Rappel du premier message :

Des distorsions temporelles. Ouais la douille. Le pire s'rait que j'crée un paradoxe : le palais Inca où j'me trouve disparaîtrait et moi avec... Surement. Pourtant ça m'aiderait vachement. Ouais parce que les gardes de l'Empereur sont joliment armés et me courent après en hurlant. Comment j'pouvais savoir que leur maître s'réveillait tous les matins en chantant et dansant dans son palais et que l'interrompre était passible de mort ? Sérieux il peut pas juste chanter sous sa douche comme tout le monde ? Ouais je sais, j'pourrais les désintégrer en un sortilège, mais c'est ça qui créerait un paradoxe. Tuer l'Empereur Kuzco n'est pas sans conséquence pour l'Histoire.
Je tourne à l'angle d'un couloir, bouscule un grand gorille et une femme qui fait peur sans le faire exprès, bifurque à droite et manque d'écraser un écureuil capricieux et... Me retrouve bloquée dans une impasse.
Merde.

"La sécurité attachée c'est comme la sécurité dans une cage : inutile." je crache avant de saisir le chewing-gum. Goût fraise : mon préféré. Une fois les chaines désagrégées je bondis hors du chariot en m'écrasant fesses contre terre. Plus de force dans les jambes. "Mais putain de merde !" je rage en hurlant.

'Tin... Il était con lui aussi de lui avoir donné ça, maintenant il devait aussi sauter. Après avoir brisé les chaines et mobilisé un effort surhumain, il bondit hors du chariot. Chancelant, il s'écrasa méchamment, visage le premier, puis rampa jusque Rebecca. « Et maintenant? Tu as une idée? »

J'aimerais me lever, courir, en hurlant et dégommant tout sur mon passage comme dans les films. Mais j'ai fait la guerre et si je suis encore vivante c'est que je ne suis pas suicidaire. "On se casse."

Cadeyrn ramassa une branche épaisse qu'il trouva sur le sol et se tint en appui pour avancer. « Allons-y! » Une nouvelle fois, l'aventure les attendait, une nouvelle fois, ils se jetaient vers l'inconnu, le monde leur appartenait.

« Les héros arrivent toujours en retard! » De prince pompeux à prince pirate, il n'y avait qu'un pas. Oublié les manières, oublié l'étiquette et la tenue de rigueur. Agile comme un felin, il lâcha prise et se laissa tomber de trois mètres pour se rattraper au sol avec l'agilité d'un félin. Il tendit sa main à Rebecca. « Il t'arrive quoi belle gosse? Tu t'es fait avoir par un gros boeuf comme ça? Je te pensais plus solide. »

« Tu vois, j'étais de passage dans le coin sur mon beau Destrier blanc et je me disais que j'aurais pu aller à la rescousse d'une princesse en détresse et puis le hasard fait bien les choses et je t'ai trouvée. Attends moi juste deux minutes! » Il s'en alla dans la pièce voisine et revint quelques instants après avec un sac en toile de jute chargé par dessus son épaule. « Tout méchant dragon possède un beau butin! »

Je renifle, dédaigneuse : princesse en détresse, moi ? Pourtant une petite voix au fond, très au fond, dans une cage nommée "Enfance détruite", sourit doucement. "Pirate hein ?" je demande approbative. Ouaip, je l'aime le nouveau Prince. "Vas falloir qu tu choisisses : porter ton fric ou me porter. J'ai la cage thoracique éclatée, le genou droit pété et le bras gauche déboîté." dis-je en comptant sur mes doigts.

« Je suppose que la princesse peut attendre que je revienne après avoir déposé mon butin alors, de toutes façons elle est bien amochée. » dit-il tout en lui lançant un de ces sourires dont lui seul avait le secret. Il passa à côté de Rebecca sans lui jeter un regard, un tintement métallique retentit et l'instant d'après il se trouvait agenouillé devant elle. « Allez, monte! Sinon je reprends mon sac et je m'en vais sans toi. »

Quelle cruauté, quelle cupidité... J'adore ! Et pourtant il me détrompe une seconde plus tard, agenouillé devant moi. Quel Prince ! Je détourne le regard, l’orgueil en miette et passe mes bras autour de son cou, le corps mort. Je ne suis qu'un boulet, je déteste n'être qu'un boulet.

Une boue immonde, pathétiquement ridicule : "Rentrerons-nous un jour ?" je laisse échapper dans un souffle. Je sursaute, dégoûtée par ma niaiserie. "Ça consiste en quoi ton nouveau job ?" je demande haut et fort, comme si je n'avais rien dit avant cela.

Je ricane. "Arrête, tu pourrais me vexer." Je le toise un moment, admire un peu son physique d'Apollon s'en m'en cacher puis tends ma main au bout du bras valide : "J'en suis !" j'ajoute avec un clin d’œil : "Je vais pas te laisser t'amuser sans moi Beau Gosse !"

Après être arrivé au véhicule, un tout terrain blindé, il prit le volant et s'enfonça dans les bois. À plusieurs reprises il évitait un arbre de justesse car son regard se perdait sur Rebecca. Même amochée, elle n'était vraiment pas mal. Après une demi-heure, ils arrivèrent devant un château perdu au beau milieu des bois. « Sans château convenable, un prince n'est pas un prince! C'est ta nouvelle demeure, princesse. » lui lâcha-t-il avec un grand sourire.

Il passa son bras par dessus ses épaules et l'amena dans sa demeure. « Avant tout, il faudra qu'on te nettoie pour éviter que ça s'infecte. Tu veux que je t'amène jusque la salle de bains? »

Je grimace, même s'il est doux ma cage thoracique est bien trop endommagée pour supporter la moindre secousse. Je repends mon souffle pendant quelques secondes puis : "Oui je préférerai, c'est que c'est grand chez toi."

« Allez viens. » Avec la plus grande précaution il allonge Rebecca au creux de ses bras et l'amène jusque la salle de bains et la dépose dans l'immense baignoire, assez grande pour que trois personnes s'y baignent. « Je reviens, je vais chercher de quoi te soigner. »

C'est une piscine, pas une baignoire. Enfin, c'est tellement grand qu'il a dû confondre entre toutes ses salles de bains et toutes ses piscines (parce qu'il doit en avoir, et plus d'une !). Je commence à me déshabiller mais ma robe, bien qu'en lambeaux, est bien trop moulante : pas assez de force pour la faire glisser. J'attends donc sagement dans la baignoire/piscine le retour de mon Prince ; un sein à l'air, rien de plus.