Rappel du premier message :
Prénom : Secret défense /SBAFF/ Vous m’avez peut-être déjà croisé sous le nom de Meylan
Age : La majorité internationale
Activités : Etudiante et rôliste
Centres d'intérêts : Jdr, lecture, musique, langues (réelles ou inventées)…
Où j'ai trouvé le forum : Via la magie des interforums
Un petit mot pour Nano. ? : J'ai bravement résisté à l'appel des univers de ce forum pendant plusieurs mois (depuis que j'ai fait un mini-rp avec Patya qui m'a donné envie de creuser l'univers, pour être précise). Mais vous avez eu la bonne idée d'écrire des trucs trop biens pendant cet interforum et ça m'a juste donné encore plus envie de venir jeter un coup d'oeil chez vous. Je suis faible, je sais. Du coup, ben... j'ai hâte de découvrir le rp (en 4 lignes, gloups!) dans les nanomondes et, bien entendu, la communauté (inrp et hrp) qui va avec. :)
Activité à Prévoir : (combien de jours par semaine penses-tu être là ?) Ça dépend fortement des périodes et de mon boulot pour l'unif. Je me connecterai a priori tous les jours (sauf contre-ordre pour cause de cas exceptionnel irl), mais mon rythme rp variera en fonction des périodes.
Bonus : Ah, il y a un bonus en plus dans ce modèle ? Bon ben… Encore bravo les boss pour ce boulot de dingues sur la màj !
- Grand ou petit ? Ou entre les deux ? Moyenne, pour tout dire : assez grande pour regarder la plupart des gens dans les yeux, pas assez pour voir par-dessus les têtes. Plutôt frêle, par contre, ce qui a tendance à donner l’impression que je suis plus petite que je ne le suis réellement.
- T’as des signes particuliers ? L’un ou l’autre point de beauté ici et là, soit dans des endroits couverts par mes vêtements, soit savamment dissimulés à coups de poudre.
- Décris-nous un peu ton style vestimentaire : Tenue et coiffure doivent en tous temps réussir le tour de force d’observer la mode en vigueur sans pour autant pouvoir me faire accuser de pêcher par orgueil. C’est pourquoi je porte des tissus raffinés, mais la coupe de mes robes, bien qu’élégante ne saurait jamais être qualifiée d’extravagante. Les couleurs, elles aussi, sont généralement sobres.
Mes cheveux sont toujours relevés à l’aide d’une multitude de pinces (ça me tire le cuir chevelu, mais il paraît qu’il faut souffrir pour être belle). D’un blond presque platine au naturel, ils sont blanchis encore par la poudre que j’utilise. Cette poudre me donne d’ailleurs une odeur un peu florale, elle aussi discrète.
Maquillage et bijoux aussi respectent la règle de la sobriété. Le seul maquillage que j’utilise sert à masquer des défauts tels que quelques points de beauté rebelles et les cernes qui, malheureusement, n’ont pas quitté mon visage depuis des années. À part mon alliance, la quasi-totalité de mes bijoux est en argent. Il ne faut donc pas compter sur eux pour ajouter de la couleur à ma personne. Délicats et fragiles, ils se briseraient facilement entre les mains de quelqu’un de moins soigneux que moi.
- Y a-t-il un objet que tu portes toujours sur toi ? Pas question pour moi de sortir sans mon alliance et ma bague de fiançailles, question de respect des convenances. Je possède également une chaine ornée d'une croix en argent incrustée de petits diamants, que j’ai héritée de ma mère. Sauf cas exceptionnel, c’est ce bijou-là qui pendra à mon cou. Enfin, pour peu que j’aie une poche ou pochette, j’emporterai avec moi un chapelet en bois reçu de ma nourrice pendant mon enfance.
- Tu pries tous les soirs ? Bien sûr, quelle question! J’ai été éduquée dans le respect de la foi le plus strict et il n’est pas question de Lui tourner le dos. Et puis… il faut avouer que je n’ai pas la conscience tranquille, et il faut bien que je confesse mon secret à quelqu’un.
- T’aimes les animaux ? J’aime énormément les chevaux. J’ai appris à monter à cheval alors que je n’étais encore qu’une enfant, et aujourd’hui encore rien ou presque ne me procure plus de plaisir. J’aime aussi beaucoup les chiens, en particulier les grand chiens qui étaient les fidèles gardiens de mes terres natales (j’ai plus de mal avec les petits chiens de salon, qui ont tendance à avoir un sale caractère). J’ai une peur bleue des bêtes sauvages, par contre. Je pouvais parfois entendre des loups et des renards rôder autour du château avant de déménager à Moscou, et cela m’empêchait de dormir pendant des nuits entières.
- Ton pire souvenir, c’est… ? Entrer dans la chambre d’Isaak et découvrir un duvet de plumes en lieu et place des cheveux de mon fils. C’est ce jour-là que j’ai compris qu’il était maudit… et que si quiconque l’apprenait, une mort certaine l’attendait.
- A quoi ressemble ton chez toi ? Une maison plutôt récente et imposante dans les beaux quartiers de Moscou. Elle n’a pas le charme multiséculaire du château de mon enfance, mais elle possède par contre tout le confort moderne dont on peut rêver (et les murs, portes et fenêtres ne laissent pas passer de courants d’air).
- Une journée normale, pour toi, ça ressemble à quoi ? Ca dépendra fort d’une journée à l’autre. Quand Pavel est invité à un événement mondain, je l’accompagne, bien sûr. À part ça, en dehors de la messe chaque dimanche, j’ai assez peu d’obligations, ce qui me laisse libre de remplir mes journées. J’en passe une bonne partie avec Isaak, officiellement parce qu’il est temps de commencer son éducation et je refuse de la laisser à un précepteur. En fait, une bonne partie de ces « leçons » consiste à essayer de comprendre ce qui cause les manifestations intempestives de sa malédiction et comment il peut la combattre. Ce n’est qu’une fois qu’il contrôlera parfaitement son apparence que j’oserai le laisser sortir dans le monde. Bien sûr, pas question de vivre en ermite (cela susciterait bien trop de questions et donnerait naissance à des rumeurs fantasques), donc je sors relativement régulièrement, j’accepte et rends des invitations… Bref : je fais semblant d’avoir un fantôme de vie sociale. Mais je ne m’absente jamais longtemps de chez moi, au cas où Isaak se transformerait sans crier gare.
- Ok, si tu pouvais devenir Tsar demain, qu’est-ce que tu ferais ? En voilà une question ridicule ! Comment diable est-ce que je deviendrais Tsar (ou plutôt : Tsarine) ?
Pour beaucoup de monde, la révolution industrielle marqua le début d’une ère de progrès et, pour certains, elle provoqua une ascension sociale fulgurante. D’autres n’eurent pas le bon sens de reconnaître ces changements et en payèrent le prix. À la naissance Yeva Yakoleva Volynskya, cela faisait déjà des décennies que la famille de son père n’était plus que l’ombre de ce qu’elle avait été jadis. Le château familial tombait en ruine, les terres étaient désertes ou peu s’en faut et les dettes de deux générations pesaient sur l’actuel tenant du titre.
Bien qu’elle fut née dans une famille désargentée, on ne peut pas dire que Yeva connût un jour la misère. Certes, le château était mal chauffé et rempli de courants d’air, elle portait des vêtements datant d’une ou deux générations et la nourriture n’était pas toujours abondante ou de toute première fraîcheur. Mais elle avait un toit au-dessus de sa tête, des vêtements sur le dos et trois repas par jour, en plus de deux parents aimants et d’une nourrice non moins affectueuse. Son père avait même réussi par un miracle non-identifié à garder certains des chevaux qui avaient fait la fierté de sa famille. Une bonne partie d’entre eux avait été vendue pour éponger une partie des dettes, mais il restait toujours un étalon et quelques juments pour continuer la lignée.
Fille première- et dernière-née de ses parents, la jeune Volynskya eut une enfance et une adolescence isolées mais heureuses. Ses parents veillèrent à lui donner une éducation aussi complète que possible, culturellement et scientifiquement. La religion aussi occupa une place importante dans sa vie, évidemment, place qu’elle n’aurait jamais même envisagé de remettre en cause. Et les chevaux, ah, les chevaux! Dès que la fillette fut capable de tenir sur ses deux pieds, son père l’emmena s’occuper de ses fières montures, lui transmettant dès son plus jeune âge son amour pour ses animaux. Elle ne tarda pas à apprendre à monter et devint une excellente cavalière, et ce malgré la difficulté supplémentaire d’avoir à monter en amazone.
Alors que Yeva devenait petit à petit une jeune fille, puis une jeune femme, son père commença à s’absenter pour de longues périodes. Décidé à rendre à sa famille un peu de sa splendeur d’antan, il passait de plus en plus de temps à Moscou, où il tenta de reprendre le fil de la révolution industrielle là où ses ancêtres l’avaient perdu. Il s’associa avec un jeune industriel ambitieux, joua le tout pour le tout en investissant dans le développement d’une nouvelle ligne de chemin de fer et… gagna. Lui et son associé rentrèrent largement dans leurs frais, ce qui leur permit d’étendre leur activité et de poser les bases d’un franc succès.
Seulement voilà: une partie de l’accord entre les deux hommes n’était autre que… un mariage. Plus précisément, celui de Yeva et du jeune associé de son père. C’est ainsi qu’un dimanche enneigé, Yeva Yakoleva Volynskya épousa Pavel Davidovich Bogomolov, et déménagea à Moscou dans la foulée. Elle y gagnait une meilleure sécurité financière, lui y gagnait de sceller une alliance avec une famille respectable et respectée (enfin, respectée par qui ne l’avait pas oubliée).
Il fallut quelques mois à la jeune mariée d’à peine dix-huit ans pour se faire à sa nouvelle vie. Dans la cohue de Moscou, elle était facilement identifiable comme une provinciale. Il suffisait de voir son ébahissement face aux choses les plus élémentaires, telles que l’éclairage public au gaz ou encore l’agitation aux abord des gares de la ville. Cependant, elle était peut-être ignorante de certains aspects de la vie dans une grande ville, mais elle n’était pas stupide. Elle apprit vite et s’adapta à son nouvel environnement, tout comme elle s’adapta à son nouveau statut matrimonial. Pas de coup de foudre de ce côté-là, mais tout de même des débuts d’affection. Cela aidait qu’ils partagent des passions communes et que la différence d’âge (un peu moins de dix ans) ne soit pas insurmontable.
Onze mois après leur mariage, le couple devint famille: Isaak Pavlovich Bogomolov était né. Cette nouvelle réjouit leurs familles respectives, même si le père de Yeva se désola que son petit-fils ne porte jamais son nom. Telle était la dure règle pour tous les parents de filles.
La vie suivit son cours, Isaak grandit petit à petit et tout était pour le mieux. Le moment rêvé pour un coup du sort. Ce coup du sort, Yeva le subit pendant un jeudi après-midi banal. Elle rentrait d’un tour en ville et passa dans la chambre de son fils pour jeter un coup d’oeil sur lui. Le garçon, d’à peine deux ans, dormait, comme il le faisait toujours à cette heure-là. Sa nourrice aussi s’était assoupie dans un coin de la pièce. Il faudrait lui en toucher un mot, mais pas tout de suite: cela pourrait réveiller Isaak. D’une main légère, Yeva lui caressa la tête… et se figea. Au lieu des fins cheveux d’enfant, elle toucha quelque chose de tout aussi doux, mais… duveteux. Impossible d’en avoir le coeur net dans la pénombre de la pièce, mais elle savait que quelque chose clochait. On ne trompe pas une mère, après tout.
Elle prit son fils dans ses bras et quitta la pièce avec précipitation, désireuse de le soustraire au regard de l’autre femme dans la chambre si celle-ci venait à se réveiller. Une fois dans sa chambre à elle, elle observa la tête de l’enfant à la lumière du jour. Pas de doute possible: à la place se sa tignasse blonde il y avait maintenant de douces plumes brun clair, rappelant le duvet d’un jeune oiseau. C’était un cauchemar et elle allait se réveiller, pas vrai? Son fils, l’incarnation même de l’innocence, ne pouvait pas être possédé par un démon? Il n’avait rien fait de mal et elle non plus! Elle avait toujours respecté les règles que sa foi lui imposait, elle n’avait pas manqué le moindre service religieux! Pourquoi une telle malédiction frappait-elle sa famille? Comment pouvait-elle la lever? Devait-elle avertir un prêtre? Non. Elle repoussa cette idée avant même que son esprit ait fini de la former. Elle n’était pas naïve: elle savait bien que l’exorcisme tuait la personne atteinte aussi sûrement qu’il tuait le démon qui l’habitait. Ca ne l’avait jamais dérangée: les victimes avaient toujours été des anonymes, des abstractions, même. Elle connaissait le phénomène, elle n’avait jamais pensé aux individus. Maintenant que c’était un être qui lui était cher qui était touché, un bon nombre de perspectives se retrouvaient bousculées, mises sens-dessus-dessous.
« Maman? »
Il s’était réveillé. Ses yeux encore ensommeillés l’interrogeaient du regard: il ne comprenait pas pourquoi il se réveillait dans ses bras et pas dans son lit. Yeva força un sourire et passa une nouvelle fois la main dans ce qui devait être les cheveux de son fils. Satanées plumes qui ne voulaient pas disparaître.
« Stasya s’est endormie alors qu’elle devait te surveiller. J’ai eu peur qu’il te soit arrivé quelque chose. »
Il avait toujours des points d’interrogation dans les yeux.
« Rien arrivé. »
Et, comme par magie, ses cheveux reprirent la place du duvet qui l’avait usurpée. Elle aurait presque pu croire à une hallucination, seulement elle savait qu’elle pouvait se fier à ses sens. Elle devait prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que quiconque d’autre qu’elle découvre ce qui habitait son fils. Elle ne savait pas quand ou comment le phénomène risquait de se reproduire, mais elle devait être prête d’ici-là.
Tout d’abord, elle devait s’assurer que personne en dehors d’elle ne soit témoin d’une transformation intempestive comme celle qu’elle venait d’observer. Elle se servit de son assoupissement comme prétexte pour renvoyer Stasya, puis refusa pour des raisons crées de toutes pièces toutes celles qui se présentèrent comme candidate pour la remplacer. Elle déclara ensuite à Pavel que, faute de nourrice, elle prendrait elle-même en main l’éducation d’Isaak. Heureusement, c’était un sujet pour lequel son mari lui faisait pleinement confiance, ce qui lui laissait la possibilité de manoeuvrer sans être gênée. Sans compter que lui-même avait été éduqué uniquement par ses deux parents et n’avait jamais vu la valeur ajoutée qu’avait une nourrice, de toute façon.
Pour le moment, le secret était sauf. Aucun étranger ne risquerait de le découvrir. Seulement… qu’en était-il des proches de l’enfant? Devait-elle les informer de ce qu’elle venait de découvrir? Impensable. Ses parents à elle ne verraient dans cette tare que l’oeuvre du Démon et avertiraient immédiatement un prêtre pour chasser la créature, coûte que coûte. Pavel n’avait jamais été aussi dévot qu’elle, mais elle craignait qu’il réagisse de la même manière, non par foi, mais par pragmatisme. Un secret pareil pouvait signifier leur perte à tous si on découvrait qu’ils n’avaient pas fait le nécessaire. Quant à ses beaux-parents… À vrai dire, elle ne connaissait pas assez bien pour estimer leur réaction, mais il était hors de question de prendre un tel risque. Elle ne pouvait se fier qu’à elle seule.
Prendre la décision de porter seule un secret aussi lourd était une chose, s’y tenir en était une autre. Cela signifiait qu’elle devait, jour après jour, mentir à sa famille, mentir à son mari. Un mensonge par omission, certes, mais un mensonge tout de même, et pas des moindres! La culpabilité la rongeait autant que l’inquiétude, lui volant et le sommeil et l’appétit. Elle pâlit, maigrit, si bien qu’on commença à se faire du soucis pour sa santé. Pour ne rien arranger, elle fit une fausse couche et perdit une quantité considérable de sang, ce qui l’affaiblit encore et la cloua au lit pendant plusieurs semaines. Elle aurait pu laisser tomber, mais ce n’était pas dans sa personnalité. Elle résisterait parce qu’elle le devrait, une résistance silencieuse qui ne serait un succès que si personne ne la remarquait. Petit à petit, elle récupéra des forces.
Après ce que son entourage prit l’habitude d’appeler « sa maladie », Yeva avait changé. Elle resta pâle, bien plus qu’elle l’avait jamais été. Son sommeil se fit léger, agité et court, avec pour résultat des cernes qu’elle se mit à cacher sous son maquillage. Son comportement aussi était différent. Certains la disaient assagie avec l’âge, d’autres la disaient éteinte. D’autres encore ne disaient rien, car après tout: qu’est-ce qu’une personne dans la foule moscovite? Pavel, lui, réagit avec soulagement en la voyant se remettre et attribua sa perte en dynamisme au deuil de l’enfant qu’ils venaient de perdre avant même qu’il naisse.
Cela fait maintenant près de cinq ans que ça dure. Sous l’oeil vigilant de sa mère, Isaak fait des progrès fulgurants dans toutes les matières… mais piétine pour ce qui est de ne pas laisser l’animal qui l’habite se montrer. Il commence à être capable de faire disparaître les plumes et autres bec et serres qui apparaissent sans crier gare, mais impossible de prévoir ses transformations ou de les empêcher d’arriver. Ce qui fait que Yeva en est toujours à jongler tant bien que mal entre sa vie sociale et ce problème dont elle ne sait absolument pas comment se dépêtrer.
NdlA: Ch’tite précision avant qu’on me dise de nerfer ce perso: contrairement à ce que certains bouts de cette fiche peuvent peut-être laisser penser, ni Pavel ni le père de Yeva ne sont des hauts pontes. Ils ont fait une jolie fortune en investissant dans les chemins de fer, mais ils ne sont ni les seuls à cueillir les fruits de l’industrialisation ni ceux qui se taillent la plus grosse part du gateau. Et le père de Yeva ne peut pas vraiment se servir de son nom non plus, sauf peut-être auprès de quelques rares fossiles coincés dans la nostalgie du siècle passé.
- Grand ou petit ? Ou entre les deux ? D’après ma famille, ni Tsillia ni moi n’avons jamais été très grandes pour notre âge. Par contre, ces derniers temps, je commence à rattraper mes aînés à toute vitesse. D’accord, j’ai de la marge avant de rattraper certains (Pétia ou Kolia, par exemple), mais je commence à ne presque plus devoir lever la tête pour regarder Katiouchka dans les yeux, enfin !
- T’as des signes particuliers ? Euh… avoir une jumelle identique, ça limite un peu les possibilités niveau signes « particuliers », non ? Mais bon, si ça compte quand même : une tache de naissance sur l’épaule droite et une fossette dans la joue gauche.
- Décris-nous un peu ton style vestimentaire : Ça fait un peu plus de trois ans que je ne porte plus les robes de petite fille (il était temps !) et que je suis passée à des vêtements plus adultes. Mère veut que sa famille soit toujours bien habillée et ça ne me dérange pas, au contraire. Ça me dérangerait encore moins si « bien habillé » n’incluait pas un corset, par contre. J’envie mes frères qui ne doivent pas en porter (et Natachenka qui a décidé qu’une pilote a besoin d’un minimum de liberté de mouvement). Le seul ennui de ma poussée de croissance, c’est que je dois changer de vêtements très souvent, parce que sinon je me retrouve systématiquement avec les poignets et les chevilles à l’air. Heureusement, avec deux grandes sœurs, ce ne sont pas les robes à hériter qui manquent.
- Y a-t-il un objet que tu portes toujours sur toi ? Un objet en particulier pas trop, non. Euh... Des vêtements, un manteau et un chapeau quand je sors de chez moi, mes livres et mes affaires d’écriture quand j’ai cours, mon missel quand on va à la messe… Je continue à énoncer l’évidence ou ça va comme ça ?
- Tu pries tous les soirs ? La bénédiction du repas, ça compte… ? Disons que j’essaie de prier tous les jours mais euh… parfois j’oublie parce que j’ai autre chose en tête. Ou je n’oublie pas, mais j’ai rien de nouveau à dire. Et même Dieu ça doit le lasser si on lui raconte tout le temps la même chose, non ?
- T’aimes les animaux ? C’est une question piège ça, non ? Enfin, quoique : on a dit « animaux », hein, pas « démons », ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. En ville, il y a de toute façon assez peu d’animaux, et pareil chez nous avec Mère qui ne veut ni chat ni chien dans la maison. Par contre… il y a un petit chat blanc qui vient souvent miauler sur le balcon de la chambre que je partage avec Tsillia. Quand on lui ouvre la fenêtre il se laisse caresser et il joue avec nous. Parfois je lui donne un peu de nourriture que j’ai été chercher dans les cuisines. Oh, pas beaucoup, hein ! Et on fait toujours très attention à ce qu’il ne laisse ni poils ni autres saletés dans notre chambre, comme ça si Mère l’apprend elle ne pourra pas nous reprocher de salir la maison en laissant un animal rentrer. Il ne se fait pas les griffes sur les meubles, il est propre et il chasse même les araignées ! Oui, par contre les araignées je n’apprécie pas vraiment comme animal. On ne peut pas tout aimer.
- Ton pire souvenir, c’est… ? Aussi loin que je me souvienne on était une famille nombreuse mais soudée, jusqu’à ce que tout d’un coup… ce ne soit plus le cas. Quand j’étais petite, Kolia et Micha, qui avaient toujours été très proches, se sont tout d’un coup mis à s’éviter, à ne plus se parler. Dès que l’un entrait dans une pièce, l’autre sortait ou alors l’ambiance devenait bien plus tendue. Et quand j’essayais de demander ce qui leur était arrivé, c’était encore pire que tout : tout le monde faisait comme si de rien n’était. Je veux bien que j’étais petite, mais je n’étais pas stupide ni aveugle, enfin ! Puis, comme si ça ne suffisait pas, ils ont tous les deux quitté la maison. Kolia revenait encore de temps en temps, mais Micha a été envoyé dans une paroisse au fin-fond de la campagne et on ne le voyait que très rarement. Heureusement, quelle que soit la cause de leur éloignement, ils ont dû résoudre le problème : leur relation s’est de nouveau réchauffée depuis.
- A quoi ressemble ton chez toi ? Un hôtel particulier dans les quartiers aisés de Moscou, près du Vatican. Une aile sert de cabinet à Père et Pétia et on habite dans l’autre. Il y a de nombreuses chambres, mais avec la plupart des ainés qui sont partis, beaucoup d’entre elles sont vides maintenant. Je trouve la maison bien silencieuse parfois.
- Une journée normale, pour toi, ça ressemble à quoi ? En général j’ai cours le matin, sauf le dimanche parce que là on va à la messe. Je ne vais pas à l’école : mes parents ont engagé un précepteur pour Tsillia et moi, comme ils l’ont fait pour tous mes autres frères et sœurs. La différence d’âge avec nos aînés est trop grande, donc on a cours juste à nous deux. Les bases (lecture, écriture, arithmétique), c’est Mère, Micha et Katiouchka qui nous les ont apprises. Nos leçons avec notre précepteur portent sur d’autres sujets, comme la géographie, l’histoire, la littérature et la musique. J’ai essayé de le convaincre de nous apprendre la rhétorique, mais il a décrété que nous n’en avions pas besoin. Il n’a pas l’air de me croire quand je dis que je veux devenir avocate. Alors, puisqu’il ne veut pas m’y aider, je me débrouille avec les livres de Père et Pétia pendant mon temps libre, l’après-midi. Mes moments préférés, c’est quand les aînés reviennent à la maison et quand la table est de nouveau remplie aux repas.
- Ok, si tu pouvais devenir Tsar demain, qu’est-ce que tu ferais ? Euh… je suis plus ou moins sûre qu’il y a de nombreuses lois qui auraient besoin d’être modernisées, mais il faudrait que je creuse plus pour pouvoir dire lesquelles exactement. Et il faudrait aussi que je me renseigne sur la procédure à suivre. Ah, et que je trouve un moyen de les faire passer qui m’évite de subir le même sort que le dernier tsar qui a voulu trop réformer trop rapidement.
Sur une table basse du salon trône un épais album photo. La première page affiche un couple de jeunes mariés : Vassili Piotr Azarov et Zinaïda Nikolaïovna nouvellement Azarova. Mais il faut passer de nombreuses pages avant d’arriver enfin à la partie qui nous intéresse.
Un couple pose face au photographe avec chacun un poupon dans les bras. Quelques cheveux blancs et l’une ou l’autre ride ont fait leur apparition depuis la première photo de l’album, seuls témoins des années qui se sont écoulées entre les deux clichés. Perdues dans leurs robes de bébé, les deux fillettes âgées de quelques semaines à peine semblent en tous points identiques. Elles fixent toutes les deux l’objectif avec de grands yeux curieux qui ne perdront jamais la teinte bleue des nouveau-nés.
Un adolescent aux cheveux bruns est assis dans un divan, encadré par deux fillettes blondes identiques qui ne doivent pas avoir plus de trois ans. Elles sont fascinées par l’histoire que leur conte leur grand-frère. Par la seule force de sa voix, il les transporte loin de Moscou, dans les contrées enneigées dont les images ornent le livre qu’il tient en main. Une scène immortalisée par l’aînée des sœurs après qu’elle ait rangé la dinette abandonnée par les jumelles. Hors-champ, leur mère profite du répit pour reprendre en main la correspondance du cabinet Azarov.
La famille entière est réunie sur une seule photo, c’est une image qui risque de se faire plus rare alors que les aînés se préparent à quitter la maison. Mais l’harmonie familiale n’est qu’une illusion sur ce cliché, où même des années après on peut apercevoir le poids des non-dits et des tensions. Il transparaît dans la distance entre le cadet et le benjamin, un poil plus grande que d’habitude, et dans leurs yeux, qui n’abritent pas les restes d’une plaisanterie échangée juste avant que le photographe déclenche le flash. Ce poids pèse sur les épaules de tous les membres de la famille, jusqu’aux deux plus jeunes qui, du haut de leurs cinq ans, s’inquiètent de ce changement qu’elles ne comprennent pas.
Une fillette de sept ans est enfoncée dans le fauteuil bien trop grand pour elle du bureau de son père, le nez plongé dans un ouvrage juridique dont elle comprend à peine un dixième des mots. « Quand je serai grande, je serai avocate ! », déclarera-t-elle quelques instants à peine après cette photo à un grand-frère très amusé. Pétia se contentera de lui ébouriffer les cheveux et de la taquiner pendant quelques semaines en la voyant persévérer à tenter de déchiffrer des livres auxquels elle ne comprend évidemment rien. La lubie d’une gamine qui veut « faire comme les grands », se dit-il. Elle s’en lassera et passera à autre chose avant la fin du mois, s’imagine-t-il. Ce n’est que plusieurs années plus tard qu’il réalisera qu’à force de les harceler de questions lui et leur père, la « gamine » est parvenue à se forger des bases et qu’elle commence à comprendre une part non-négligeable de ce qu’elle lit.
Cette année-là, la photo au pied de l’arbre de Noël fait vide. Kolia n’a pas pu obtenir de permission et Micha célèbre la fête dans sa nouvelle paroisse, bien loin de Moscou. Oh, ils ont écrit bien sûr, mais ce n’est pas pareil. Pour la première fois, Raïetchka réalise vraiment qu’un jour elle et sa jumelle seront seules avec leurs parents dans cette grande maison faite pour accueillir de nombreux habitants.
L’image suivante est un peu floue, mais pas facile de faire la mise au point sur des enfants en train de courir. Âgées de presque dix ans, les jumelles sont toujours identiques. Et pourtant, quiconque les connaît pourrait vous dire que celle qui court en tête est Raïetchka, la meneuse du duo. Dans leurs jeux, c’est elle qui mène la danse tandis que sa sœur est celle qui a l’imagination la plus fertile. L’une semble pressée de grandir pour rattraper ses frères et sœurs, l’autre reste drapée dans le cocon confortable de l’enfance.
Jour de fête ! Katiouchka toute de blanc vêtue est entourée de sa famille et au bras du dernier membre à avoir rejoint ladite famille. C’est un jour de fête, mais aussi une page qui se tourne, car une fois de plus quelqu’un quitte la maison. Cependant l’heure est aux réjouissances, pas aux pensées tristes. Personne n’est absent pour ce grand jour et le pétillement immortalisé dans les yeux du militaire et du prêtre témoigne de leur réconciliation. La plus jeune de leurs sœurs respire enfin.
Un nouvel oiseau a pris son envol – littéralement – et elle n’est déjà plus qu’un petit point qui s’élance en direction du soleil. Pour se protéger contre les rayons du soleil, Raïetchka est obligée de mettre sa main en visière. Elle est plus jeune fille que petite fille désormais, avec des vêtements, un maintien, une apparence et surtout des ambitions plus proches de la femme que de l’enfant. Et pourtant, ils sont bien peu nombreux à voir ces changements. Peut-être est-ce à cause de ses cheveux blonds et de ses yeux bleus qui lui donnent des airs de chérubins, peut-être est-ce par association avec sa sœur jumelle qui n’est pas pressée d’entrer dans le monde des adultes. Ou peut-être simplement qu’en retardant la fin de l’enfance des jumelles, leur famille espère retarder la fin d’une époque… Seulement Raïetchka, elle, est impatiente de voir débuter la suivante.
Presente toi banane flambee
Prénom : Secret défense /SBAFF/ Vous m’avez peut-être déjà croisé sous le nom de Meylan
Age : La majorité internationale
Activités : Etudiante et rôliste
Centres d'intérêts : Jdr, lecture, musique, langues (réelles ou inventées)…
Où j'ai trouvé le forum : Via la magie des interforums
Un petit mot pour Nano. ? : J'ai bravement résisté à l'appel des univers de ce forum pendant plusieurs mois (depuis que j'ai fait un mini-rp avec Patya qui m'a donné envie de creuser l'univers, pour être précise). Mais vous avez eu la bonne idée d'écrire des trucs trop biens pendant cet interforum et ça m'a juste donné encore plus envie de venir jeter un coup d'oeil chez vous. Je suis faible, je sais. Du coup, ben... j'ai hâte de découvrir le rp (en 4 lignes, gloups!) dans les nanomondes et, bien entendu, la communauté (inrp et hrp) qui va avec. :)
Activité à Prévoir : (combien de jours par semaine penses-tu être là ?) Ça dépend fortement des périodes et de mon boulot pour l'unif. Je me connecterai a priori tous les jours (sauf contre-ordre pour cause de cas exceptionnel irl), mais mon rythme rp variera en fonction des périodes.
Bonus : Ah, il y a un bonus en plus dans ce modèle ? Bon ben… Encore bravo les boss pour ce boulot de dingues sur la màj !
Yeva Yakoleva Bogomolova
Chimeres
○ Prénom et Nom : Yeva Yakoleva Bogomolova
○ Age : 25 ans
○ Race : Humain
○ Forme animale : Aucune, vade retro satanas!
○ Métier : Euh… femme au foyer? /SBAFF/
Cherche coiffeur (mort ou vif)
- Grand ou petit ? Ou entre les deux ? Moyenne, pour tout dire : assez grande pour regarder la plupart des gens dans les yeux, pas assez pour voir par-dessus les têtes. Plutôt frêle, par contre, ce qui a tendance à donner l’impression que je suis plus petite que je ne le suis réellement.
- T’as des signes particuliers ? L’un ou l’autre point de beauté ici et là, soit dans des endroits couverts par mes vêtements, soit savamment dissimulés à coups de poudre.
- Décris-nous un peu ton style vestimentaire : Tenue et coiffure doivent en tous temps réussir le tour de force d’observer la mode en vigueur sans pour autant pouvoir me faire accuser de pêcher par orgueil. C’est pourquoi je porte des tissus raffinés, mais la coupe de mes robes, bien qu’élégante ne saurait jamais être qualifiée d’extravagante. Les couleurs, elles aussi, sont généralement sobres.
Mes cheveux sont toujours relevés à l’aide d’une multitude de pinces (ça me tire le cuir chevelu, mais il paraît qu’il faut souffrir pour être belle). D’un blond presque platine au naturel, ils sont blanchis encore par la poudre que j’utilise. Cette poudre me donne d’ailleurs une odeur un peu florale, elle aussi discrète.
Maquillage et bijoux aussi respectent la règle de la sobriété. Le seul maquillage que j’utilise sert à masquer des défauts tels que quelques points de beauté rebelles et les cernes qui, malheureusement, n’ont pas quitté mon visage depuis des années. À part mon alliance, la quasi-totalité de mes bijoux est en argent. Il ne faut donc pas compter sur eux pour ajouter de la couleur à ma personne. Délicats et fragiles, ils se briseraient facilement entre les mains de quelqu’un de moins soigneux que moi.
- Y a-t-il un objet que tu portes toujours sur toi ? Pas question pour moi de sortir sans mon alliance et ma bague de fiançailles, question de respect des convenances. Je possède également une chaine ornée d'une croix en argent incrustée de petits diamants, que j’ai héritée de ma mère. Sauf cas exceptionnel, c’est ce bijou-là qui pendra à mon cou. Enfin, pour peu que j’aie une poche ou pochette, j’emporterai avec moi un chapelet en bois reçu de ma nourrice pendant mon enfance.
Interview avec le Tout-Puissant
- Tu pries tous les soirs ? Bien sûr, quelle question! J’ai été éduquée dans le respect de la foi le plus strict et il n’est pas question de Lui tourner le dos. Et puis… il faut avouer que je n’ai pas la conscience tranquille, et il faut bien que je confesse mon secret à quelqu’un.
- T’aimes les animaux ? J’aime énormément les chevaux. J’ai appris à monter à cheval alors que je n’étais encore qu’une enfant, et aujourd’hui encore rien ou presque ne me procure plus de plaisir. J’aime aussi beaucoup les chiens, en particulier les grand chiens qui étaient les fidèles gardiens de mes terres natales (j’ai plus de mal avec les petits chiens de salon, qui ont tendance à avoir un sale caractère). J’ai une peur bleue des bêtes sauvages, par contre. Je pouvais parfois entendre des loups et des renards rôder autour du château avant de déménager à Moscou, et cela m’empêchait de dormir pendant des nuits entières.
- Ton pire souvenir, c’est… ? Entrer dans la chambre d’Isaak et découvrir un duvet de plumes en lieu et place des cheveux de mon fils. C’est ce jour-là que j’ai compris qu’il était maudit… et que si quiconque l’apprenait, une mort certaine l’attendait.
- A quoi ressemble ton chez toi ? Une maison plutôt récente et imposante dans les beaux quartiers de Moscou. Elle n’a pas le charme multiséculaire du château de mon enfance, mais elle possède par contre tout le confort moderne dont on peut rêver (et les murs, portes et fenêtres ne laissent pas passer de courants d’air).
- Une journée normale, pour toi, ça ressemble à quoi ? Ca dépendra fort d’une journée à l’autre. Quand Pavel est invité à un événement mondain, je l’accompagne, bien sûr. À part ça, en dehors de la messe chaque dimanche, j’ai assez peu d’obligations, ce qui me laisse libre de remplir mes journées. J’en passe une bonne partie avec Isaak, officiellement parce qu’il est temps de commencer son éducation et je refuse de la laisser à un précepteur. En fait, une bonne partie de ces « leçons » consiste à essayer de comprendre ce qui cause les manifestations intempestives de sa malédiction et comment il peut la combattre. Ce n’est qu’une fois qu’il contrôlera parfaitement son apparence que j’oserai le laisser sortir dans le monde. Bien sûr, pas question de vivre en ermite (cela susciterait bien trop de questions et donnerait naissance à des rumeurs fantasques), donc je sors relativement régulièrement, j’accepte et rends des invitations… Bref : je fais semblant d’avoir un fantôme de vie sociale. Mais je ne m’absente jamais longtemps de chez moi, au cas où Isaak se transformerait sans crier gare.
- Ok, si tu pouvais devenir Tsar demain, qu’est-ce que tu ferais ? En voilà une question ridicule ! Comment diable est-ce que je deviendrais Tsar (ou plutôt : Tsarine) ?
Histoire (courte)
Pour beaucoup de monde, la révolution industrielle marqua le début d’une ère de progrès et, pour certains, elle provoqua une ascension sociale fulgurante. D’autres n’eurent pas le bon sens de reconnaître ces changements et en payèrent le prix. À la naissance Yeva Yakoleva Volynskya, cela faisait déjà des décennies que la famille de son père n’était plus que l’ombre de ce qu’elle avait été jadis. Le château familial tombait en ruine, les terres étaient désertes ou peu s’en faut et les dettes de deux générations pesaient sur l’actuel tenant du titre.
Bien qu’elle fut née dans une famille désargentée, on ne peut pas dire que Yeva connût un jour la misère. Certes, le château était mal chauffé et rempli de courants d’air, elle portait des vêtements datant d’une ou deux générations et la nourriture n’était pas toujours abondante ou de toute première fraîcheur. Mais elle avait un toit au-dessus de sa tête, des vêtements sur le dos et trois repas par jour, en plus de deux parents aimants et d’une nourrice non moins affectueuse. Son père avait même réussi par un miracle non-identifié à garder certains des chevaux qui avaient fait la fierté de sa famille. Une bonne partie d’entre eux avait été vendue pour éponger une partie des dettes, mais il restait toujours un étalon et quelques juments pour continuer la lignée.
Fille première- et dernière-née de ses parents, la jeune Volynskya eut une enfance et une adolescence isolées mais heureuses. Ses parents veillèrent à lui donner une éducation aussi complète que possible, culturellement et scientifiquement. La religion aussi occupa une place importante dans sa vie, évidemment, place qu’elle n’aurait jamais même envisagé de remettre en cause. Et les chevaux, ah, les chevaux! Dès que la fillette fut capable de tenir sur ses deux pieds, son père l’emmena s’occuper de ses fières montures, lui transmettant dès son plus jeune âge son amour pour ses animaux. Elle ne tarda pas à apprendre à monter et devint une excellente cavalière, et ce malgré la difficulté supplémentaire d’avoir à monter en amazone.
Alors que Yeva devenait petit à petit une jeune fille, puis une jeune femme, son père commença à s’absenter pour de longues périodes. Décidé à rendre à sa famille un peu de sa splendeur d’antan, il passait de plus en plus de temps à Moscou, où il tenta de reprendre le fil de la révolution industrielle là où ses ancêtres l’avaient perdu. Il s’associa avec un jeune industriel ambitieux, joua le tout pour le tout en investissant dans le développement d’une nouvelle ligne de chemin de fer et… gagna. Lui et son associé rentrèrent largement dans leurs frais, ce qui leur permit d’étendre leur activité et de poser les bases d’un franc succès.
Seulement voilà: une partie de l’accord entre les deux hommes n’était autre que… un mariage. Plus précisément, celui de Yeva et du jeune associé de son père. C’est ainsi qu’un dimanche enneigé, Yeva Yakoleva Volynskya épousa Pavel Davidovich Bogomolov, et déménagea à Moscou dans la foulée. Elle y gagnait une meilleure sécurité financière, lui y gagnait de sceller une alliance avec une famille respectable et respectée (enfin, respectée par qui ne l’avait pas oubliée).
Il fallut quelques mois à la jeune mariée d’à peine dix-huit ans pour se faire à sa nouvelle vie. Dans la cohue de Moscou, elle était facilement identifiable comme une provinciale. Il suffisait de voir son ébahissement face aux choses les plus élémentaires, telles que l’éclairage public au gaz ou encore l’agitation aux abord des gares de la ville. Cependant, elle était peut-être ignorante de certains aspects de la vie dans une grande ville, mais elle n’était pas stupide. Elle apprit vite et s’adapta à son nouvel environnement, tout comme elle s’adapta à son nouveau statut matrimonial. Pas de coup de foudre de ce côté-là, mais tout de même des débuts d’affection. Cela aidait qu’ils partagent des passions communes et que la différence d’âge (un peu moins de dix ans) ne soit pas insurmontable.
Onze mois après leur mariage, le couple devint famille: Isaak Pavlovich Bogomolov était né. Cette nouvelle réjouit leurs familles respectives, même si le père de Yeva se désola que son petit-fils ne porte jamais son nom. Telle était la dure règle pour tous les parents de filles.
La vie suivit son cours, Isaak grandit petit à petit et tout était pour le mieux. Le moment rêvé pour un coup du sort. Ce coup du sort, Yeva le subit pendant un jeudi après-midi banal. Elle rentrait d’un tour en ville et passa dans la chambre de son fils pour jeter un coup d’oeil sur lui. Le garçon, d’à peine deux ans, dormait, comme il le faisait toujours à cette heure-là. Sa nourrice aussi s’était assoupie dans un coin de la pièce. Il faudrait lui en toucher un mot, mais pas tout de suite: cela pourrait réveiller Isaak. D’une main légère, Yeva lui caressa la tête… et se figea. Au lieu des fins cheveux d’enfant, elle toucha quelque chose de tout aussi doux, mais… duveteux. Impossible d’en avoir le coeur net dans la pénombre de la pièce, mais elle savait que quelque chose clochait. On ne trompe pas une mère, après tout.
Elle prit son fils dans ses bras et quitta la pièce avec précipitation, désireuse de le soustraire au regard de l’autre femme dans la chambre si celle-ci venait à se réveiller. Une fois dans sa chambre à elle, elle observa la tête de l’enfant à la lumière du jour. Pas de doute possible: à la place se sa tignasse blonde il y avait maintenant de douces plumes brun clair, rappelant le duvet d’un jeune oiseau. C’était un cauchemar et elle allait se réveiller, pas vrai? Son fils, l’incarnation même de l’innocence, ne pouvait pas être possédé par un démon? Il n’avait rien fait de mal et elle non plus! Elle avait toujours respecté les règles que sa foi lui imposait, elle n’avait pas manqué le moindre service religieux! Pourquoi une telle malédiction frappait-elle sa famille? Comment pouvait-elle la lever? Devait-elle avertir un prêtre? Non. Elle repoussa cette idée avant même que son esprit ait fini de la former. Elle n’était pas naïve: elle savait bien que l’exorcisme tuait la personne atteinte aussi sûrement qu’il tuait le démon qui l’habitait. Ca ne l’avait jamais dérangée: les victimes avaient toujours été des anonymes, des abstractions, même. Elle connaissait le phénomène, elle n’avait jamais pensé aux individus. Maintenant que c’était un être qui lui était cher qui était touché, un bon nombre de perspectives se retrouvaient bousculées, mises sens-dessus-dessous.
« Maman? »
Il s’était réveillé. Ses yeux encore ensommeillés l’interrogeaient du regard: il ne comprenait pas pourquoi il se réveillait dans ses bras et pas dans son lit. Yeva força un sourire et passa une nouvelle fois la main dans ce qui devait être les cheveux de son fils. Satanées plumes qui ne voulaient pas disparaître.
« Stasya s’est endormie alors qu’elle devait te surveiller. J’ai eu peur qu’il te soit arrivé quelque chose. »
Il avait toujours des points d’interrogation dans les yeux.
« Rien arrivé. »
Et, comme par magie, ses cheveux reprirent la place du duvet qui l’avait usurpée. Elle aurait presque pu croire à une hallucination, seulement elle savait qu’elle pouvait se fier à ses sens. Elle devait prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que quiconque d’autre qu’elle découvre ce qui habitait son fils. Elle ne savait pas quand ou comment le phénomène risquait de se reproduire, mais elle devait être prête d’ici-là.
Tout d’abord, elle devait s’assurer que personne en dehors d’elle ne soit témoin d’une transformation intempestive comme celle qu’elle venait d’observer. Elle se servit de son assoupissement comme prétexte pour renvoyer Stasya, puis refusa pour des raisons crées de toutes pièces toutes celles qui se présentèrent comme candidate pour la remplacer. Elle déclara ensuite à Pavel que, faute de nourrice, elle prendrait elle-même en main l’éducation d’Isaak. Heureusement, c’était un sujet pour lequel son mari lui faisait pleinement confiance, ce qui lui laissait la possibilité de manoeuvrer sans être gênée. Sans compter que lui-même avait été éduqué uniquement par ses deux parents et n’avait jamais vu la valeur ajoutée qu’avait une nourrice, de toute façon.
Pour le moment, le secret était sauf. Aucun étranger ne risquerait de le découvrir. Seulement… qu’en était-il des proches de l’enfant? Devait-elle les informer de ce qu’elle venait de découvrir? Impensable. Ses parents à elle ne verraient dans cette tare que l’oeuvre du Démon et avertiraient immédiatement un prêtre pour chasser la créature, coûte que coûte. Pavel n’avait jamais été aussi dévot qu’elle, mais elle craignait qu’il réagisse de la même manière, non par foi, mais par pragmatisme. Un secret pareil pouvait signifier leur perte à tous si on découvrait qu’ils n’avaient pas fait le nécessaire. Quant à ses beaux-parents… À vrai dire, elle ne connaissait pas assez bien pour estimer leur réaction, mais il était hors de question de prendre un tel risque. Elle ne pouvait se fier qu’à elle seule.
Prendre la décision de porter seule un secret aussi lourd était une chose, s’y tenir en était une autre. Cela signifiait qu’elle devait, jour après jour, mentir à sa famille, mentir à son mari. Un mensonge par omission, certes, mais un mensonge tout de même, et pas des moindres! La culpabilité la rongeait autant que l’inquiétude, lui volant et le sommeil et l’appétit. Elle pâlit, maigrit, si bien qu’on commença à se faire du soucis pour sa santé. Pour ne rien arranger, elle fit une fausse couche et perdit une quantité considérable de sang, ce qui l’affaiblit encore et la cloua au lit pendant plusieurs semaines. Elle aurait pu laisser tomber, mais ce n’était pas dans sa personnalité. Elle résisterait parce qu’elle le devrait, une résistance silencieuse qui ne serait un succès que si personne ne la remarquait. Petit à petit, elle récupéra des forces.
Après ce que son entourage prit l’habitude d’appeler « sa maladie », Yeva avait changé. Elle resta pâle, bien plus qu’elle l’avait jamais été. Son sommeil se fit léger, agité et court, avec pour résultat des cernes qu’elle se mit à cacher sous son maquillage. Son comportement aussi était différent. Certains la disaient assagie avec l’âge, d’autres la disaient éteinte. D’autres encore ne disaient rien, car après tout: qu’est-ce qu’une personne dans la foule moscovite? Pavel, lui, réagit avec soulagement en la voyant se remettre et attribua sa perte en dynamisme au deuil de l’enfant qu’ils venaient de perdre avant même qu’il naisse.
Cela fait maintenant près de cinq ans que ça dure. Sous l’oeil vigilant de sa mère, Isaak fait des progrès fulgurants dans toutes les matières… mais piétine pour ce qui est de ne pas laisser l’animal qui l’habite se montrer. Il commence à être capable de faire disparaître les plumes et autres bec et serres qui apparaissent sans crier gare, mais impossible de prévoir ses transformations ou de les empêcher d’arriver. Ce qui fait que Yeva en est toujours à jongler tant bien que mal entre sa vie sociale et ce problème dont elle ne sait absolument pas comment se dépêtrer.
NdlA: Ch’tite précision avant qu’on me dise de nerfer ce perso: contrairement à ce que certains bouts de cette fiche peuvent peut-être laisser penser, ni Pavel ni le père de Yeva ne sont des hauts pontes. Ils ont fait une jolie fortune en investissant dans les chemins de fer, mais ils ne sont ni les seuls à cueillir les fruits de l’industrialisation ni ceux qui se taillent la plus grosse part du gateau. Et le père de Yeva ne peut pas vraiment se servir de son nom non plus, sauf peut-être auprès de quelques rares fossiles coincés dans la nostalgie du siècle passé.
Raïssa Vasilievna Azarova
Chimeres
○ Prénom et Nom : Raïssa Vasilievna Azarova, surnommée Raïetchka
○ Age : 15 ans
○ Race : Humain
○ Forme animale : Humain, ça compte ?
○ Métier : Encore aucun, future avocate renommée (si si)
Cherche coiffeur (mort ou vif)
- Grand ou petit ? Ou entre les deux ? D’après ma famille, ni Tsillia ni moi n’avons jamais été très grandes pour notre âge. Par contre, ces derniers temps, je commence à rattraper mes aînés à toute vitesse. D’accord, j’ai de la marge avant de rattraper certains (Pétia ou Kolia, par exemple), mais je commence à ne presque plus devoir lever la tête pour regarder Katiouchka dans les yeux, enfin !
- T’as des signes particuliers ? Euh… avoir une jumelle identique, ça limite un peu les possibilités niveau signes « particuliers », non ? Mais bon, si ça compte quand même : une tache de naissance sur l’épaule droite et une fossette dans la joue gauche.
- Décris-nous un peu ton style vestimentaire : Ça fait un peu plus de trois ans que je ne porte plus les robes de petite fille (il était temps !) et que je suis passée à des vêtements plus adultes. Mère veut que sa famille soit toujours bien habillée et ça ne me dérange pas, au contraire. Ça me dérangerait encore moins si « bien habillé » n’incluait pas un corset, par contre. J’envie mes frères qui ne doivent pas en porter (et Natachenka qui a décidé qu’une pilote a besoin d’un minimum de liberté de mouvement). Le seul ennui de ma poussée de croissance, c’est que je dois changer de vêtements très souvent, parce que sinon je me retrouve systématiquement avec les poignets et les chevilles à l’air. Heureusement, avec deux grandes sœurs, ce ne sont pas les robes à hériter qui manquent.
- Y a-t-il un objet que tu portes toujours sur toi ? Un objet en particulier pas trop, non. Euh... Des vêtements, un manteau et un chapeau quand je sors de chez moi, mes livres et mes affaires d’écriture quand j’ai cours, mon missel quand on va à la messe… Je continue à énoncer l’évidence ou ça va comme ça ?
Interview avec le Tout-Puissant
- Tu pries tous les soirs ? La bénédiction du repas, ça compte… ? Disons que j’essaie de prier tous les jours mais euh… parfois j’oublie parce que j’ai autre chose en tête. Ou je n’oublie pas, mais j’ai rien de nouveau à dire. Et même Dieu ça doit le lasser si on lui raconte tout le temps la même chose, non ?
- T’aimes les animaux ? C’est une question piège ça, non ? Enfin, quoique : on a dit « animaux », hein, pas « démons », ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. En ville, il y a de toute façon assez peu d’animaux, et pareil chez nous avec Mère qui ne veut ni chat ni chien dans la maison. Par contre… il y a un petit chat blanc qui vient souvent miauler sur le balcon de la chambre que je partage avec Tsillia. Quand on lui ouvre la fenêtre il se laisse caresser et il joue avec nous. Parfois je lui donne un peu de nourriture que j’ai été chercher dans les cuisines. Oh, pas beaucoup, hein ! Et on fait toujours très attention à ce qu’il ne laisse ni poils ni autres saletés dans notre chambre, comme ça si Mère l’apprend elle ne pourra pas nous reprocher de salir la maison en laissant un animal rentrer. Il ne se fait pas les griffes sur les meubles, il est propre et il chasse même les araignées ! Oui, par contre les araignées je n’apprécie pas vraiment comme animal. On ne peut pas tout aimer.
- Ton pire souvenir, c’est… ? Aussi loin que je me souvienne on était une famille nombreuse mais soudée, jusqu’à ce que tout d’un coup… ce ne soit plus le cas. Quand j’étais petite, Kolia et Micha, qui avaient toujours été très proches, se sont tout d’un coup mis à s’éviter, à ne plus se parler. Dès que l’un entrait dans une pièce, l’autre sortait ou alors l’ambiance devenait bien plus tendue. Et quand j’essayais de demander ce qui leur était arrivé, c’était encore pire que tout : tout le monde faisait comme si de rien n’était. Je veux bien que j’étais petite, mais je n’étais pas stupide ni aveugle, enfin ! Puis, comme si ça ne suffisait pas, ils ont tous les deux quitté la maison. Kolia revenait encore de temps en temps, mais Micha a été envoyé dans une paroisse au fin-fond de la campagne et on ne le voyait que très rarement. Heureusement, quelle que soit la cause de leur éloignement, ils ont dû résoudre le problème : leur relation s’est de nouveau réchauffée depuis.
- A quoi ressemble ton chez toi ? Un hôtel particulier dans les quartiers aisés de Moscou, près du Vatican. Une aile sert de cabinet à Père et Pétia et on habite dans l’autre. Il y a de nombreuses chambres, mais avec la plupart des ainés qui sont partis, beaucoup d’entre elles sont vides maintenant. Je trouve la maison bien silencieuse parfois.
- Une journée normale, pour toi, ça ressemble à quoi ? En général j’ai cours le matin, sauf le dimanche parce que là on va à la messe. Je ne vais pas à l’école : mes parents ont engagé un précepteur pour Tsillia et moi, comme ils l’ont fait pour tous mes autres frères et sœurs. La différence d’âge avec nos aînés est trop grande, donc on a cours juste à nous deux. Les bases (lecture, écriture, arithmétique), c’est Mère, Micha et Katiouchka qui nous les ont apprises. Nos leçons avec notre précepteur portent sur d’autres sujets, comme la géographie, l’histoire, la littérature et la musique. J’ai essayé de le convaincre de nous apprendre la rhétorique, mais il a décrété que nous n’en avions pas besoin. Il n’a pas l’air de me croire quand je dis que je veux devenir avocate. Alors, puisqu’il ne veut pas m’y aider, je me débrouille avec les livres de Père et Pétia pendant mon temps libre, l’après-midi. Mes moments préférés, c’est quand les aînés reviennent à la maison et quand la table est de nouveau remplie aux repas.
- Ok, si tu pouvais devenir Tsar demain, qu’est-ce que tu ferais ? Euh… je suis plus ou moins sûre qu’il y a de nombreuses lois qui auraient besoin d’être modernisées, mais il faudrait que je creuse plus pour pouvoir dire lesquelles exactement. Et il faudrait aussi que je me renseigne sur la procédure à suivre. Ah, et que je trouve un moyen de les faire passer qui m’évite de subir le même sort que le dernier tsar qui a voulu trop réformer trop rapidement.
Histoire (courte)
Sur une table basse du salon trône un épais album photo. La première page affiche un couple de jeunes mariés : Vassili Piotr Azarov et Zinaïda Nikolaïovna nouvellement Azarova. Mais il faut passer de nombreuses pages avant d’arriver enfin à la partie qui nous intéresse.
Un couple pose face au photographe avec chacun un poupon dans les bras. Quelques cheveux blancs et l’une ou l’autre ride ont fait leur apparition depuis la première photo de l’album, seuls témoins des années qui se sont écoulées entre les deux clichés. Perdues dans leurs robes de bébé, les deux fillettes âgées de quelques semaines à peine semblent en tous points identiques. Elles fixent toutes les deux l’objectif avec de grands yeux curieux qui ne perdront jamais la teinte bleue des nouveau-nés.
Un adolescent aux cheveux bruns est assis dans un divan, encadré par deux fillettes blondes identiques qui ne doivent pas avoir plus de trois ans. Elles sont fascinées par l’histoire que leur conte leur grand-frère. Par la seule force de sa voix, il les transporte loin de Moscou, dans les contrées enneigées dont les images ornent le livre qu’il tient en main. Une scène immortalisée par l’aînée des sœurs après qu’elle ait rangé la dinette abandonnée par les jumelles. Hors-champ, leur mère profite du répit pour reprendre en main la correspondance du cabinet Azarov.
La famille entière est réunie sur une seule photo, c’est une image qui risque de se faire plus rare alors que les aînés se préparent à quitter la maison. Mais l’harmonie familiale n’est qu’une illusion sur ce cliché, où même des années après on peut apercevoir le poids des non-dits et des tensions. Il transparaît dans la distance entre le cadet et le benjamin, un poil plus grande que d’habitude, et dans leurs yeux, qui n’abritent pas les restes d’une plaisanterie échangée juste avant que le photographe déclenche le flash. Ce poids pèse sur les épaules de tous les membres de la famille, jusqu’aux deux plus jeunes qui, du haut de leurs cinq ans, s’inquiètent de ce changement qu’elles ne comprennent pas.
Une fillette de sept ans est enfoncée dans le fauteuil bien trop grand pour elle du bureau de son père, le nez plongé dans un ouvrage juridique dont elle comprend à peine un dixième des mots. « Quand je serai grande, je serai avocate ! », déclarera-t-elle quelques instants à peine après cette photo à un grand-frère très amusé. Pétia se contentera de lui ébouriffer les cheveux et de la taquiner pendant quelques semaines en la voyant persévérer à tenter de déchiffrer des livres auxquels elle ne comprend évidemment rien. La lubie d’une gamine qui veut « faire comme les grands », se dit-il. Elle s’en lassera et passera à autre chose avant la fin du mois, s’imagine-t-il. Ce n’est que plusieurs années plus tard qu’il réalisera qu’à force de les harceler de questions lui et leur père, la « gamine » est parvenue à se forger des bases et qu’elle commence à comprendre une part non-négligeable de ce qu’elle lit.
Cette année-là, la photo au pied de l’arbre de Noël fait vide. Kolia n’a pas pu obtenir de permission et Micha célèbre la fête dans sa nouvelle paroisse, bien loin de Moscou. Oh, ils ont écrit bien sûr, mais ce n’est pas pareil. Pour la première fois, Raïetchka réalise vraiment qu’un jour elle et sa jumelle seront seules avec leurs parents dans cette grande maison faite pour accueillir de nombreux habitants.
L’image suivante est un peu floue, mais pas facile de faire la mise au point sur des enfants en train de courir. Âgées de presque dix ans, les jumelles sont toujours identiques. Et pourtant, quiconque les connaît pourrait vous dire que celle qui court en tête est Raïetchka, la meneuse du duo. Dans leurs jeux, c’est elle qui mène la danse tandis que sa sœur est celle qui a l’imagination la plus fertile. L’une semble pressée de grandir pour rattraper ses frères et sœurs, l’autre reste drapée dans le cocon confortable de l’enfance.
Jour de fête ! Katiouchka toute de blanc vêtue est entourée de sa famille et au bras du dernier membre à avoir rejoint ladite famille. C’est un jour de fête, mais aussi une page qui se tourne, car une fois de plus quelqu’un quitte la maison. Cependant l’heure est aux réjouissances, pas aux pensées tristes. Personne n’est absent pour ce grand jour et le pétillement immortalisé dans les yeux du militaire et du prêtre témoigne de leur réconciliation. La plus jeune de leurs sœurs respire enfin.
Un nouvel oiseau a pris son envol – littéralement – et elle n’est déjà plus qu’un petit point qui s’élance en direction du soleil. Pour se protéger contre les rayons du soleil, Raïetchka est obligée de mettre sa main en visière. Elle est plus jeune fille que petite fille désormais, avec des vêtements, un maintien, une apparence et surtout des ambitions plus proches de la femme que de l’enfant. Et pourtant, ils sont bien peu nombreux à voir ces changements. Peut-être est-ce à cause de ses cheveux blonds et de ses yeux bleus qui lui donnent des airs de chérubins, peut-être est-ce par association avec sa sœur jumelle qui n’est pas pressée d’entrer dans le monde des adultes. Ou peut-être simplement qu’en retardant la fin de l’enfance des jumelles, leur famille espère retarder la fin d’une époque… Seulement Raïetchka, elle, est impatiente de voir débuter la suivante.
QUESTIONNAIRE DU PARANOMAG
Prénom et nom : Eibhlín (se prononce "Eileen") Blake
Âge : 39 ans
Fonction ou activités : Cuisinière (sauf urgence ailleurs dans l’hôtel)
Depuis combien de temps es-tu à l'hôtel et est-ce que tu t'y plais ? J’y suis venue quelques fois ces… quoi, 15 dernières années ? Mais je n’y suis comme résidente permanente que depuis un peu plus de deux ans.
Pourquoi es-tu venu dans cet hôtel ? Se couper de la civilisation dans un lieu reculé et mystérieux chargé d’histoire est un truc connu pour trouver l’inspiration et pondre le prochain roman du siècle. Bah c’est pas concluant. 2/5, would not recommend.
Es-tu venu tout seul ? Avec ma machine à écrire et une demi-douzaine de personnages fictifs à moitié ébauchés.
Quel est ton don ? La cuisine. Ah, l’écriture ? Ouais, non, c’est pas parce que de temps en temps les mots me viennent tous seuls qu’ils sont bons. (Ndla : écriture automatique).
Quel sont tes outils de communication préférés ? Je préfère les lettres aux coups de téléphone (l’excuse du téléphone unique pour tout l’hôtel m’arrange donc bien). Ah, avec les fantômes ? Bah j’ai jamais vraiment appris à me servir de quoi que ce soit de spécialisé, donc ma machine à écrire ou un stylo et un bloc-notes. Ou ma batterie de cuisine quand ils me courent sur le haricot, ça marche pas mal non plus.
As-tu un objet de protection ? Je passe la majorité de mon temps en cuisine, donc j’ai toujours du sel et de l’argenterie à portée de main. (Oui, boss, c’est la dernière fois que je lance une cafetière, promis…)
Quelle a été ta première expérience avec le paranormal ? Je voulais écrire ma liste de courses et je me suis retrouvée avec une envolée lyrique sur les Highlands à la place (j’avais jamais vu les Highlands).
Quelle est ta plus grande peur ? Ndla : quiconque l’a déjà vue piquer un sprint à la vue d’un corps attaché à huit pattes sait qu’il s’agit des araignées.
Quel est ton souvenir le plus marquant ? (positif ou négatif) Bah… probablement cligner des yeux et voir que 1. un texte entier venait d’apparaître sur ma feuille, 2. c’était mon écriture et 3. c’était ni mon style habituel ni un sujet que je connaissais. Très strange comme expérience.
Pourquoi es-tu venu dans cet hôtel ? Se couper de la civilisation dans un lieu reculé et mystérieux chargé d’histoire est un truc connu pour trouver l’inspiration et pondre le prochain roman du siècle. Bah c’est pas concluant. 2/5, would not recommend.
Es-tu venu tout seul ? Avec ma machine à écrire et une demi-douzaine de personnages fictifs à moitié ébauchés.
Quel est ton don ? La cuisine. Ah, l’écriture ? Ouais, non, c’est pas parce que de temps en temps les mots me viennent tous seuls qu’ils sont bons. (Ndla : écriture automatique).
Quel sont tes outils de communication préférés ? Je préfère les lettres aux coups de téléphone (l’excuse du téléphone unique pour tout l’hôtel m’arrange donc bien). Ah, avec les fantômes ? Bah j’ai jamais vraiment appris à me servir de quoi que ce soit de spécialisé, donc ma machine à écrire ou un stylo et un bloc-notes. Ou ma batterie de cuisine quand ils me courent sur le haricot, ça marche pas mal non plus.
As-tu un objet de protection ? Je passe la majorité de mon temps en cuisine, donc j’ai toujours du sel et de l’argenterie à portée de main. (Oui, boss, c’est la dernière fois que je lance une cafetière, promis…)
Quelle a été ta première expérience avec le paranormal ? Je voulais écrire ma liste de courses et je me suis retrouvée avec une envolée lyrique sur les Highlands à la place (j’avais jamais vu les Highlands).
Quelle est ta plus grande peur ? Ndla : quiconque l’a déjà vue piquer un sprint à la vue d’un corps attaché à huit pattes sait qu’il s’agit des araignées.
Quel est ton souvenir le plus marquant ? (positif ou négatif) Bah… probablement cligner des yeux et voir que 1. un texte entier venait d’apparaître sur ma feuille, 2. c’était mon écriture et 3. c’était ni mon style habituel ni un sujet que je connaissais. Très strange comme expérience.
Dernière édition par Mey le Ven 15 Oct 2021, 09:26, édité 13 fois