Que dire, si ce n'est qu'Éléna avait eu une idée saugrenue en demandant des vacances, loin de la ville et de ses problèmes, à sa suivante. C'était cette dernière qui lui avait organisé tout son voyage, si bien qu'elle ne savait même pas où elle se trouvait. Un coin du monde  jeté aux oubliettes, apparemment. L'endroit où elle logeait été tellement... tellement... Le résultat aurait été le même si elle dormait dans une tente. Il n'y avait rien - même pas cette drôle de machine qui séchait ses cheveux ! Pas une once d'électricité, en réalité. Comment s'éclairaient-ils ? À la bougie ! Quelle forme de vie primitive.

On lui avait conseillé de marcher le long de la plage. Elle avait vite changé de direction, il y avait beaucoup trop de vent. Elle marchait, dans sa riche robe, sur un sentier de terre d'où elle ne voyait que des cabanes et des champs. Bien évidemment, Éléna s'ennuyait. Lorsqu'elle vit un banc, la Dame l'épousseta d'un mouchoir qui vira au gris. Dégoûtée mais fatiguée, elle se résigna, et s'assit.

Certes ennuyée, elle n'avait pas demandé qu'un paysan vienne la déranger. Son air dépareillé ne lui plaisait pas. En fait, Éléna se demandait comment un gueux avait-il eu l'audace de s'approcher d'elle, de la regarder aussi franchement et de lui parler ; une ignominie. Elle ouvrit d'un geste habile son éventail, se redressa plus encore dans une position digne, et détourna le regard, en s'épouvantant doucement.

Spoiler:

Évidemment, il ne la lâcherai pas. C'était ainsi avec les paysans ; Éléna espérait juste qu'il n'oserait pas jusqu'à la détrousser. Une chose de sûre, il l'agaçait.
« Un tel paysage serait d'avantage plaisant peint sur un tableau, sans cette chaleur insoutenable. Je sens mon visage rougir, quelle vulgarité ! »

Bien qu'elle l'écoutât, Éléna ne regardait le moujik que du coin de l'œil, en agitant son éventail.
« Un peu de parfum, ou d'encens, suffira à les remplacer. Mais je suppose que vous ne connaissez ni l'un, ni l'autre. »

HRP a écrit:Ahahah XD Moujik ! J'aime ce personnage XD

La Dame releva le nez de manière dédaigneuse, et répondit d'un ton sec : « Il s'agit d'affaires privées et personnelles. Et certainement d'une grave erreur de ma part. » Elle laisse s'échapper un soupir, qui se voulait dramatique.
« Avec cette chaleur, je me sens déjà devenir faible. Bien sûr, je suppose qu'il n'y a aucune voiture pour me reconduire à mon logis ? »

« Il me semble que mon mari avait l'habitude de quitter Pétrograd tous les ans, pour profiter de son voilier quelque part en France. » se vanta Éléna, pas peu fière d'avoir choisit avec brio son époux.
« Mais si je dois marcher, soit. » Sur ces mots, elle se leva, resta immobile un instant en regardant autour d'elle, et partit finalement vers sa droite.

De son port altier, un coup d'œil orgueilleux, elle s'arrêta un instant.
« Dans ce cas, montrez moi le chemin, garçon. »

Marchant sous le soleil, la Dame observait le jeune garçon qui marchait nonchalamment devant elle. Quelques roubles dans sa poche n'avaient aucune valeur pour elle, mais elle ne doutait pas qu'il s'agissait d'un bon salaire pour le moujik. Éléna voulait partir d'ici, rapidement.
« Connaissez-vous la gare ? »

La situation commençait à être, de son avis, passablement agaçante. Elle devait supporter un enfant du bas-peuple à cause de sa bêtise de s'être perdue, et comble de tout, il était ignorant.
« Comment ne pouvez-vous pas connaître la gare ? Je suis sûre qu'un de vos proches, ou de vos amis, y travaille. Il paraîtrait que les cheminots sont grassement payés. »

Figée, Éléna observait le garçon avec surprise. Mais pourquoi commençait-il à parler de sa famille, le jeune ?
« Je ne porte aucun intérêt à vos histoires familiales. Je voudrais savoir quand passera le prochain train en direction de Saint-Pétersbourg. »

HRP:

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Plissant légèrement les yeux, il était facile de comprendre cela n'amusait pas du tout la Dame. Elle affichait ouvertement son mépris à ce jeune garçon de campagne qui se moquait d'elle.
« Dans ce cas, allez-y. Mais je n'ai plus de temps à perdre pour un jeune garçon mal éduqué. » dit-elle, avant de reprendre sa marche sans l'attendre.

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Ayant repris sa route, la Saint-Pétersbourgeoise faisait dos à ce garçon de ferme. Elle entendit néanmoins ses paroles, qu'elle jugea fort puériles et si peu digne d'intérêt, que la femme continua d'avancer, sans esquisse un geste ou une parole, ignorant de ce fait le jeune homme.

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Ayant déjà perdu quelques degrés de patience, Éléna n'était certainement pas prête à subir un mot inapproprié envers sa personne, dit sur un ton insolent. Certainement pas.
« Jeune homme, je ne vous permets pas de me parler sur ce ton. » claqua t-elle sèchement, puis elle soupira bruyamment - exagérément. « Qu'y a-t-il, encore ? Allez-vous donc me parler de votre chien de traîneau, maintenant ? »

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