Mierda. Comment est-ce qu'on s'est trouvé dans une situation pareille déjà ? Ça se voit pas du tout à l’extérieur, mais je transpire. Mentalement, j'veux dire. J'ai de la transpiration mentale. Y'a des gens qui appellent ça la nervosité. C'est bizarre, parce que bien que ce soit Sara qui n'arrête pas de crier et mordre l'air en face d'elle, c'est pour moi que la foule s'écarte. Je pue ou...

Encore un mot et j'te coupe ta putain de langue, garce ! T'en as pas besoin là où tu vas atterrir...

"Combien ?" Sa voix s'élève à peine mais il voit qu'on l'a entendu. Son expression, elle, n'a pas bougé. Il se tient droit, légèrement réprobateur, froid, inexpressif. Il aurait du tourner le dos. L'AAG n'accepte pas le commerce humain en général et s'il avait son uniforme, il aurait du intervenir. Pour le moment cependant, il espère surtout avoir assez surpris le Telun pour qu'il retienne sa lame.

Hein ? C'est le "pardon" de Manooine ça. Je l'emprunte souvent aussi. Le Telun garde main ferme sur Sara. J'ai pas l'impression qu'elle va pouvoir filer entre ses jambes comme dans les films. J'pense pas qu'elle va l'essayer de toute façon. Elle a une grande gueule, mais elle n'est pas stupide. Elle n'est pas à vendre. Et ça, c'est le "tu offres combien" de Manooine.

"Soit. Je réquisitionne alors ?" Si le ton est vaguement interrogatif, le reste du visage reste neutre. Il n'a même pas regardé Sara - sa voix est bien assez reconnaissable pour qu'il sente toute la froideur du monde s'insinuer dans ses yeux à l'idée de la vendre - il ne veut pas paraitre trop intéressé. Parce que oui. Il sait négocier. Enfin, il a eu un cours dessus une fois et une fiche technique dont il devrait pouvoir se rappeler. Vaguement.

Hmm, bonne stratégie. J'hoche la tête pour affirmer ma propre pensée. Elle est en train de faire baisser le prix en se profilant comme quelqu'un de très, très, très chiant. Ça semble marcher. J'suis pas télépathe, mais les veines qui ressortent légèrement des mains du Telun prouvent qu'il a déjà une migraine rien qu'en la possédant pour 10 minutes. J'entends pas ce qu'il dit immédiatement parce qu'il parle dans sa barbe, mais j'crois entendre .... 400. Pas moins.

Il baisse vite pour un marchand. Ca doit cacher quelque chose. "325." Ses yeux se baladent sur le reste du groupe. Y a de tout mais rien qui attire son attention. Et puis, doucement, il lève la main pour désigner une espèce de cyborg tellement laid qu'il est difficile de ne pas détourner les yeux. "Ou 1000 avec celui-ci."

J'ai juste le temps de voir la main arriver sur ma gueule avant de sentir ma joue exploser et mon cerveau se retourner dans mon crâne. J'ai crié. Je sais pas la fermer non. Le vieux disait souvent ça. Juste quand j'ai un couteau sous le nez - et encore. Là je suis un peu dans les choux, je me casse pas la gueule parce qu'il me tient mais sans ça...

Elle n'est pas abîmée. 350. Dernière offre. J'sais pas. Elle est quand même un peu abîmée là. J'sais que j'fais que regarder, mais au fond j'ai l'impression qu'il m'a donné une baffe aussi. Elle est intimidante et elle cri beaucoup, mais j'pense pas qu'elle mérite qu'on la maltraite quand même... Quant à lui, tu rêves. Il m'a coûté une fortune. Et je sais toujours pas pourquoi, d'ailleurs. Sara avait carrément raison quand elle disait que j'valais même pas 10 crédits.

"Peut-être mais tu t'es fait avoir. Son oeil a trois ans de retard. Il faudra le changer. C'est un investissement. 1000 pour les deux ou 200 pour la fille. Et à chaque coup, je baisserais le prix." Il croise les bras. Il arrive au moment de la négociation où c'est "à prendre ou a laisser". Et tant mieux parce qu'il en a marre de ce genre de socialisation. Parler a des gens, vraiment, c'est épuisant.