Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : privé.
- Tour de jeu : dans l'ordre d'arrivée
- Délai maximum d'attente de réponse : 24h
- Nombre de sauts de tours autorisés avant que le délai d'attente ne soit plus pris en compte pour le joueur attendu : 2
- Autre : Express

Le temps dans l'espace a cette continuité que les atmosphères des planètes troublent d'aubes, de crépuscules et de guerres célestes entre rouges, ors, violines et noirs. Il n'y a pas de déchirure grise de l'aurore, pas de disparition d'astre géant au fond d'un horizon qui se dévoile. Le vide répond au vide et les étoiles brillantes ne sont que des points de passage, des données dans un calcul gravitationnel. L'heure y est standard, arbitraire, et les cycles plus que les jours s'enchaînent, remplis de tâches bourdonnantes, à un rythme qui n'est biologique que part les intrus que sont la présence d'espèces vivantes passant dans l'immensité.

Il est tard. Ainsi l'a décidé la Montre Standard, grande arbitre des Heures qui Passent. Les quarts de nuit sont à leurs postes et le reste du personnel se partage entre les salles de repos et les différents quartiers. Sylomen n'est plus en uniforme. En permission depuis la veille, il s'est changé pour une tunique blanche et formelle sur un pantalon bleu sombre. Il a, à son bras, sa tablette, quelques feuilles de papier, un crayon noir et, coincée dans son autre main, une rose de papier blanche maladroitement pliée. Il sonne.

J'ai la moitié de ma tignasse dans la gueule, je passe les mains dedans pour les enlever. A mi-chemin je réalise, au moment où je vois ses yeux s'ouvrir, que ça met bien en valeur certaines choses, et que je sais pas s'il va capter. Ca m'empêche pas de finir le mouvement. "Hey." je salue d'une voix un peu rauque. Le réveil, toussa. Je cherche absolument pas à bouger de là.

Il a deux secondes de flottement. Deux secondes sans masque où c'est Sara et où tout va bien. Et puis, il se souvient et la tristesse le prend d'un coup. C'est toujours pareil. Chaque matin lorsqu'il revit la mort de sa soeur. Brutal, comme un coup de couteau qui laisse une douleur qui ne partira jamais. Il remet son masque. Il la regarde. Tout va bien. Tout va bien. Tout. Va. Bien.

Il bouge la main, son bras pèse trois tonnes. Il ne se demande même pas comment Sara a atterri là, sur lui, encore. Alors que c'est le matin et qu'il est un peu gêné de la savoir si haute sur ses cuisses. Doucement, il déplie les doigts, logeant sa joue dans sa paume. "Ce n'est pas l'heure" tente-t-il de sa voix neutre habituelle avec une pointe de douceur bien cachée dans ses yeux clairs.

Moi ça me dérange pas d'être haut sur ses cuisses. Ca me remue le ventre, d'une façon agréable et familière. Je penche doucement la tête vers sa main pour y loger ma joue. Puis il parle, et je le regarde un instant, interdite. Je rêve ou il vient de faire une tentative d'humour ? Je me sens finalement sourire légèrement. On va dire que oui. "Non. Ce n'est pas l'heure." je murmure, les doigts encore dans ses cheveux. Je me penche encore un peu pour effleurer ses lèvres.

Elle sourit. Il avait eu peur un moment qu'elle le prenne mal. On ne sait jamais avec les mots. Ils sont traitres et trompeurs. Mais elle les prend comme il faut, frôlant ses lèvres. Esquisse de baisers parfois plus intense que les vrais. Il ne sait pas quoi faire. Combien de temps ils doivent rester là. Il sait une chose. Il ne doit pas la déplacer ou montrer d'impatience.

Il bronche pas. Bon. On va y aller doucement. Douuuuucement. On a le temps. "Ca va ?" je murmure contre ses lèvres. Et je garde la tête bien assez froide pour me rappeler de l'endroit où je suis, de mon statut, et d'un certain nombre de choses faisant que de toute façon, quoi qu'il puisse arriver, il se passera rien de vraiment compromettant à bord.

Ca va. Ohra est morte. Ca va. Sara est là. Ca va. Toujours vivante. Chaude. Ses lèvres contre les siennes, ses yeux pas fluos dans les siens. Il ne sait toujours pas ce qu'elle fait comme ça, ce qu'elle y trouve, mais il ne dira rien qui puisse la vexer. Il hoche la tête doucement. Le réveil est toujours difficile. Toujours. Car c'est LE moment où il n'a pas de défense face aux souvenirs. Et ils en profitent à chaque fois. "Ca va. Toi ?"

Il a une réaction, il caresse la joue qui se trouve sous sa main d'un pouce très doux, comme un baiser. Ses lèvres elles s'entrouvrent mais c'est surtout pour respirer. Il penche la tête, ses boucles frôlant l'oreiller. "C'est...j'ai dessiné."

Je souris contre sa bouche, je la sens s'ouvrir. J'allais en profiter mais il m'échappe, il tourne la tête. Je pousse un gros soupir et je me redresse légèrement. J'vais pas le forcer s'il a pas envie, hein, malgré les tempêtes tropicales et tout ça. "J'crois que je comprendrai jamais ton sens des priorités." je commente, déçue. "T'aimes pas ?"

"Je n'aime pas...le dessin ?" Il ne comprend pas la question. S'il n'aimait pas le dessin, il ne dessinerait pas. C'était aussi simple que ça. "Si, j'aime." Il rougit sans trop savoir pourquoi et laisse s'installer un léger silence pour faire passer toute sa perplexité face aux émotions d'une Sara toujours plus rapide que lui. "Je t'ai dessinée" répète-t-il comme si cela expliquait tout.

C'est le reste qui m'intéresse, justement. Au fond s'il avait un ordre ou une interdiction il ferait passer ça avant ma gueule. "On a le temps." C'est toujours si compliqué de lui faire dire ce qui est important. "On arrive à un stade où ça serait bien de savoir, tu crois pas ?" Je suis toujours assise au même endroit, mais je me suis redressée. Faudrait pas non plus qu'il se sente étouffé, le pauvre.

Les mots sont longs à venir. La voix est encore plus inexpressive que d'habitude. Je commence à le connaître mon Sylomen, à sentir quand ça va à peu près et quand ça va pas. Là, ça va pas. Je glisse une main dans ses cheveux et je caresse tout doucement, sans rien dire. Il tient à moi. Il veut pas me perdre. Qui m'a déjà dit ça ? Qui ?

Il ne dit rien de plus. Qu'y a-t-il d'autre à dire ? Il la laisse digérer, passer sa main dans ses cheveux. Elle est toujours sur lui mais il ne la bougera pas. Il ne doit pas bouger. Alors, il se laisse retomber sur le lit et fixer le plafond. Il est bien le plafond. Il ne pose pas de questions, il ne réveille pas de souvenirs.

Il ne se faisait aucun soucis. Elle trouverait. Et le traceur serait rapidement retiré. Avec, elle était plus en sécurité qu'elle ne l'avait jamais été. Lui le savait. Elle ne le voyait pas. Seulement... il ferma les yeux, dissimulant un désespoir absolu. "Oui ma Sara. Mais après? " Et il rouvrir les paupières comme un enfant qui a peur du noir et qui espère et qui espère qu'on saura le rassurer.