CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : privé, mais je pense qu'on peut toujours discuter si jamais.
- Tour de jeu : Lnou - Alyaa.
- Délai maximum d'attente de réponse : deux semaines.
- Nombre de sauts de tours autorisés avant que le délai d'attente ne soit plus pris en compte pour le joueur attendu : N/A
- Autre : N/A

Assis sur la balançoire, il détonnait un peu dans le paysage, si bien que les rares gamins n'avaient pas osé s'approcher et avait préféré jouer au ballon un peu plus loin. Bien que le printemps peine encore à s'imposer sur l'hiver, Regan ne portait qu'un pull à capuche neutre de tout slogan ou autre logo. Son casque fiché sur les oreilles et un sourire distrait scotché aux lèvres, il dessinait. Pourtant, il n'y avait rien d'autre devant lui qu'un parc banal qui manquait encore cruellement de verdures. Rien qui ne vaille la peine d'être dessiné, en somme.

On aurait plutôt tendance à croire que dessiner, assis à moitié en tailleur sur une balançoire était particulièrement inconfortable, mais à le regarder, ça semblait incroyablement simple. Il se servait de son genou en guise d'appui pour sa planche à dessin et ses crayons de couleur étaient rangés dans la poche kangourou de son sweat. A première vue, il semblait les choisir complètement au hasard... pourtant, il arrivait de le voir en piocher un et de changer aussitôt pour prendre le suivant, sans doute insatisfait.

HRP :

Pas frileuse pour deux sous et à l'aise dans un simple pull orange, Jez profitait du soleil timide de l'après-midi. Sa classe avait quartier libre après la visite d'un musée et elle s'était éloignée de son groupe pour chercher des toilettes publiques. Qu'elle avait trouvé, Le Grand Cookie soit loué. Intrigué par le drôle de type qui dessinait sur une balançoire, elle vint s'assoir sans un bruit sur celle d'à côté et tendit le coup pour jeter un œil. Ou deux.

Jez l'aima tout de suite. Pour quelqu'un qui n'avait pas d'imagination, elle était extrêmement réceptive aux représentations qui ne tenaient pas compte de la réalité des choses. Incapable de dessiner trois branche à un arbre qui en avait quatre, elle admirait (et jalousait un peu) ceux qui pensait également à ajouter un nid d'oiseaux et une colonne de fourmis. C'était magique. Elle se pencha un peu plus et fit légèrement tinter la chaîne de la balançoire.

Le dessin prenait forme — ou se déformait — au fur et à mesure qu'il crayonnait. Central Park avait beau être en plein milieu de la ville, on entendait à peine le bruit de la circulation. Pourtant, ce n'était pas totalement silencieux, mais rien ne semblait pouvoir l'interrompre, pas même la présence d'une inconnu. Un dessin n'est rien d'autre que la représentation d'une réalité, dit-il imperturbable. Ce faisait, il échange son crayon bleu pour un brun foncé, afin de terminer son trait.

Jez médita un instant cette phrase. Il lui était déjà arrivé de se demander si tout le monde voyait les mêmes couleurs. Peut-être que l'herbe était verte parce qu'on lui avait dit qu'elle était verte. Mais peut-être qu'en fait, ce qu'elle pensait être vert était en bleu, ou jaune... Ok, c'était tiré par les cheveux, mais c'était peut-être vrai, hein, on sait pas. J'aimerais voir les autres réalités, moi aussi..., fit-elle, pensive.

Un dernier coup de crayon et il sembla juger le dessin terminé. Distraitement, il rangea ses crayons dans une boîte en métal et retira son casque, qu'il laissa au tour de son cou. Il se tourna vers Jez avec un sourire mystérieux et lui tendit le dessin en guise de réponse. C'était comme s'il lui offrait un bout de sa réalité.

Il y eut un temps de latence avant que Reagan laisse échapper un immense sourire de satisfaction, éclatant. Ca semble soudain le ramener dans la réalité, celle communément admise comme telle. Tu as dis que tu voulais voir les autres réalités, alors je t'en offre un morceau, dit-il en se redressant sur ses pieds, visiblement prêt à partir sans trop savoir où.

Il ne tressaillit pas lorsque un arbre pour le moins étrange apparu à côté de lui. Il se contenta de l'observer attentivement avec une pointe de curiosité avant de se tourner vers Jez. Oh, c'est toi qui a dessiné celui-là ? lui demanda-t-il avec une lueur d'émerveillement dans les yeux. Il ne semblait pas avoir compris ce qu'il venait de se passer. Pas plus qu'il n'avait reconnu l'arbre qu'il venait pourtant de dessiner.

Jez, un air désolé peint de la tête au pieds, tourna le dessin afin qu'il le voit bien et répondit : Nan c'est toi. Elle était dépitée parce que ses créations ne retournaient pas toujours sur le papier et surtout, elles ne revenaient pas toujours dans le même état. Il est tellement beau, chais pas, j'crois que j'avais envie qu'il soit vraiment là...

Reagan hésita... son regard passa de son arbre à la jeune fille, puis au dessin, le tout plusieurs fois. Il ne semblait pas comprendre ce qu'il venait de se passer, mais l'absence de logique ne sembla pas le perturber plus longtemps que ça. Il haussa les épaules en regardant Jez. Je t'offrirais d'autres réalités si tu veux... il y en a une infinité ! dit-il comme si c'était une évidence.

À nouveau le regard de Jez s'illumina. Si tous ses dessins étaient à moitié aussi beau que celui-ci, elle avait devant elle un véritable artiste. Ragaillardie, elle roula la feuille de papier et la fourra dans son sac. L'arbre y reviendrait à un moment ou à un autre. Elle ne contrôlait pas cette partie-là (encore moins que l'autre, je veux dire). Tu peux toutes les voir ? 8D

Il lui décerna le même sourire lumineux et mystérieux que tout à l'heure, tout en haussant les épaules. Je ne sais pas, fut sa seule réponse. Puisqu'il y en a une infinité... Tout à coup, l'arbre qui était à côté d'eux (et qui ne se fondait pas exactement dans le paysage) disparut. Regan regarda l'endroit qui était maintenant vide comme s'il s'y trouvait toujours quelque chose, visiblement intrigué.

Pfff, chuis bête ! rit Jez. Mais c'était pas grave parce que la réponse lui plaisait infiniment. Quand l'arbre regagna le papier, elle remarqua le regard fixe du peintre et s'interrogea sur ce qu'il voyait maintenant. Songeuse, elle repensa aux couleurs de l'arbre et demanda : Est-ce que tout est multicolore, sous ton regard ? Genre bariolé et joyeux comme à la GayPride ? Ou la fête des couleurs ! J'aimerais trop aller à la fête des couleurs...

Son regard se reporta sur elle, mi-perplexe, mi-souriant. La... quoi ? dit-il avant d'éclater de rire et de hausser les épaules, comme si la question n'avait pas franchement d'importance en fait. Il lui tendit la main. Est-ce que tu veux dessiner avec moi ? C'était comme une invitation à le suivre, puisqu'il y avait déjà dessiné ici, il devait, semble-t-il, aller ailleurs.

Jez saisit la main tendue comme si Regan venait de promettre Neverland à une fan invétérée de Peter Pan. Ce mec, elle le connaissait pas, mais elle l'aimait déjà. Je suis vraiment nulle en dessin, tu sais ! précisa-t-elle. Curieusement, elle n'était pas si gênée que ça, pour une fois. Elle avait l'impression que lui ne se moquerait pas. Voire même qu'il pourrait trouver beau ce qui n'était pour elle qu'un bonhomme bâton.

Il l’entraîna derrière elle en haussant les épaules, sans qu’on sache si c’était parce qu’il s’en fichait ou parce qu’il ne la croyait pas. Bien qu’il ne marche pas vite, il avait l’air de savoir où il allait. Ils longèrent deux-trois parterres de fleurs avant de tomber sur une souche un peu éloignée des allées. Il finit par lui lâcher la main pour sortir une feuille et des crayons. Il s’assit face à la souche, comme si elle était une table et tendit un crayon d’un couleur aléatoire à Jez. Notre dessin ! dit-il en montrant la feuille unique.

Jez était émerveillée. Elle saisit le crayon, mais au moment de le poser sur la feuille, elle hésita. Elle avait quand même un peu peur de tout gâcher. Elle regarda Regan : il y avait quelque chose d'infiniment paisible dans sa façon de se tenir. Elle se rasséréna et enfin, entama un tracé.

Il s'arrêta de dessiner, la regardant faire un moment, complètement absorbé par les mouvements de sa main. Sans rien dire, il se saisit de la trousse de crayons qu'il vida sur la feuille. Il sourit, en piocha un dans chaque main après un certain temps de réflexion. C'est mieux avec des couleurs, beaucoup de couleurs ! Sans se laisser démonter, il recommença à dessiner en utilisant les deux mains. Les deux dessinant deux choses totalement différentes.

Il n’était pas capable de dessiner aussi bien des deux mains simultanément, si bien que tantôt la main droite, tantôt la main gauche dessinait mieux que l’autre. A quatre mains, la feuille, malgré tout plutôt grande, fut rapidement couverte de dessins. Ethan recouvrit les derniers espaces blancs de la feuille machinalement. Le blanc, c’est triste, dit-il tandis qu’il couvrait la dernière zone de rouge prune. Il releva la tête, un grand sourire triomphant sur les lèvres.

À la fois admirative et surprise d'avoir réussi à dessiner quelque chose de regardable, elle croisa le regard pétillant de Regan. C'était le genre de mec qui faisait ressortir le meilleur de vous-même sans effort. Il ne devait même pas se rendre compte de ce qu'il donnait. T'es génial ! s'exclama-t-elle.

Ça n'avait ni queue ni tête comme dessin... enfin, en tout cas, il était difficile de dire que ça pouvait ressembler à quelque chose de connu. Un grand sourire gêné sur le visage et les joues plus rouges qu'une pivoine, il roula délicatement le dessin qu'il tendit à Jaz. Est-ce que tu veux le garder ? demanda-t-il d'une toute petite voix.