Il s'est mit au "repos", quand on lui a dit "repos". Il continue à attendre, poliment, que son supérieur reprenne la parole, indifférent au ton altier, reconnaissant la politesse comme une tentative pour le mettre à l'aise sans pour autant être familier. "Bonjour Monsieur. Non Monsieur." C'est être réveillé qui le fatigue. Sa voix est toujours aussi plate, tranquille.

L'homme est très carré visiblement. Heureusement de la part d'un lieutenant et totalement indifférent à l'apparence de son capitaine c'est sur désormais. Pas loquace par contre. "Ça se voit. Pour quelle raison ?" demande-t-il en parcourant à nouveau le dossier du candidat sur ses écrans internes.

Le capitaine bouge sa main et semble manipuler un holoécran que lui seul voit. "En effet... tapage nocturne et remise dans l'axe. Le pacha de la station orbitale n'est pas content des lieutenants en attente d'affectation. Un commentaire ?" demande Jyan Tao.

Décidément il faut lui tirer les vers du nez. "Vous étiez du tapage ?" Ça risquait d'être long comme entretien et il en profite pour creuser plus en avant dans le passé du lieutenant. Lycée militaire après la mort de sa sœur. Et un dossier médical verrouillé. Jyan Tao passe donc directement à l'évaluation psychologique.

"Non Monsieur." Il n'a pas une hésitation, utilise exactement le même ton que les deux fois précédentes. Son corps est immobile, tranquille. Il n'est ni nerveux ni impatient, répondant aux questions comme si elles pouvaient durer toute la journée.

"Votre spécialité et vos objectifs de carrière à court terme ?" enchaîne le capitaine. Le profil psychologique explique certaines choses... un cas pas simple. Pas sur de parvenir à le réveiller de sa torpeur celui là. Pas tout de suite en tout cas.

"Tireur d'élite." C'est dans son dossier, dossier qu'il a probablement lu, lui ou un de ses subordonnés qu'il a chargé de faire ses recrutements mais bon, le dire n'est pas la solution. Quant à ses objectifs à court terme... pour la première fois, il a une très légère hésitation, comme une inspiration qui n'est pas aussi tranquille qu'elle aurait due. "Continuer dans le Corps."

"Pourquoi ?" demande le capitaine de la corvette. Son ton est toujours altier, c'est un officier pur sucre sans doute issue d'une noble famille. Nulle trace d'impatience dans sa voix par contre.

"Quels sont vos loisirs ?" enchaîne Jyan. Il faut lui tirer les vers du nez.... soit il va le faire.

"Le dessin ?" Les loisirs, clairement, ce n'est pas son truc et les questions de son supérieur semblent le déstabiliser un peu, le prenant toujours par surprise. Pourtant, son attitude ne change pas et ses intonations restent très peu sensible si on ne les cherche pas spécifiquement. Il ne demandera cependant pas le "pourquoi" qui joue dans le silence après sa réponse.

Derrière son masque il sourit, enfin une réaction humaine. Il ne compte pas s'arrêter là désormais. "C'est une question ? parce que si vous ne savez pas quels sont vos loisirs sachez que je ne suis pas en mesure de vous les donner non plus." dit-il d'une voix calme et posée. "Vous dessinez quoi ?" enchaîne-t-il ensuite.

"Les gens, Monsieur." Pour mieux les comprendre. Il lui semble que lorsqu'il a capturé l'essence d'une scène ou d'une personne, il la comprend mieux. Peut-être parce qu'il déteste les mots et qu'il les remplace par du crayon. Il ne sait pas. Il dessine également les souvenirs de sa soeur mais ça, c'est trop privé pour en parler.

"Pourquoi les gens et pas autre chose ?" demande alors le capitaine de Corvette Jyan Tao Alcyon. Visiblement il compte aller jusqu'au bout te cet échange coûte que coûte. Il n'a rien contre les subordonnés obéissant, mais celui là est peut-être un peu trop obéissant pour un officier en tout cas.

La boite de conserve semble toujours impassible, mais le Teluns a l'intérieur est plutôt satisfait. "Bonne nouvelle." dit-il pour manifester son contentement. "Vous savez sourire ? de manière spontanée et sans vous forcer ?" qu'il précise ensuite.

Un silence un peu long avant que le capitaine se lève de son fauteuil et s'approche du lieutenant. "Absolument nécessaire." dit-il en le regardant de plus prêt. "C'est le drame de la perte de votre soeur ?" qu'il demande alors en vérifiant l'évaluation psychologique et la mention concernant son traumatisme infantile lors de la mort de sa sœur.