CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : Ouvert aux incrustations (demander par MP au préalable)
- Type de RP : Normal
- Tour de jeu : Mey - Alyaa
- Délai maximum d'attente de réponse : 4-5 jours
- Sauts de tours : 3
- Autre : Bon amusement?

Depuis qu'elle avait décidé de s'occuper elle-même de l'éducation de son fils, Yeva avait remarqué deux constantes: 1. Isaak était intelligent et progressait rapidement, quelle que soit la matière qu'elle aborde et 2. il faisait du sur place pour ce qui était d'empêcher ses transformations (mais au moins, il parvenait de mieux en mieux à y mettre fin).

Elle avait donc décidé de tenter d'aborder le problème sous un autre angle en combinant le point fort du garçon (sa capacité à apprendre) avec son point faible (la maîtrise de ce satané animal tapi en lui). Elle pensait avoir trouvé le moyen idéal: une encyclopédie illustrée de la faune russe. Isaak s'exercerait à lire et peut-être tomberaient-ils sur l'oiseau qui le possédait et cela ferait-il un déclic? Leurs chances étaient faibles, mais c'était tout ce qu'ils avaient.

Elle avait donc passé commande chez un imprimeur à qui ils avaient déjà fait appel dans le passé. Il avait l'avantage d'offrir de faire livrer à domicile, ce qui arrangeait bien Yeva. Il ne lui restait qu'à attendre le livreur. Pavel s'était absenté pour quelques jours, Isaak était dans sa chambre, ce qui la laissait seule dans le salon à guetter la sonnette de la porte d'entrée.

Patya courait si souvent qu'il pouvait être rapide sans se mettre en nage. C'est donc frais comme un gardon qu'il fit retentir la sonnette de la maisonnée, l'épais volume sous le bras, bien emballé dans du papier kraft de première qualité. Il vérifia rapidement sa tenue et attendit patiemment.

Son attente ne dura d'ailleurs pas longtemps, et bientôt Yeva lui ouvrit la porte. Une tâche qu'elle aurait pu déléguer à quelqu'un d'autre, si elle n'avait pas tenu à limiter au maximum les étrangers dans sa maison.

« Vous avez fait vite. Entrez. »

Des mots un peu abrupts adoucis par un mince sourire sur ses lèvres.

Il la salua brièvement en répondant du tac-au-tac : L'Encre Verte à votre service ! comme le lui avait appris son patron. Il pénétra dans la maison à sa suite en s'efforçant de ne pas observer outrageusement le mobilier. Ce n'était pas toujours facile de ne pas se montrer curieux. Heureusement pour Patya, il avait été bien éduqué.

Rapide et poli. Pavel avait décidément raison de se fier à cet imprimeur: il choisissait bien ses employés. Du tiroir d'une commode, elle tira une enveloppe et quelques pièces, qu'elle lui tendit l'un après l'autre

« Voilà pour le livre, et voici pour vous. J'imagine que la course a dû vous donner soif? »

Patya accepta l'enveloppe et les pièces avec une légère courbette et un merci chaleureux. Le pourboire n'était pas une pratique très courante chez les nobles et les bourgeois, il appréciait d'autant plus le geste et la reconnaissance pour ses services. Lorsque les pièces venaient de clients moins fortunés, il refusait poliment — du moins quand on le laissait faire. Je ne veux surtout pas vous déranger, répondit-il un peu gêné par son offre.

Elle avait offert, il avait décliné, ils auraient pu en rester là. Seulement depuis le début du semi-exil qu'elle s'était imposée à elle-même, Yeva avait appris à saisir au vol les quelques contacts qu'elle avait avec le monde extérieur. Elle était isolée non par choix, mais par nécessité. Toujours souriante, elle désigna de la main une carafe d'eau sur une table basse.

« Comme vous le voyez, il n'y a rien à déranger. »

Patya jeta un œil à la carafe, qu'il n'avait pas remarqué plus tôt tant il s'appliquait à ne pas se montrer intrusif. Il commençait également à se dire qu'il serait plus poli d'accepter que de refuser "par correction". Après tout, certaines personnes aiment se rendre agréables, même à un garçon de course comme lui. C'est bien aimable, madame, je vous remercie, dit-il avec un sourire franc. Voulez-vous que je dépose ce volume quelque part ? Il est assez lourd, ajouta-t-il, soucieux de ne pas lui donner une charge inutile.

Elle lui avait un peu forcé la main et une part de sa conscience lui reprochait cet égoïsme... mais sa curiosité ne voulait rien entendre. Un vilain défaut, assurément, mais un défaut qui lui collait à la peau.

« Merci, vous pouvez le déposer sur la commode. »

Elle indiqua le meuble en question d'un mouvement de la main, puis entreprit de servir deux verres d'eau dont elle en tendit un à son invité involontaire.

Il déposa diligemment le volume sur ladite commode et accepta le verre avec reconnaissance. À vrai dire, il avait souvent soif après une course, et encore plus par temps sec comme aujourd'hui. Il but deux gorgées sans tout de même paraître trop pressé. Merci beaucoup, dit-il, c'est très gentil à vous. Un peu gêné, il se tenait malgré tout immobile. L'enfant tapi en lui dansait d'un pied sur l'autre.

« C’est parfaitement naturel, voyons. »

Aie. Ces platitudes lui écorchaient les oreilles, à croire qu’elle avait perdu la main pour ce qui était de les rendre moins guindées.

« Vous connaissez bien la ville, j’imagine? »

On aurait pu en douter, mais sa question n’était pas complètement aléatoire. Elle tournait juste un peu autour du pot.

Oh oui ! s'enthousiasma-t-il aussitôt. Voilà un sujet pour lequel sa gêne disparut aussitôt. J'habite Moscou depuis deux ans et j'en parcours les rues tous les jours. Je connais presque tous les quartiers comme ma poche. Il lui adressa un grand sourire, se demandant si elle faisait simplement la conversation ou si elle désirait lui confier une autre livraison.

Le cœur de Patya s'attendrit aussitôt. Qui mieux qu'un garçon de ferme amoureux des grands espaces pouvait comprendre la pression qu'exerçaient les hautes structures métalliques de la ville ? Moscou est belle, madame, mais elle manque de parcs, répondit-il, désolé. De grands parcs, je veux dire. Quand j'étouffe, je vais passer quelques heures à la campagne... J'imagine que ce n'est pas la réponse que vous espériez.

Une lueur d’intérêt naquit à nouveau dans les yeux de Yeva. Que lui importait un comfort éventuellement sommaire comparé aux perspectives qui s’ouvraient à elle? Sans compter qu’avec sa jeunesse dans un château plein de courants d’air, elle avait surement connu pire. « À deux heures d’ici, vous dites? Quel est le nom du village? »

Décrit ainsi, l’endroit semblait tout simplement idyllique. Bon, il lui faudrait garder un oeil sur la distance entre Isaak et la rivière (il était capable de se mettre en tête d’aller la regarder d’un peu trop près), mais elle était vigilante. Et elle sentait l’enthousiasme du jeune livreur pour l’endroit la gagner. « Ma foi, il semblerait qu’il n’y ait pas que Moscou que vous connaissiez comme votre poche! »

Il rit doucement, un peu gêné. Bah, j'ai grandi à la campagne alors la ville, même si je l'aime, j'aime aussi la quitter de temps à autres. Brusquement, il était curieux de savoir si elle aimerait cet endroit. Sans timidité, il ajouta : Si vous y allez, dites-moi si ça vous a plu. La prochaine fois que je viendrai vous livrer. À priori, il ne lui serait pas difficile de s'arranger avec son patron pour devenir le coursier attitré de cette famille. Vadim l'aimait bien.

Ce n'est rien, s'amusa Patya. Je viens d'un village minuscule à quelques heures vers l'Est, ajouta-t-il avec un geste vague en souriant gentiment. Il aimait bien discuter avec les clients et ne se privait pas d'échanger quelques mots avec eux lorsque ceux-ci se montraient aimables. S'il avait le temps, bien sûr. Et s'il y avait échange véritable. Il s'excusait poliment lorsqu'il se trouvait en présence de moulin à paroles et filait ventre à terre.