Rappel du premier message :

Pasha ne cessait pas de regarder au-dessus de son épaule. C'était devenu une habitude malsaine depuis la dernière fois. Il les avait vu venir de loin. Un humain lambda ne les aurait pas remarqué. L'un s'était déplacé sur les toits, l'autre parmi la masse de peuple en bas. Les deux avaient eu une capuche qui jetait une ombre sur leurs visages, les rendant totalement méconnaissables. Pourtant l'instinct lui avait dicté l'inverse. Pasha savait quand il était suivit. Les semer avait été une tâche difficile dont il n'était malheureusement pas sorti totalement indemne.

Il crispa les doigts au souvenir.

Parfois, comme maintenant, il se surprenait à penser que cette vie de fugitif n'en valait pas la peine. Qui avait envie de vivre sa vie avec tant de paranoïa ? Pourquoi avait-il proposé de fuguer il y a sept ans ? Leur vie serait sûrement bien meilleure sans cette poursuite implacable du Vatican.

Pasha grommela.

Et pourtant, dès qu'il ouvrit la porte de leur appartement temporaire, il changea d'avis. Son regard tomba sur Klaudia, assise à côté du lit où dormait leur fils fiévreux. Un parfait petit mélange de ses parents. Les traits durs du visage de Pasha s'adoucirent en les voyant.  

J'ai trouvé les médicaments. Il souleva le sac en papier qu'il tenait dans sa main.

Les âges des persos:

Elle avait craint qu'il les mène à l'église dans le coin de rue mais le prêtre bifurqua à l'une des habitations en face, sous une boulangerie. Klaudia restait entre son enfant et l'homme d'église, au cas où pour le protéger. Les trois étages à monter auraient pu être compliqués avec Feliks mais ils avaient l'habitude de vivre sous les toits (d'ailleurs, Fe manquait encore d'équilibre pour qu'ils le laissent les suivre par la fenêtre).

Appart Micha:

Même à l'intérieur Pasha refusa de lâcher Feliks, comme s'il allait le perdre à jamais s'il sortirait de ses bras. Son regard passa d'un bout du logement à l'autre, scrutant chaque détail du regard et, surtout, prenant note d'où étaient les sorties stratégiques. Juste au cas où. Ca ne serait certainement pas la première fois qu'une analyse de ce genre avait sauvé sa vie et il était persuadé que ce ne serait pas la dernière.

Pasha n'était pas claustrophobe, mais vu son malaise dans la chambre ça aurait presque pu être le cas. Il attendit que le prêtre s'éloigne suffisamment du lit avant de déposer Feliks délicatement au-dessus des draps. Ses mains restèrent accroché à la veste de son père, qui peinait à les enlever. Finalement il abandonna sa quête et se posa au bord du lit, une main carressant les cheveux de son fils, alors que son regard chercha celui de Klaudia.

Micha fut heureux de découvrir l'enfant couché quand il se retourna. Il n'avait même pas eu besoin de leur dire qu'ils pouvaient se coucher avec lui. "Pour stabiliser sa fièvre." dit-il au père en lui tendant une serviette et une bassine d'eau froide. "Je vais voir ce que j'ai en médicaments." Il disparut dans la pièce d'eau, espérant que les laisser seuls leur permettent de s'apaiser mutuellement.

Le prêtre disparut si rapidement que Pasha n'avait pas le temps de le remercier pour la bassine. Il ne savait pas s'il l'aurait vraiment fait s'il avait eu l'opportunité (Pasha avait tendance à se figer dans la présence des inconnus), mais il lui était dans tous les cas reconnaissant ne se soit que pour avoir quitté la pièce. Pas besoin de musique douce ou de réconfort quand on a une Klaudia ; sa simple présence était apaisante pour les deux bonhommes.

"Nous en avions également mais ça n'a rien fait, malgré nos prières." Elle regarda tout de même les remèdes du prêtre pour les comparer à ce qu'ils avaient déjà donné à Feliks. La dose était peut-être insuffisante et Klaudia s'en voulu de ne pas avoir autant insisté pour qu'il en prenne d'avantage. "Navrée de nous imposer à vous ainsi mon Père."

Est-ce qu'il avait envie de donner des médicaments qu'il ne connaissait pas qui venait d'une personne qu'il ne connaissait pas ? Non, pas vraiment. Était-il assez désespéré pour le tenter, sachant que si l'effet était adverse ou que le prêtre aurait tenté d'empoisonner son fils, il n'hésitera pas à lui montrer sa vengeance ? Ça oui. Pasha prit le sachet en main, attendant des instructions supplémentaires. Feliks n'avait pas voulu les prendre le soir d'avant non plus.

"Que lui avez-vous donné et quand ?" demanda Mikhaïl d'une voix ferme. "Je dois le savoir pour lui donner au mieux un remède." Un médecin serait sans doute préférable... mais il doutait que ce couple accepte qu'il aille en chercher un. Il ne pouvait compter que sur ses connaissances et les souvenirs des maladies des jumelles, lorsqu'il avait aidé leur Mère à les soigner.

Elle sortie la petite fiole pour la donner au prêtre, préférant se taire sur la façon dont elle était venue en leur possession (même si techniquement, Pasha était plus au courant qu'elle). "Nous en avons donné un peu dans sa nourriture, il refusait de la prendre sinon. Il pouvait encore manger tout seul hier." Alors que ce matin, leur fils n'était plus qu'une petite boule de couverture tremblante et brûlante de fièvre fermement accrochée à son père.

Pasha avait soudainement un gros doute sur la qualité des médicaments qu'il avait... procuré. Une pensée écœurante lui traversa la tête. Et quoi si on lui avait menti ? Quoi s'il venait d'empoisonner leur fils ? C'était pas normal d'avoir une telle chute après avoir reçu des médicaments, si ?

"Ils ne sont peut-être pas assez forts... Mais l'enfant doit manger avec une telle dose de médicament. Je vais lui préparer du lait chaud avec du miel et du porridge. Essayez de le réveiller en douceur pendant ce temps." Il ne voulait pas sonner trop directif mais la situation était pressante.

Vu que Feliks avait tendance à grogner comme ça à chaque réveil (il ne lui ressemblait pas du tout dans cet aspect-là), Pasha était incertain si cette fois c'était dû au sommeil ou la maladie. Il le secoua quand même très légèrement, navré de devoir le réveiller vu qu'il avait l'air d'avoir besoin de repos. Allez. Fais comme mama te dit.

Plus tard, lui promit son père. Tu dois manger un peu avant. La moue et le "s'il te plaît" venaient clairement de sa mère. Il avait du mal à refuser quoi que ce soit à ces gros yeux larmoyants. Pasha aurait préféré être épargné de leur effet avec son fils mais malheureusement pour lui la génétique en avait décidé autrement.

Mikhaïl revint dans la pièce avec un bol de porridge, du pain et un verre de lait chaud au miel. Il sourit en voyant l'enfant réveillé. "Bonjour à toi, mon Fils. Je suis heureux de te voir debout, malgré ta mauvaise fièvre. Si cela te convient, je t'ai préparé de quoi reprendre des forces." Il tendit le plateau aux parents.

Il a cinq ans, répondit Pasha. Il était clairement d'avis qu'à cet âge-là, un enfant devrait être capable de manger seul. A son âge, Pasha et Klaudia avaient été capable de faire bien pire. Bon, peut-être qu'il pouvait se montrer plus flexible vu la fièvre de l'enfant, mais il pourrait toujours intervenir s'il voyait que Feliks avait du mal. Il ne fallait pas trop le choyer s'ils voulaient le préparer pour le monde dans lequel ils se trouvaient.

"Il n'y aurait aucun mal à en mettre un peu à côté." intervint Micha pour rassurer l'enfant (et accessoirement les parents qui lui semblaient bien angoissés). Se sentant de trop dans la scène, il se retira en indiquant qu'il serait dans la pièce d'à côté, à portée de voix, si jamais ils avaient besoin de lui. Et pour leur éviter de s'inquiéter du fait qu'il soit hors de vue, il fit sciemment du bruit pour les assurer de sa présence.