Une bonne stratégie s’élabore avec soin, au cours de plusieurs semaines et à l’aide de repérages minutieux tenant compte des points forts et faibles de ses troupes et de celles de l’ennemi. Sauf quand on reçoit une mission deux jours à l’avance et la constitution des bataillons la veille au soir avec des éléments parfaitement inconnus. Oui, je fulminais.

Enfin, il ne serait pas dit que je reculerais face aux difficultés. C’est donc avec une cartomancienne muette, une mioche qui murmure (ou pas franchement murmure) à l’oreille du monstre qui lui sert de toutou et une poignée d’êtres plus ou moins identifiables que j’allais lancer l’offensive. Comme équipe de choc, on avait fait mieux.

« D’après nos informations, cet entrepôt aux portes noires que vous voyez et qui grouille de gardes est la réserve personnelle du Forum. On y trouve ses cookies et, depuis peu, les offrandes que lui ont fait ses membres sous la pression.  Notre but: tenter de nous en emparer, de préférence en attirant le plus d’attention possible. Essayez de ne pas vous faire tuer trop vite: ça raccourcirait notre intervention. Avant qu’on se lance, dernière chance pour ceux qui ne se sont pas déclarés d’annoncer leurs atouts. »

Hrp:

Maureen ne peut rien faire dans le cas présent et attend les bras croisés son heure. Varsha s'élance dans le ciel et amasse les nuages auprès des portes noires, cherchant à battre son record de masse nuageuse. Les cumulo-nimbus se pressent les uns contre les autres et lâchent leur pluie torrentielle sur les fenêtres et autres ouvertures de l'entrepôt-cible.

À peine cinq minutes après le lancement de l’opération et j’ai un soldat en vadrouille, une qui a invoqué un déluge (contente qu’on soit du même côté) et une qui a l’air en train de préparer un rituel magique. Bon... heureusement que le chaos est notre objectif, parce que comme plan d’attaque, on a vu plus structuré. Et de loin. Pour le moment, je surveille les opérations, prête à dégainer si les gardes se ramènent.

Le plan d'Anoushka fonctionna comme sur des roulettes. Ses couinements attirèrent des gardes, d'autant plus quand une averse leur tomba dessus, accentuant le dramatique de la scène. "J'suis pédu." répéta-t-elle (et ce n'était pas faux, d'ailleurs). "J'sais pas où sont Doula et Boula et... et... et j'ai FAIM ! J'ai tellement faim." Et elle était réellement affamée. "Z'avez pas un peu à manger dans vot maison, M'ssieurs ?" Et hop ! Un petit coup de yeux de louveteau battu XXXL.

Maureen observe le manège de la fillette en silence. Ces gardes sont-ils bêtes au point d'ouvrir les portes pour une gamine perdue ? La pluie cogne sur leur casque et tremble complètement leurs vêtements. Ces derniers décident de faire entrer la petite fille dans leur salle personnelle, pas la tour.
Varsha se détache du ciel et traverse les murs de l'entrepôt. L'orage devrait rester un moment.

L'un des gardes essaye de convaincre la fillette en lui promettant à manger à l'intérieur. Aucun des gardes n'a encore remarqué le gros chien, ni le monstre invoqué par la petite adolescente muette, ni les mouvements de l'hybride serpent. Maureen s'avance sous la pluie décidée à agir. De son côté, Varsha qui est passée sans problème par le mur, ouvre les portes, alertant du même coup les autres gardes à l'intérieur. "Oups !"

Aucune idée de ce que cette Tanis venait de faire, mais les résultats étaient là: l’ambiance lugubre et oppressante n’aurait pas détonné dans mon monde natal. Voilà qui devrait flanquer une sacrée frousse aux gardes d’un monde bien plus lumineux. Ah, et j’avais perdu un autre soldat entre-temps. Je me tournai vers ceux qui restaient. « On avance. Restez derrière moi si vous savez pas vous battre, à mon côté sinon. Pluviote, continue à arroser les lieux, Cartomancienne si tu peux en balancer d’autres comme ça, c’est le moment. Pas de quartier quand on entre: plus ils subissent de pertes, plus notre attaque marquera. »

Braves petits personnages. Vos métamorphoses, sorts et actions héroïques, gardez-les pour le concours des concours du weekend RPM qui se profile sur vos horizons. J'ai le sentiment que vous en aurez grand besoin.
Non pas que je n'ai pas confiance en vous, n'est-ce pas, mais si quand même. Parce que vous n'avez pas confiance en moi. Mon petit cœur numérique que je n'ai pas saigne des pixels. C'est pas gentil.