette chaude et cacahuètes à gogo, que demande le peuple ! - me voilà à prendre train, puis bus, puis taxi, puis charrette, puis à marcher dans la forêt transylvaine.

L'automne est bien avancé alors le ciel se fait sangria à travers les épais pins et puis les pépins posés au sol sur lequel je sue en sentier sinueux. Finalement, une forme se découpe, nette et sévère ; noire et nantie.

Pas de lumière aux fenêtres mais d'imposantes grappes de cierges bordant les escaliers et le linteau de l'entrée. Je toque, pas de réponse. Je frappe, pas plus. Je hurle, silence. J'ouvre, grincement lugubre. "bună seara." Mon accent est probablement la chose la plus terrifiante en ces lieux, pour les hôtes du moins. Je m'avance dans le hall et m'empare d'un chandelier pour explorer les lieux, sans mot dire. Le château est gigantesque. Une demi-heure plus tard, je retourne au hall, ennuyé. Je me fige, le sang glacé : une silhouette se découpe sur l'entrée ouverte.